Les enfants vouent un véritable culte au père Noël. Dès qu’il est question de l’homme à la hotte, les petites têtes blondes arborent une auréole invisible au-dessus de la tête et montrent patte blanche. Les parents peuvent donc parfois se servir de la figure « intimidante » du père Noël pour se faire entendre et inciter les enfants à être irréprochables. « Si tu n’es pas sage, le père Noël ne t’apportera pas de cadeaux » ou encore « Le père Noël a des yeux partout, alors tu as intérêt d’être exemplaire »… Ces phrases s’échappent parfois sans prévenir, sur le coup de la lassitude. Même s’il est tentant de pervertir ce personnage sympathique pour canaliser les enfants, mieux vaut s’abstenir. Voici pourquoi la menace ou le chantage au père Noël est une très mauvaise idée, même en dernier recours.
Une pratique sans intérêt éducatif
Parfois, lorsque les enfants font des caprices ou refusent de coopérer, les parents dégainent l’arme fatale du père Noël pour un retour au calme imminent. C’est un peu l’issue « facile ». Généralement, la diabolisation de ce généreux bonhomme survient quand le fameux décompte jusqu’à trois ne fonctionne plus et se révèle totalement inefficace. Les parents passent alors par l’intermédiaire du père Noël pour ramener l’ordre.
Ce personnage, supposé incarner la générosité et l’amour sans limites, devient donc une figure d’autorité de « substitution ». Au lieu de mettre des étoiles dans les yeux des bambin.e.s, il s’y reflète avec un visage monstrueux. Comme si ce n’était pas suffisant, les parents simulent parfois un appel avec le père Noël pour témoigner oh combien leur enfant a été terrible. Ou alors ils sous-entendent que le papa Noël les observe attentivement à travers une boule magique et remarque chaque faux pas.
Même si la menace ou le chantage au père Noël semble radical sur le coup, cette pratique est complètement contre-productive sur le long terme. Déjà, ces menaces sont rarement mises à exécution. Que les enfants aient désobéi ou non, iels ont toujours au moins un cadeau sous le sapin, par principe. Iels finissent donc par comprendre que cet argument n’est qu’un coup de bluff. Un moment ou un autre, cette manipulation n’aura donc plus d’effet. C’est donc le meilleur moyen de se décrédibiliser.
Lorsque le père Noël devient le gardien d’une liste de comportements jugés « bons » ou « mauvais », cela peut aussi entraîner une vision simpliste et binaire du bien et du mal. La menace ou le chantage au père Noël est un raccourci « sympa » pour reprendre le contrôle. Mais en associant l’attitude des bambin.e.s au matérialisme des cadeaux, iels s’exécutent par pur « intérêt personnel ». Et non pas en vue de respecter des valeurs morales.
Le père Noël converti en instrument de terreur
Dans l’imaginaire des enfants, le père Noël évoque la joie, le partage et surtout la féérie. Or, avec la menace ou le chantage au père Noël l’homme au traîneau se place au même niveau que les méchants de Disney et convoque l’effroi. Une transition brutale pour les bambin.e.s si admiratif.ve.s du père Noël. En une seule phrase, ce cher petit papa Noël troque son costume rougeâtre contre une paire de rangers et un treillis militaire. Il mue en un personnage agressif et contredit l’image positive des Fêtes.
Au lieu de représenter la bonté et la gratitude, le père Noël devient une source d’angoisses. Ce qui risque de laisser des cicatrices émotionnelles durables chez les enfants. C’est d’autant plus valable lorsqu’il y a cette notion de « voyeurisme ». En pensant qu’iels sont constamment « épié.e.s » par le père Noël, les enfants risquent de ressentir une présence pesante jusque dans leur intimité et agir de façon « robotique ».
Le chantage ou la menace au père Noël est aussi susceptible de fermer une précieuse fenêtre d’évasion. Le père Noël fait partie de ces mythes « utiles » tout comme la petite souris ou les bonnes fées. Il permet aux enfants de cultiver un esprit créatif et de préserver leur étincelle candide. Une croyance quasi vitale à l’heure où les enfants sont régulièrement mis face à des responsabilités d’adultes.
La relation parent-enfant entachée
Lorsque le père Noël est utilisé comme moyen de pression, les enfants peuvent se sentir trahi.e.s en réalisant que la magie de Noël a été exploitée pour influencer leur comportement. La menace ou le chantage au père Noël n’est donc pas une feinte que les enfants oublient en un clin d’œil. Sous ses airs inoffensifs, cette pratique est susceptible de laisser des traces et de perturber l’équilibre familial. En découvrant ce jeu de manipulation, les enfants peuvent exprimer du ressentiment envers leurs parents et décider de ne plus rien leur confier. Ces fausses excuses ne font que déplacer le problème, elles ne le solutionnent pas.
La menace ou le chantage au père Noël abrège également toutes les conversations profondes et honnêtes. Au lieu d’inciter l’enfant à réfléchir à ses actes et de le.a responsabiliser, iel est simplement invité.e à satisfaire le père Noël. Ce qui fait que l’enfant campe sur ses erreurs, sans jamais avoir de pistes pour les corriger. Pas étonnant qu’iel recommence… Cette pratique efface tous les espoirs d’une communication saine et avertie. Elle appauvrit émotionnellement l’enfant.
L’impact sur la sécurité émotionnelle de l’enfant
Le père Noël a une place inestimable dans le cœur des enfants. Il occupe la même fonction affective qu’un.e membre de la famille. C’est un « référent émotionnel », soit une figure naturellement rassurante. Toucher à ce symbole de Noël c’est donc plonger l’enfant dans un état de vigilance et d’intense stress. C’est comme si, d’un coup, leur plus grande vedette se retournait contre elleux, de façon irrationnelle.
L’enfant agit sous la contrainte du père Noël et se sent « piégé.e ». En souterrain, iel peut développer une peur tenace de décevoir les autres et de ne jamais être à la hauteur. La menace ou le chantage au père Noël façonne une méfiance extrême. Cette tactique, qui peut parfois soulager les parents, nourrit une certaine crainte de l’échec chez les enfants.
Que faire à la place ?
La menace ou le chantage au père Noël est souvent un relent inconscient du passé. Les parents ont probablement eux-mêmes déjà entendu ces phrases pendant leur enfance et les réitèrent par simple « mécanisme ». Ces jokers permettent de résoudre des crises sans trop débattre. Certes, ils sauvent les parents du chaos auditif, mais en contrepartie, ils laissent des séquelles psychologiques plus ou moins graves sur les enfants. Au lieu d’employer cette méthode forte, il est préférable de miser sur une approche plus douce, basée sur l’empathie et l’écoute active.
Plutôt que de punir avec la perte de cadeaux, encouragez la responsabilisation. Impliquez les enfants dans la prise de décisions sur les règles familiales et discutez des conséquences naturelles des actions. Au lieu de pointer les erreurs, valorisez les comportements positifs avec un système de gommettes. Ainsi, les enfants seront encouragé.e.s à poursuivre sur leur lancée et à perpétuer les efforts. Et si les enfants commettent des bêtises, essayez de chercher plus loin que la « vengeance personnelle ». La raison est parfois plus abstraite.
La menace ou le chantage au père Noël est un outil redoutable si les enfants refusent d’obtempérer. Cependant, cette pratique controversée défigure tout un emblème de Noël. Le « oh, oh, oh » prend alors une intonation beaucoup plus machiavélique.
