Le post Instagram de Manon Kahli, alias @demiefamille, a enflammé les réseaux sociaux. Elle a pointé du doigt certaines phrases que les mères ne veulent plus jamais entendre de la part des pères. Ce « coup de gueule » fait écho à une réalité que de nombreuses femmes vivent au quotidien : la charge mentale. Ce travail invisible, fait d’organisation, d’anticipation et de gestion constante des besoins de la famille, pèse lourd sur les épaules des mères. Pourtant, il est encore souvent minimisé ou mal compris. Manon Kahli n’a pas mâché ses mots en dénonçant ces phrases qui, sous leurs airs anodins, traduisent des déséquilibres profonds dans la répartition des responsabilités au sein du foyer.
1. « Oui mais moi je bosse »
La fameuse carte du « travail »… Combien de fois a-t-on entendu cette phrase lorsqu’une discussion sur le partage des tâches s’invite à la table familiale ? L’idée sous-jacente est : « Puisque je ramène de l’argent à la maison, mon implication dans la gestion du foyer est secondaire ». Cette réplique réduit le travail domestique à un rôle subalterne, comme si préparer les repas, ranger la maison, organiser les activités des enfants ou gérer les imprévus du quotidien étaient moins exigeants qu’un emploi salarié.
Ce que Manon Kahli souligne avec justesse, c’est que le travail à la maison est un vrai travail. Ce n’est pas une « aide », mais une responsabilité partagée. Les mères, qu’elles soient en activité professionnelle ou non, jonglent constamment entre plusieurs rôles : éducatrice, intendante, gestionnaire, cuisinière… sans oublier leur propre vie personnelle. Travailler à l’extérieur ne devrait donc jamais servir de prétexte pour esquiver les responsabilités domestiques.
Voir cette publication sur Instagram
2. « Tu avais qu’à me demander »
Cette phrase semble inoffensive en apparence, mais elle contient en réalité une double injonction. D’un côté, elle place la responsabilité sur la mère : si l’homme/le père n’a pas fait une tâche, c’est parce qu’on ne lui a pas demandé. D’un autre côté, elle révèle un problème de fond : l’incapacité à anticiper et à prendre des initiatives. La charge mentale, c’est justement cette anticipation permanente. Penser aux courses, prévoir le rendez-vous chez le pédiatre, organiser la sortie scolaire ou vérifier que le goûter est prêt – tout cela repose souvent sur les épaules des mères. Le simple fait de devoir « demander » implique une gestion mentale supplémentaire.
Les mères n’ont pas besoin d’un assistant qui attend des consignes, mais d’un partenaire capable de partager naturellement la responsabilité. Manon Kahli met ici le doigt sur une réalité douloureuse : le fait de « devoir penser à tout » est une pression constante. Les pères qui adoptent une posture plus proactive, qui observent ce qui doit être fait et qui agissent sans qu’on leur dise, allègent cette charge invisible et créent un véritable équilibre.
3. « De toute façon t’es jamais contente »
Celle-là, c’est la phrase qui tue. Après une journée passée à jongler entre le travail, les enfants, la maison et les imprévus, exprimer un besoin ou une frustration devient soudain une attaque personnelle. Cette phrase vise à décourager la communication en retournant la situation : si la femme/la mère se plaint, c’est qu’elle est difficile à satisfaire. Ce mécanisme de défense est malheureusement un classique.
Ce que Manon Kahli rappelle, c’est qu’un besoin exprimé n’est pas un reproche. Si une mère se plaint d’un déséquilibre dans la gestion des responsabilités, ce n’est pas parce qu’elle cherche à critiquer, mais parce qu’elle demande de l’aide. Derrière cette phrase se cache une forme d’invalidation émotionnelle : la mère ne devrait pas avoir à justifier son ressenti ni à se battre pour être entendue. La clé réside dans l’écoute active et la reconnaissance du travail fourni. Plutôt que de répondre par un reproche, il est essentiel de valider le ressenti de l’autre et de chercher des solutions ensemble.
4. « Comparé aux autres, j’en fais beaucoup »
Comparer sa contribution à celle des autres est une manière de légitimer un déséquilibre. « Les autres font encore moins, donc j’en fais assez », voilà le sous-entendu. Cette comparaison est biaisée : la charge mentale ne se mesure pas uniquement en actions visibles, elle repose aussi sur le travail d’organisation et d’anticipation, bien plus difficile à quantifier.
Manon Kahli rappelle que ce n’est pas en se comparant aux autres (hommes/pères) qu’on construit une dynamique saine au sein du couple. Chaque famille a son propre rythme, ses propres besoins. Ce qui importe, c’est de construire une répartition équilibrée des responsabilités, adaptée à la réalité quotidienne de la famille. Il ne s’agit pas de « faire plus que les autres », mais de faire sa part. Les pères qui adoptent une posture proactive, qui prennent des initiatives sans attendre d’être sollicités, participent activement à alléger la charge mentale de leur partenaire.
La vidéo de Manon Kahli a résonné parce qu’il met en lumière une réalité souvent passée sous silence : les mères ne veulent pas d’un trophée pour leur capacité à tout gérer. Elles souhaitent simplement être reconnues, comprises et soutenues dans la gestion quotidienne de la famille. Il ne s’agit pas de compter les tâches ou de comparer les efforts, mais de fonctionner comme une équipe où chacun joue un rôle actif et valorisé. Il est temps d’entendre ce message et de rééquilibrer les responsabilités pour que le poids de la charge mentale ne repose plus uniquement sur les épaules des femmes/mères.