Un père qui change une couche ? C’est admirable. Une mère, en revanche, c’est « le strict minimum ». Il n’y a rien à dire de spécial, puisque c’est la normalité. Pourquoi les mères et les pères ne sont pas traité.e.s de la même manière, pour les mêmes actes ?
Ce double standard dans la parentalité, le compte Instagram « Oui, mais tu es la maman ! » le dépeint à merveille. À travers des situations de la vie quotidienne des parents, ce compte met en lumière la pression que subissent les mamans.
Des pères félicités, des mères critiquées
Dès qu’un père réalise la moindre action pour s’occuper de son enfant, la majorité l’admire. Toutes les générations ont l’air plutôt d’accord là-dessus. Les plus ancien.ne.s donneraient une médaille à l’homme qui change la couche de son bébé, s’iels le pouvaient. Et les parents d’aujourd’hui, plus conscient.e.s des problématiques sexistes au sein de la famille nucléaire (composée du père, de la mère et des enfants, ndlr), se sentent chanceux.ses d’avoir un père plutôt « déconstruit ». En soi, c’est quelque chose de positif. La société apprécie de plus en plus ces efforts masculins. Les pères s’investissent plus, la charge mentale des mères devrait alors diminuer. (Dans les chiffres, ce n’est pas vraiment le cas).
Toutefois, cette admiration des pères investis auprès de leur enfant met en lumière une injustice pour les mères. Lorsqu’elles font le même acte de soin, elles n’entendent rien. Au mieux, des critiques. C’est toujours à améliorer. Pire encore : si un père est trop fatigué, ou commet une erreur avec son enfant, ce n’est pas si grave. « Il aura essayé ».
Une maman n’a pas ce luxe. Elle sera critiquée, elle aura manqué à ses devoirs. Elle est condamnable. Une mère a alors décidé de relayer les témoignages de parents qu’elle reçoit dans un compte Instagram. En observant son compte « Oui, mais tu es la maman ! », ces injustices sexistes sautent aux yeux.
Le vieux mythe de la division genrée des rôles parentaux
Si ce double standard est toujours aussi tenace dans notre société, c’est dû en grande partie au patriarcat. D’un côté, les vieux stéréotypes sur la masculinité impliquent qu’un homme n’a pas à endosser le rôle de père aimant, tendre, pouponneur. Grossièrement, il est celui qui ramène plutôt l’argent dans la famille nucléaire. D’un autre côté, la mère de famille est enfermée dans le fameux mythe de « l’instinct maternel ». Naturellement, c’est elle qui va s’occuper de son enfant, sacrifier sa vie personnelle. Passer la nuit à se réveiller et tenter de rendormir bébé, c’est « dans ses gênes ». Et dans la littérature, les médias ou le cinéma, ces idées reçues ont longtemps renforcé ces stéréotypes sexistes.
Dans son livre « La Révolution du féminin », la philosophe Camille Froidevaux-Metterie étudie l’évolution du statut et de la pensée de « la femme » au cours de l’histoire. Elle y explique que la division genrée de la parentalité remonte à bien des siècles. Les mères étaient alors cantonnées dans la sphère privée, tandis que les pères jouissaient dans la sphère publique.
C’est-à-dire qu’une femme est à la maison à s’occuper de ses enfants. C’était, une fois de plus, quelque chose de « naturel ». Et une femme ne pouvait pas faire le choix de refuser la maternité. Mais les choses ont changé. L’auteure raconte qu’aujourd’hui, les féminismes contemporains ont dissocié la maternité de la subjectivité féminine. Ce qui constitue une « immense nouveauté ».
Un double standard qui persiste aujourd’hui
Mais les préjugés qui découlent de cette longue histoire ont la peau dure. On le voit encore aujourd’hui, notamment dans les vécus rapportés dans le compte Instagram « Oui, mais tu es la maman ! ». Cette histoire de double standard fait également écho à la photo du chanteur Vianney, publiée en avril dernier sur son compte Instagram.
Il pose en train de préparer son biberon, et tout le monde l’applaudit. Les médias, les commentaires sur les réseaux sociaux… seules les féministes y ont vu un hic. La sociologue Illana Weizman expliquait à ce propos dans un post Instagram :
« il est normal et attendu d’elle qu’elle remplisse l’intégralité des tâches parentales quand le moindre effort des pères est perçu comme un cadeau du ciel ».
Et vous, avez-vous déjà ressenti ce double standard dans vos discussions sur la parentalité ? Venez en parler sur le forum de The Body Optimist.