Vient le temps de dire « au revoir » à son enfant. Son « bébé » devenu grand va voler de ses propres ailes et quitter le nid familial. Si certains parents vivent sereinement cette période, d’autres ont plus de mal et peuvent être confronté.e.s à une période de dépression. On appelle cela, le syndrome du nid vide. Il est vrai qu’il s’agit d’un moment de tristesse. Mais selon nous, c’est aussi une réinvention de soi. On vous explique.
Syndrome du nid vide et baby blues
Marie-Josée d’Astrée, auteure du livre « Le nid vide », raconte à Mariefrance.fr ce « compte à rebours » et ce « silence assourdissant » à la suite du départ de la maison de ses trois fils :
« Je pouvais être gagnée par de véritables bouffées de tristesse. Je me suis dit : mince, tous mes garçons sont partis. »
Elle détaille notamment le changement face à la façon de faire ses courses et plus globalement dans sa vie quotidienne :
« La nourriture est quand même un élément fondamental de la vie de famille. Après leur départ, je ne cuisinais plus de la même façon. Imaginez que vous viviez depuis quelques années en colocation avec trois personnes. Le jour, où, d’un commun accord, cette colocation cesse, on s’engage forcément dans une vie différente. Cela ne peut pas être indolore. Or, avec des enfants, il s’agit d’une colocation qui dure de nombreuses années ! »
Sous le nom plutôt poétique de « syndrome du nid vide », se cache un état qui se rapproche du baby blues vécu par les jeunes mamans. En effet, après une période d’excitation, on se retrouve face à un nid vide. De ce changement de vie émergent un sentiment de morosité et une question fatidique : « que vais-je faire de mon temps désormais ?
Le temps des remises en question
Même si l’on ne s’en rend pas compte, beaucoup de petites choses nous préparent à ce grand départ en temps que parent. Voyages scolaires, vacances chez les grands-parents, week-end chez des ami.e.s… En général, les enfants vivant en province partent plus tôt (vers 16 ans). Ils sont lancés dans une voie qui les amène vers le monde du travail et ne reviennent pas (ou peu) à la maison. Claire, 57 ans, raconte ainsi le départ difficile de sa benjamine, malgré ses 1 an Erasmus en Italie :
« Je savais qu’elle reviendrait à la maison l’année suivante jusqu’à l’obtention de son diplôme. En revanche, le jour où on a fait ses cartons pour son premier studio, je n’en menais pas large… »
Au-delà d’une virée chez Ikea pour acheter le premier clic-clac de son enfant, tout ce remue-ménage a une autre signification pour les parents, comme l’explique la psychologue Béatrice Copper-Royer :
« Pour les parents, c’est un premier pas dans la vieillesse. On éprouve le temps passé, mais aussi le temps qui reste. C’est d’autant plus délicat quand le départ de l’enfant coïncide avec d’autres bouleversements : la retraite ou encore la ménopause pour la mère. »
Marie-Josée d’Astrée évoque son choc autour du silence qui entoure le syndrome du nid vide :
« Quand j’en parlais à mes copines, on me faisait taire. J’aurais divorcé, on m’aurait plainte. Mais en éprouvant cette tristesse-là, je passais pour la mère abusive qui ne sait pas couper le cordon. Or il me semble que, comme dans tout deuil, on a le droit de prendre son temps pour vivre cette morosité. D’ailleurs, quand j’ai présenté mon livre, j’ai eu plusieurs lectrices qui me sont tombées dans les bras. Elles se reconnaissaient dans ce que j’écrivais. »
Fort heureusement pour les parents, ce coup de mou post départ des enfants est loin d’être une fatalité. Bien au contraire !
Syndrome du nid vide : anticiper pour ne pas subir
Pour ne pas « subir » ce choc de plein fouet, la meilleure des choses est de l’anticiper. Il faut continuer à avoir une vie en dehors d’eux, même lorsqu’ils sont encore à la maison. Poursuivre sa vie amoureuse, professionnelle et surtout, amicale. Une méthode adoptée par Isabelle, une lectrice de Mariefrance.fr :
« J’adore mes garçons, mais ils ne sont pas l’alpha et l’oméga de mon existence. Je ne me suis jamais coupée du monde pour les élever. J’ai toujours pris soin de garder du temps pour moi : aller au cinéma, faire du sport… Certes, ils ont peut-être mangé des coquillettes au jambon plus souvent qu’à leur tour, mais ils ont visiblement survécu ! »
Les enfants partis, c’est aussi l’occasion de se retrouver à deux et de refaire régulièrement des tête-à-tête romantiques à la maison ou à l’extérieur. Bien sûr, la présence des enfants atténue certaines tensions conjugales. Il va donc falloir se réapprivoiser en tant que couple, en tant qu’amants.
Pour pallier à cette nouvelle routine qui s’installe, les projets de couple sont la meilleure réponse ! Achat immobilier, vacances, projet de rénovation… laissez libre cours aux envies que vous avez enfouies jusqu’ici.
Profitez-en aussi pour prendre soin de vous et commencer des activités : yoga, équitation, peinture, zumba ou encore, vous mettre au zéro déchet ! Toutes ces activités que vous verriez de faire sans jamais trouver de temps pour vous. Et surtout, positivez la situation : vous allez enfin pouvoir aller boire un verre avec vos collègues sans vous soucier des oisillons qui crient famine à la maison !
Et dites-vous bien une chose : les enfants ne partent jamais réellement du nid. Ils adorent revenir régulièrement et se faire chouchouter par leurs parents. Votre « première » mission est accomplie haut la main. Vous avez donné les armes à votre enfant pour qu’il se sente capable de vivre sa propre vie. Soyez-en fièr.e ! Et appréciez ce que la vie a désormais à vous offrir en tant que femme, en tant qu’homme, et non plus uniquement en tant que « parent d’un enfant ».