Vous avez sûrement déjà entendu une petite fille dire « mon papa c’est le plus fort », « Mon amoureux, c’est papa » ou encore « je me marierai avec mon papa quand je serai grande ». Mais saviez-vous que ces mots peuvent parfois s’apparenter au complexe d’Électre ? Zoom sur ce point méconnu de la psychanalyse.
Complexe d’Électre : quèsaco ?
À l’origine, Électre est un personnage de la mythologie grecque. Dans l’adoration de son père Agamemnon, elle va jusqu’à pousser son frère, Oreste, à assassiner leur mère, Clytemnestre. Comme ça, cela fait froid dans le dos… Rassurez-vous, le complexe d’Électre consiste en substance à la version féminine du complexe d’Œdipe (passion que démontre un fils pour sa mère). L’admiration pour le parent peut, certes, être très forte mais l’enfant n’arrive jamais à des cas extrêmes comme celui-ci.
Le complexe d’Électre a été théorisé en 1912 par le psychanalyste Carl Gustav Jung. Il démontre qu’une majorité de petites filles ont, à un moment de leur vie, eu une attirance pour leur père qui les a poussées à concurrencer leur mère. Si vous avez l’impression que votre fillette traverse cette étape, c’est tout à fait normal ! En fixant son attention sur son père, elle « concurrence » sa mère et ainsi s’affirme.
Souvent, cette phase intervient entre les trois et six ans de l’enfant. Durant cette période, votre fille tentera d’attirer, coûte que coûte, les faveurs de son prince charmant qui n’est autre que son papa à ses yeux. Demande de câlins, d’attentions permanentes, de cadeaux, affirmation de son amour envers lui… tous les moyens sont bons pour garder son papa près d’elle. Et si maman tente de se mettre en travers de son chemin, cela peut aller jusqu’à déclencher de véritables crises de jalousie.
Aider son enfant à surmonter cette phase
Pour aider votre fille à surmonter cette étape de tiraillements internes, faites front ensemble avec votre conjoint.e. Ainsi votre petite, saura donner à chacun.a sa place. Papa est amoureux de maman : c’est le point essentiel qu’elle doit comprendre.
Alors n’hésitez pas à lui expliquer gentiment, mais avec fermeté, où sont les limites. « Oui tu peux venir me faire un câlin dans mon lit, mais celle qui dort avec moi c’est maman », par exemple. Assurez-lui également votre amour. Votre fille ne doit pas se sentir rejetée pour autant. Il est simplement question qu’elle fasse la différence entre l’amour conjugal et l’amour filial.
« Les pères, même s’ils peuvent être flattés par ces démonstrations d’amour, ne doivent pas entrer dans le jeu de la petite fille. Mais ils doivent rester délicats et surtout ne pas la repousser. L’enfant pourrait l’interpréter comme un signe de désamour, d’agacement ou de rejet », explique en ce sens la psychanalyste Sylvaine Hulaud
Et pour les mamans qui auraient l’impression d’avoir perdu leur fille : ne vous inquiétez pas, tout n’est qu’une question de temps. À l’âge de six ou sept ans, cette attitude de rejet envers vous devrait commencer à s’estomper. Votre fille recommencera alors à vous placer en référence. Soyez bienveillante avec elle, après tout ce n’est qu’une enfant.
En cas de besoin, n’hésitez pas à consulter un.e psychologue ou pédopsychiatre.