La parcoprésie, ça vous dit quelque chose ? Et si on vous dit le « poop-shaming » ? Comprenez tout simplement : la honte de faire caca. Oui, c’est très sérieux ! Selon un sondage de l’Ifop : une femme sur deux est touchée par ce phénomène socio-psychologique nommé aussi le « Syndrome de la princesse ».
Vous n’osez pas aller aux toilettes en dehors de chez vous ? Vous avez peur que quelqu’un vous entende faire vos besoins ? Ou juste l’idée qu’on vous imagine aux toilettes vous bloque totalement ? La rédaction vous explique ce syndrome, pas si anecdotique que ça…
Aux chiottes le patriarcaca !
1010 Français·es (de 18 ans et plus) ont participé à cette étude réalisée par l’Ifop pour l’association Diogène France, sortie le 28 avril 2021. On y apprend que les femmes sont plus complexées que les hommes lorsqu’il s’agit de se rendre aux toilettes.
Une des raisons principales ? Les clichés tenaces sur la femme. Cette « honte du caca » est révélatrice des stéréotypes féminins et de la manière dont la société traite les femmes. Une femme ne rote pas, ne pète pas dans l’inconscient collectif. Ou alors est « mal polie », « mal élevée », inspire le dégoût si elle le fait ouvertement.
« Si le bruit et l’odeur sont les principales raisons de cette gêne pour les deux sexes, il est nettement accentué pour la gent féminine », note le sondage
L’éducation (ultra) normée des femmes, depuis le plus jeune âge, inculque à ne pas se faire remarquer, à être propre et renvoie la femme à une image de pureté. Problème : inconsciemment, tous ces préjugés nés du patriarcat font partie intégrante de la vie de nombreuses femmes. Résultat : 56 % des femmes ressentent de la honte à aller aux toilettes hors de chez elles, contre 42 % chez les hommes.
Une anxiété aux conséquences parfois grave
Mettre de la musique, déposer du papier au fond de la cuvette… de nombreuses femmes usent d’astuces pour aller aux toilettes en dehors de chez elles, ou lorsque quelqu’un est dans les parages (famille, amoureux.se, ami.e.s, etc.). 2 femmes sur 3 n’osent pas aller aux toilettes si ce ne sont pas les leurs.
Les jeunes femmes de moins de 30 ans sont 75 % à se dire gênées de faire leurs besoins au bureau ou chez des ami.e.s, et 41 % chez les plus de 60 ans. Conséquence ? Le « poop shaming » (littéralement « honte du caca » en français) représente un risque sur la santé des femmes plus élevé que sur celle des hommes.
38 % des femmes ont des troubles de digestion
En effet, se retenir de faire ses besoins dérègle notre système de digestion. Le « poop shaming », bien qu’insolite au premier abord, provoque ainsi chez 41 % des femmes des problèmes de constipation (contre 18 % chez les hommes) et des troubles de la digestion (38 %, contre 22 % des hommes).
« La rétention des selles va de pair avec une forte prévalence de troubles fonctionnels intestinaux qui, très logiquement, affectent plus fortement la gent féminine. Les femmes affichent ainsi des taux de constipation ou de troubles de la digestion deux fois plus élevés que les hommes. En revanche, on observe moins d’écart entre les deux sexes pour des problèmes plus lourds comme les problèmes d’irritation du colon ou les maladies inflammatoires de l’intestin », note l’étude
Ce « gender gap » peut même provoquer de la parcoprésie, c’est-à-dire l’incapacité totale de déféquer sans un certain niveau d’intimité. 53 % des femmes, contre 32 % des hommes au bureau ; 53 % contre 32% des hommes chez des ami.e.s et 56 % contre 30 % des hommes chez un.e récent.e partenaire sexuel.le.
Un malaise qui affecte aussi le couple… 4 Françaises sur 10 ont déjà attendu que leur partenaire dorme ou soit loin des w.c. pour s’y rendre, contre à peine plus du quart de la gent masculine (27 %).
Toilettes publiques : 66 % des Francais.es notent un manque d’accès
Un sentiment de honte accentué dans les toilettes publiques. L’étude rapporte que les femmes font davantage attention à ne rien toucher pour des questions d’hygiènes (62 % contre 28 % des hommes), quitte à se retrouver dans des positions plus qu’inconfortables. Près de 2 Français.es sur 3 (66 %), notamment en agglomération parisienne, ressentent par ailleurs un manque ou des difficultés d’accès aux w.c. publics.
Dernier point soulevé par cette étude de l’Ifop, la crise sanitaire a engendré la fermeture des bars, restaurants, centres commerciaux et… toilettes publiques. Ce qui a laissé 51 % des femmes dans l’incapacité de faire leurs besoins à l’extérieur (contre 41 % des hommes). La honte des femmes à aller aux toilettes s’est ainsi aggravée depuis la pandémie.
Rappelons que c’est parfaitement naturel d’aller aux w.c.. N’ayez pas/plus honte, qu’importe votre genre ! Un besoin si primaire ne devrait pas être source de gêne.