Parentalité positive, éducation bienveillante, école Montessori : ce sont là des termes que l’on entend de plus en plus depuis quelques années. Hélas, ils font l’objet de croyances erronées, supposant par exemple que la parentalité positive revient à être laxiste avec son enfant. Voici 5 idées reçues à déconstruire au plus vite.
1 – Les parent.e.s bienveillant.e.s laissent tout passer
C’est le premier préjugé qui ressort automatiquement de la bouche des détracteur.se.s de ce choix éducatif. Et bien, détrompez-vous, c’est le contraire. Un.e parent qui use de cette méthode d’éducation sait justement équilibrer fermeté et bienveillance.
Iel pose un cadre, établi des limites qu’iel fait respecter tout en étant dans une démarche d’écoute active de son enfant. La nuance se trouve sur ce dernier point, au contraire d’une éducation plus traditionnelle, le.a parent.e bienveillant.e ne cherche pas à ce que l’enfant lui obéisse à tout prix.
Ce qu’iel met en place, c’est l’observation, l’analyse puis l’action de manière appropriée et mesurée. Cela ne signifie pas dire « oui » à tout. La parentalité positive use du « non », mais le remet en question pour prendre conscience de ce qui motive le refus afin de l’expliquer ensuite.
2 – La parentalité positive est synonyme d’utopisme
Adopter l’éducation bienveillante avec son enfant ne signifie pas que tous les conflits s’envolent par magie. Ce n’est pas non plus dire que l’enfant ne fera jamais de crises de décharge. Ce n’est pas non plus l’illusion qu’iel sera toujours de l’avis des parent.e.s.
En revanche, la parentalité positive veut créer une relation saine et sans violences au quotidien. Sans pour autant empêcher tous les désaccords. Elle entend mettre l’empathie au premier plan. Un.e parent.e bienveillant.e n’est pas un modèle de vertu non plus. Iel peut aussi se tromper, mais sera en capacité de s’excuser auprès de l’enfant et d’échanger à ce propos ensuite.
3 – Une fessée n’a jamais fait de mal
Bien qu’on n’entende moins ce discours, il reste une frange de la population encline à donner la fessée ou des claques à leurs enfants. Pourtant, de nombreux pays punissent ces agissements. La France notamment dans sa loi relative à l’interdiction des VEO promulguée le 10 juillet 2019.
En effet, ces types de gestes que sont la fessée, la privation ou la réprimande sont considérés comme des VEO : des Violences Educatives Ordinaires. On définit la violence éducative ordinaire comme une violence (physique, psychologique ou verbale) utilisée envers les enfants à titre éducatif. Le terme ordinaire tient du fait qu’elle est communément admise et tolérée. Par exemple, cela peut concerner une fessée, une punition ou encore le fait de forcer un.e enfant à finir son assiette.
À l’énonciation de ce type de violence, de nombreuses personnes se moquent, trouvant cela exagéré. Ce à quoi la pédiatre Edwige Antier, répond :
« Les parents ont du mal à renoncer aux méthodes éducatives qu’iels ont elle.ux-mêmes subies pendant leur enfance. (…) On n’utilise ni la violence, ni la punition, ni la contrainte avec la parentalité positive. On adopte une attitude éducative en lui enseignant les conséquences de ses refus. Iel ne veut pas manger ? Tant pis pour lui/elle. S’iel a faim dans une heure, iel devra attendre le goûter. Ça ne veut pas dire tout passer à l’enfant, ça veut dire mettre les bonnes stratégies en place pour ne pas avoir à crier ou à le.a contraindre »
De nombreuses études menées durant cette dernière décennie ont prouvé combien les VEO peuvent être néfastes pour l’enfant. Par exemple, une étude réalisée en 2012 sur environ 3900 familles a montré que les enfants fessé.e.s de moins d’un an étaient plus susceptibles d’être agressif.ve.s à l’âge de trois ans et plus déprimé.e.s ou anxieux.ses à l’âge de cinq ans.
Cette étude prouve aussi que l’exposition à long terme au stress (issu des VEO) peut produire « des symptômes chroniques et débilitants tels que perte de mémoire, affaiblissement du système immunitaire, hypertension, ulcères stomacaux, problèmes de peau, prise de poids, troubles digestifs ».
4 – Un.e enfant qui fait des caprices a besoin d’être recadré.e
Il a été prouvé maintes et maintes fois qu’un.e enfant de moins de 4 ans n’est pas capable de faire un caprice. Iel n’est pas capable de se positionner complètement en tant que personne dans l’espace et les interactions. Alors il lui est impossible d’élaborer une stratégie mentale pour arriver à ses fins. Il n’y a d’ailleurs pas de fins, uniquement des besoins primaires.
Alors, vouloir raisonner un.e enfant qui pleure et crise est vain. C’est ce qu’explique la psychologue Béatrice Sabaté au site Magicmaman : « Cela ne serait pas raisonnable, tout simplement parce que le bébé ne sait pas faire autrement que de pleurer pour attirer l’attention de son.a parent.e et exprimer son besoin. ».
5 – La parentalité positive crée des « enfants rois/reines »
Jusqu’à ce que Françoise Dolto intervienne, on se fichait pas mal de l’enfant. C’est dans ce cadre permissif que l’on pouvait favoriser la naissance d’enfants rois/reines. Pour Maud Alejandro, l’enfant roi est à l’opposé de ce que prône l’éducation positive :
« Un.e enfant roi//reine, c’est un.e enfant qui n’est pas accompagné.e par son.a parent.e. C’est tout le contraire de l’éducation bienveillante, qui demande beaucoup d’attention, d’exigence et de présence »
Il y a dans la pensée commune cette idée que l’enfant par nature a quelque chose de malin. C’est-à-dire qu’iel cherche toujours a tirer un avantage de tout, qu’iel est dans le test permanent. Sous ce prétexte, il faudrait asseoir une autorité parfois violente pour le.a mater.
Or, nous l’avons dit, les comportements inadaptés des petit.e.s sont la manifestion d’une immaturité émotionnelle. Donc, plutôt que d’être réprimandé.e.s, les enfants ont besoin d’être accompagné.e.s dans la gestion de leurs émotions. C’est le pilier de la parentalité positive. Et cette dernière n’est pas incompatible avec l’apprentissage de la vie en société.
Et vous, appliquez-vous les principes de l’éducation bienveillante au quotidien ? Venez en discuter sur notre forum.