Même si les jeux ont surtout pour vocation de divertir les enfants et d’accorder un peu de répit aux parents, ils renferment aussi des vertus pédagogiques. Au-delà de leur aspect ludique, ils stimulent les capacités des bambins à 360° et bâtissent les fondations de leur personnalité. Qu’il s’agisse de construire des pyramides de cube, d’inventer des scénarios avec des poupons ou d’assembler des puzzles croquignolets, chaque activité apporte son lot d’enseignements. Jouer n’est pas un simple « passe-temps » pour les enfants, c’est un apprentissage permanent. Pourtant, selon une récente étude, les petites têtes blondes se détournent de plus en plus des jeux classiques pour procrastiner devant les écrans. Alors voici enfin quelques arguments pour penser les jeux comme des leçons et non plus comme des loisirs récréatifs.
Jouer favorise la créativité des enfants
Le jeu ouvre une fenêtre directe sur les mondes imaginaires. Les enfants s’éclipsent de la réalité pour explorer leur propre univers. Même si de l’extérieur, ces scénarios inventés de toute pièce semblent totalement loufoques et sans cohérence, pour les bambins ils servent d’échappatoire. Une issue de secours nécessaire lorsque le présent se fait trop rude et insoutenable. Au gré de leurs histoires fantaisistes, les enfants sont aussi amené.e.s à penser de manière plus flexible et à résoudre des problèmes en parfaite indépendance. Il ne faut pas croire, mais sauver une princesse prisonnière d’un château demande plus de réflexion qu’il n’y paraît.
En transformant un bâton en baguette magique ou un sceau en casque de gladiateur, les enfants sont loin de friser l’absurde. Au contraire, iels cultivent leur sens du détail, se réapproprient le monde à leur manière et trouvent des solutions dans les choses simples. Cette approche sans crainte de l’échec favorise aussi la confiance en soi. Jouer avec une telle liberté permet aux enfants de relativiser les embûches et de rebondir plus facilement dans les tourments de la vraie vie.
Le jeu booste le développement moteur
Insérer des formes dans les bons trous, résoudre un labyrinthe en perles de bois, taper sur un xylophone ou empiler des anneaux sur un socle en pic… de nombreux jeux entraînent l’agilité et la dextérité des enfants. Même si parfois, ils s’apparentent à des épreuves de patience, ils permettent aux enfants d’être plus adroit.e.s dans leur geste. Ces jeux apprennent aux bambin.e.s à mieux contrôler leurs petites mains boudinées et à s’en servir plus « proprement ».
Par ricochet, ils les incitent également à être dans l’analyse et à poser un regard « averti » sur les objets. Jouer en plein air est également bénéfique pour renforcer la motricité des enfants. En grimpant aux arbres, en courant ou en sautant dans les flaques, les enfants prennent davantage conscience de leur corps et améliorent la coordination de leur mouvement. Iels aiguisent leur réflexe tout en enrichissant leur densité osseuse. De quoi en faire des adultes robustes et souples.
Le jeu en extérieur, catalyseur de lien social
Le jeu est également un trait d’union avec les autres. Il a un côté fédérateur puissant. À travers des jeux « d’équipe », les enfants apprennent à partager, à négocier, à résoudre des conflits et à comprendre les émotions des autres. Qu’il s’agisse d’ériger une cabane dans les bois, d’incarner des justiciers ou d’improviser un foot dans la cour de récré, ces jeux encouragent les enfants à prendre leur place au sein du groupe.
Forcément, selon les personnalités, il y aura les meneur.se.s, les suiveur.se.s et les arbitres. Mais c’est justement en se confrontant à la différence et aux opinions divergentes que les enfants parviendront à raffermir leur empathie. En plus de muscler leur esprit d’équipe, iels seront aussi force de proposition et prendront davantage d’initiatives pour le bien commun. Aux antipodes des comportements égoïstes, le jeu façonne une tolérance précieuse. Jouer enseigne aux enfants les bases du respect.
Jouer permet aux enfants de mieux gérer leurs émotions
En se prêtant à des jeux, les enfants régulent ou ajustent naturellement leurs émotions. Le jeu est un excellent sas de décompression pour les bambins. Au lieu de passer leur nerf sur leurs parents ou leurs camarades, iels vont se défouler de manière plus modérée sur leur jouet. Par exemple, un.e enfant en colère peut exprimer sa frustration en frappant un coussin ou en jouant de façon plus brusque. Cette libération émotionnelle aide les enfants à évacuer le stress et à mieux naviguer à travers les contrariétés quotidiennes. Jouer apporte aux enfants un sentiment de légèreté. C’est comme une sorte d’exutoire.
Dans le cadre d’un jeu compétitif comme la chaise musicale ou la course de sacs, les enfants peuvent aussi expérimenter la défaite et donc apprivoiser leur déception. Le jeu est également un moyen d’évasion nécessaire pour échapper à une réalité pesante ou à une négativité ambiante. Les activités ludiques, comme la construction de puzzles ou le coloriage ont d’ailleurs des propriétés « calmantes ». Le jeu permet à l’enfant de se canaliser et de prendre du recul sur ses ressentis.
Jouer accorde plus d’autonomie aux enfants
Même si les parents ont tout intérêt à s’impliquer dans les jeux de leurs enfants, ils ne doivent pas envahir cet espace de création et de découverte. Alors que les bambin.e.s sont assisté.e.s pour tout, jouer leur donne l’impression d’avoir des responsabilités. Iels sont les principaux.ales décisionnaires de leurs narrations imaginaires, ce qui leur octroie plus de « libre-arbitre ».
Personne ne vient influencer ou perturber leur pensée. C’est le seul moment où iels peuvent s’épanouir en dehors de l’autorité des adultes. Dans le règne du jeu, iels ont les pleins pouvoirs et sont les uniques protagonistes. Jouer sans partenaire permet aussi aux enfants de mieux envisager l’absence des autres et de tirer parti de la solitude. C’est également un bon entraînement pour les familiariser avec la gestion du temps.
À l’heure des écrans, les enfants jouent de moins en moins
Alors qu’auparavant les enfants n’arrivaient pas à se décrocher de leur jeu, avec l’ère du tout numérique, iels les laissent pourrir dans leur caisse en osier. Désormais, leur jeu favori est de sillonner la télécommande ou les touches du téléphone pour « s’abrutir » devant les écrans. C’est le triste constat d’une récente étude menée par un quatuor de chercheurs américains.
Les chiffres sont sans appel : les enfants jouent en moyenne seulement une heure et demie par jour. Iels remplacent aussi poupées, petites voitures et autres peluches contre les appareils électroniques plus précocement, entre 7 et 9 ans. Pourtant, jouer est déterminant pour les enfants. Au-delà de ses fonctions divertissantes, le jeu est à la racine de toutes les valeurs humaines les plus chères.
Alors que les jeunes générations naissent presque avec le téléphone greffé au bout du bras, le jeu « traditionnel » est-il forcément en danger de mort ? La question reste entière. Une chambre d’enfant sans jouets serait bien désabusée, comme ces futurs adultes.