Voici comment encourager votre enfant à exprimer ses émotions sans réserve

Comme le dépeint si bien le film d’animation « Vice-versa », les enfants ont plusieurs émotions qui se bousculent derrière leur tête. Elles sont primaires et moins étoffées qu’à l’âge adulte, mais elles peuvent rapidement devenir envahissantes. Que ce soit de la colère, héritée suite à une défaite à la balle au prisonnier, de la peur, engendrée par cette présentation orale sur les coccinelles ou de la tristesse, causée par le départ de la maîtresse, les enfants sont loin de vivre au pays des Bisounours. Or, la seule émotion vraiment perceptible chez les bambins reste le dégoût, clairement affiché face à un plat de brocolis ou d’épinard. Alors voici comment encourager votre enfant à exprimer ses émotions et à poser des mots justes dessus. Et pas question de faire du forcing, ces techniques ludiques aux allures de jeu invitent naturellement aux confidences. 

Créez un environnement de confiance

Pour encourager votre enfant à exprimer ses émotions sans fard ni honte, ouvrez le dialogue dans un lieu calme et familier. Pas question d’orchestrer cette petite thérapie devant les grilles de l’école, entre les cris stridents des enfants et les va-et-vient incessants des voitures. L’enfant a besoin de se sentir en sécurité pour se confier et surtout de se mettre à l’abri des autres oreilles indiscrètes. Alors, instaurez un rituel de « parole » au moment du coucher, avant d’empoigner le conte du soir. Ainsi, vous pouvez faire un check-up régulier de son état émotionnel et peut-être déceler un mal-être plus profond.

Posez-vous sur le bord du lit et demandez à votre enfant de récapituler sa journée. Comme un.e psy, rebondissez sur les « événements » qui ont perturbé votre enfant et essayez de creuser gentiment. Une carte Pokemon prise de force, une feuille tachée délibérément par un camarade, un doudou séquestré pour faire du foot… les émotions les plus virulentes se nichent parfois dans les petits détails. Bannissez les termes comme « ce n’est rien » ou « n’en fais pas une montagne », qui invalident les émotions de l’enfant au lieu de l’inverse. Contentez-vous d’écouter sans émettre de jugement. Faites preuve d’empathie et utilisez des phrases telles que « tu as le droit d’être en colère » ou « c’est humain de ressentir ça ».

Montrez l’exemple en évoquant vos propres ressentis

Devant les enfants, vous avez peut-être tendance à mettre vos ressentis sous cloche ou à les anesthésier provisoirement. D’ailleurs, combien de fois avez-vous pleuré en cachette, sous le pommeau de douche ou au creux de l’oreiller pour ne pas éveiller l’inquiétude de vos bambins ? Certainement trop. Fondre en larme devant ses enfants n’est pas un crime. Les petites blondes fonctionnent beaucoup par mimétisme et déteignent sur vous. Elles vous prennent en « role model » et se construisent à travers vous. Vous êtes un peu leur super-héros/héroïne attitré.e.

Alors forcément, si vous ne laissez aucune émotion s’échapper en public, les enfants feront de même. À l’inverse, si vous parlez librement de vos ressentis, qu’ils soient positifs ou négatifs, les enfants prendront conscience que c’est « normal ». Si vous avez eu une sale journée au travail, vous pouvez dire « je suis en colère parce que ma patronne m’a mal parlé ». En plus d’encourager votre enfant à exprimer ses émotions, vous vous enlevez cette pression de toujours devoir « faire bonne figure ».

Nommez correctement les émotions

Comme pour les organes sexuels, il convient de nommer les émotions telles qu’elles sont. N’essayez pas de trouver des « variantes » plus candides à l’instar de « chocotte » pour la peur ou de « petit nuage gris » pour la tristesse. Faites simple. Sinon vous risquez de décrédibiliser les ressentis de votre enfant et de l’embrouiller.

Dites plutôt « Tu sembles en colère » ou « On dirait que tu es très excité.e ». En lui fournissant un vocabulaire émotionnel précis et clair, vous l’aidez à mieux comprendre et communiquer ce qu’il ressent. Votre enfant peut ainsi associer une émotion à un mot juste et l’identifier plus spontanément. Vous pouvez aussi utiliser un système de smiley, plus évocateur, si votre enfant a une mémoire « visuelle ».

Utilisez un poster des émotions

Pour encourager votre enfant à exprimer ses émotions, il existe de nombreux outils ingénieux et pratiques. Si votre enfant n’est pas bavard et préfère inverser l’interrogatoire avec une flopée de « pourquoi », ces supports sont d’un précieux renfort. Vous pouvez ainsi accrocher un poster qui tire le portrait complet des émotions dans la chambre de votre enfant. Cette affiche met en scène plusieurs bonshommes avec des expressions faciales différentes.

L’un fronce durement les sourcils, l’autre arbore un sourire jusqu’aux oreilles et le dernier écarquille les yeux comme s’il avait vu un monstre. D’un revers de doigt, l’enfant pointe l’émotion qui lui correspond le plus à l’instant T. Cet abécédaire imagé des émotions permet à l’enfant de mieux interpréter ce qui se passe en lui/elle. Ensuite, à vous de lui enseigner comment gérer ses émotions et les discipliner pour qu’elles débordent plus.

Dégainez une feuille pour que l’enfant dessine ses émotions

Vous avez déjà entendu parler de l’art thérapie ? Cette pratique est courante dans les cabinets des psychologues pour enfants. Alors pour encourager votre enfant à exprimer ses émotions autrement qu’à l’oral, tendez-lui une feuille blanche et analysez l’œuvre finale à la loupe. Souvent, ce dessin incarne ce que l’enfant tait. Il possède une double lecture. Ce ne sont pas seulement des « gribouillis » aléatoires, mais peut-être l’illustration d’une colère enfouie.

Ce gros nuage noir tracé au-dessus de la maison indique certainement une peur (quid du monstre qui se cache sous le lit ?). Ces couleurs sombres qui prédominent sur le papier traduisent peut-être une tristesse intense et chronique. À vous de décortiquer le véritable message derrière cette œuvre, pas si innocente.

Munissez-vous de livres qui décortiquent les émotions

Pour encourager votre enfant à exprimer ses émotions sans réserve, ajoutez de nouveaux livres à votre bibliothèque du bas âge ! Certains ouvrages, pensés comme des histoires féériques entraînantes, plongent les bambins dans le tumultueux monde des émotions. C’est le cas de la saga « Les émotions de Gaston« . L’auteure elle-même est certainement la plus légitime pour aborder le sujet. Sophrologue exerçant en école maternelle, elle met en vedette une licorne dans des scénarios habiles et éclairants.

Dans le même registre il y a aussi « La couleur des émotions« , qui narre les aventures d’un monstre des couleurs à travers des pages en 3D. Ce gentil monstre a les émotions en vrac et doit apprendre à les classer pour retrouver son équilibre. De quoi mettre les émotions à plat et les apprivoiser d’une main de maître.

Encourager votre enfant à exprimer ses émotions est presque plus utile que de lui enseigner la propreté et le bon français. En plus de forger un futur adulte « équilibré », vous musclez la complicité « parent-enfant ». 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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