En France, une étude avait calculé en 2019 que les mères au foyer devraient être payées 5 fois le SMIC. De l’autre côté de l’Atlantique, au Canada, une nouvelle étude du site Salary.com a calculé à nouveau ce chiffre en 2021. Résultat ? Le salaire des mamans au foyer devrait avoir fortement augmenté, après une pandémie et une inflation. On fait le point.
Les mères au foyer en première ligne
Tout travail mérite salaire, non ? De nos jours, il existe encore une « occupation », qui prend du temps, de la réflexion et de l’énergie, et qui pourtant n’est toujours pas rémunérée. Faire le ménage, la cuisine, les courses, les sorties périscolaires des enfants, l’aide aux devoirs ou encore faire l’animation à la maison n’est pas de tout repos pour les mères au foyer. Cette charge de travail est trop souvent sous-estimée. Et pour cause, de nombreuses inégalités persistent dans le foyer familial.
Durant le confinement, les études se sont multipliées sur la question du travail domestique. On a remarqué que la charge mentale et les tâches ménagères restaient quelque chose de réalisé en grande majorité par les femmes, dans la plupart des familles. L’Observatoire des inégalités nous informait qu’en moyenne, les femmes consacrent 3 h 30 par jour aux tâches domestiques contre 2 h pour les hommes. Et que la pandémie et les confinements ont accentué cette répartition inégale du travail domestique.
Un salaire qui augmente avec l’inflation ?
En 2019, une étude menée par ProntoPro, portail de mise en relation avec des professionnel.le.s de services à la personne, a estimé que les mères au foyer devraient être payées 5 fois le SMIC. Soit un salaire mensuel net de 6 391 €. En effet, elles effectueraient plus de 80 heures de travail par semaine. Pour trouver ce chiffre, la plateforme avait cumulé les tâches quotidiennes, hebdomadaires et mensuelles réalisées par les mères au foyer. Elle avait ensuite évalué le coût de chacune d’entre elles afin d’estimer le salaire mensuel moyen que ces femmes devraient percevoir.
De l’autre côté de l’Atlantique, au Canada, une étude avait calculé un salaire annuel d’environ 160 000 $, la même année. Mais depuis 2019, une pandémie et une inflation sont arrivées et ont chamboulé nos modes de vie. En 2021, ce même site (Salary.com) estimait ainsi que le salaire annuel d’une maman à la maison devrait être de 184 820 $.
Toutefois, le site canadien Noovo Moi explique que ce chiffre est bien plus conservateur si on analyse les tâches de la mère à temps plein du point de vue d’économistes. En effet, ces derniers estimeraient plutôt à 41 504 $ le salaire qu’un parent au foyer devrait obtenir afin d’accomplir les tâches quotidiennes dans la maison avec un.e enfant.
Les multiples missions d’un parent au foyer
Autre information notoire dans ce travail non rémunéré : les tâches domestiques se multiplient. Emmener les enfants à l’école, aux activités, faire les devoirs avec eux, gérer le ménage de la maison, les courses, les repas de la semaine, les rendez-vous chez le.a médecin… toutes ces missions génèrent un salaire dans les secteurs privés et publics.
Mais pour le parent qui reste à la maison, cela fait partie de son quotidien. Iel n’a pas qu’une seule tâche à effectuer, mais au moins 13, selon l’étude américaine. Avant la pandémie, la mère au foyer effectuait alors ces 13 métiers suivants, en travaillant 95,5 heures par semaine :
- acheteuse personnelle (48 750 $)
- comptable (68 375 $)
- concierge (30 740 $)
- conseillère pédagogique (60 176 $)
- éducatrice en milieu familial (41 262 $)
- enseignante (60 981 $)
- infirmière (60 002 $)
- juge (216 849 $)
- photographe (36 400 $)
- plombière (48 282 $)
- psychologue (75 192 $)
- responsable marketing (39 000 $)
- technicienne en loisir (47 736 $)
Bien évidemment, ces revenus annuels établis correspondent au salaire moyen au Canada. Ces chiffres ont été estimés à partir des revenus d’un.e débutant.e et d’une personne avec expérience, dans le domaine correspondant. Et si l’étude arrive à un revenu annuel de 184 820 $, ce n’est qu’en pensant que le parent au foyer n’effectue au quotidien qu’une fraction de chacun des métiers mentionnés.
Que l’on soit d’accord ou non avec ces estimations de salaire, l’étude a au moins le mérite d’ouvrir le débat. Le travail domestique bénévole du parent au foyer, la charge mentale et les risques psychologiques qui en découlent restent bien trop dévalorisés dans notre société actuelle.