Ne donnez jamais d’alcool à votre enfant, même un tout petit peu : voici pourquoi

Pendant les Fêtes de fin d’année, les adultes tournent au champagne tandis que les enfants savourent la version non alcoolisée à la pomme. Mais il arrive que les bambins trempent leur lèvre dans la coupe de leur parent « juste pour goûter ». Un genre de baptême d’alcool que beaucoup prennent à la rigolade. Pourtant, ce geste n’est pas si inoffensif qu’il en a l’air. Si cette année, tonton insiste lourdement pour initier les enfants au pastis, à la bière ou à toute autre boisson floquée « moins de 18 », ne le laissez pas faire. Voici pourquoi donner de l’alcool à votre enfant est risqué, même si ce n’est qu’un fond de verre. À Noël, pas d’exception, les petites blondes ne boivent que du soft. 

Un geste que beaucoup considèrent comme « acceptables »

Pendant les Fêtes de fin d’année, tout semble « permis », même donner de l’alcool aux enfants. Qu’il s’agisse d’une petite lichette de champagne ou d’un trait de bière, les adultes prennent parfois l’initiative de partager leur verre avec les bambins pour voir leur réaction. Après tout, comme dirait le tonton beauf à moitié éméché « il y a une première fois à tout ». La dégustation est généralement très brève et se conclut par une grimace mémorable, que la famille n’hésite pas à capturer en vidéo.

Personne ne voit le mal dans cette « pratique », d’ailleurs tristement commune. Selon un sondage d’OpinionWay pour la Ligue contre le cancer, 70 % des Français·es ne voient « aucun problème à laisser des mineurs consommer de l’alcool ». Plus alarmant encore, 30 % des sondé·e·s considèrent « qu’il est possible de servir de l’alcool à des adolescent·e·s de moins de 15 ans ».

Lorsque vous tendez la main au-dessus du verre de l’enfant pour manifester votre désaccord, vous êtes tout de suite accusé d’être « dur » ou de manquer de « fun ». Dans un pays très porté sur la boisson, goûter de l’alcool avant la majorité est presque un « rite de passage ». Pourtant, donner de l’alcool à votre enfant et banaliser sa consommation, n’a rien d’amusant.

Chez les enfants, un cerveau plus vulnérable face à l’alcool

« Une goutte d’alcool, ça n’a jamais tué personne », voilà la phrase ultime qui pousse à braver l’interdit. Pourtant, les boissons alcoolisées n’ont pas leur place dans les verres Mickey ou Pat’Patrouille des petits. Jusqu’à l’âge de 25 ans environ, le cerveau des jeunes reste particulièrement perméable aux substances comme l’alcool. Cela signifie que même une petite quantité d’alcool peut avoir un impact beaucoup plus important sur un·e enfant que sur un adulte.

Le cerveau des enfants n’est pas capable de traiter l’alcool de la même manière, ce qui peut entraîner des altérations dans leur développement cognitif et émotionnel. En leur offrant un peu de vin ou de bière, vous exposez leur cerveau à des risques qui, à long terme, pourraient affecter leur concentration, leur mémoire et leur capacité à prendre des décisions. Ce n’est pas parce que vous « supportez bien » l’alcool et que vous n’avez jamais eu de problèmes, que votre enfant ne sera pas impacté·e. L’alcool, ce n’est pas de l’eau contrairement à ce que certains pensent. Donner de l’alcool à votre enfant, c’est prendre le risque d’endommager son cerveau juste pour quelques minutes de fou rire collectif.

Une tolérance plus faible : des effets décuplés

Si les adultes peu familiers de l’alcool doivent passer un jour au lit pour se remettre de leurs deux coupes de champagne, imaginez les enfants. Leur petit corps n’encaisse pas l’alcool de la même manière. Les enfants ont un métabolisme bien différent de celui des adultes, et leur capacité à éliminer l’alcool de leur corps est beaucoup plus faible. L’alcool se transforme en acétaldéhyde, une substance toxique qui peut provoquer des nausées, des vomissements, voire des troubles cardiaques.

Chez un·e enfant, cette transformation est beaucoup plus lente et moins efficace. En clair, même une petite quantité d’alcool peut avoir des effets beaucoup plus importants sur un organisme encore en développement. L’alcool monte donc plus vite et les enfants sont moins « conscients » de ce qui se passe. Dans les colonnes du Huffington Post, le pédiatre George Picherot indique que dans cet état « second » iels « peuvent être plus facilement des victimes de violences ».

Le risque de dépendance à l’âge adulte

Donner délibérément de l’alcool à un·e enfant, c’est également lui faire croire que ce comportement est « normal », voire « récréatif ». Comme le défenderait si bien le poivrot de la famille « il n’y a pas de fêtes sans alcool ». Or, donner de l’alcool à un·e enfant peut également avoir des conséquences sur sa relation future avec la boisson. En exposant les jeunes à l’alcool dès leur plus jeune âge, vous risquez de banaliser sa consommation et de leur transmettre des habitudes qui pourraient les mener à l’alcoolisme à l’âge adulte.

D’ailleurs, les chiffres parlent d’eux-mêmes et démentent ce mythe amer qui prétend que « ce n’est pas avec un verre de temps en temps qu’on devient alcoolique ». Selon une étude américaine de 2004, lorsqu’on consomme de l’alcool avant 12 ans, on a 16 % de risques d’être dépendant à l’âge adulte, contre 2,6 % après 26 ans.

Même si le vin, le crémant et le Martini font partie du décor festif, ce sont des goûts que les enfants n’ont pas à connaître ! Donner de l’alcool à son enfant est parfois tentant, surtout quand tou·te·s les convives forcent la main. Mais il est temps d’abandonner cette fâcheuse tradition !

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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