Accros aux livres ? Vous souffrez peut-être de « Tsundoku »

Vos étagères et votre table de nuit croulent sous des piles de bouquins inexplorés ? Si oui, le concept du tsundoku devrait vous être familier. Il s’agit d’un terme japonais traduisant le fait d’acheter toujours plus de livres, et ce, sans jamais les lire. Vous-même en êtes peut-être victime sans vous en rendre compte, et sans savoir que cela porte ce nom. Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas la seule personne dans cette situation. Vous n’êtes pas non plus une terrible personne. Explications.

Accumuler des piles et des piles de livres

Avez-vous une pile de nouveaux livres que vous vous promettez de lire ? Ces bouquins se perdent-ils toujours au fond de la pile, sans jamais être feuilletés ? Vous avez l’impression que la collection ne fait que de grandir ? Si vous ne pouvez pas vous empêcher d’acheter de nouveaux livres sans terminer les anciens, alors oui, vous êtes peut être atteint.e de « tsundoku ».

Ce terme, en japonais, traduit le fait d’acquérir et d’accumuler les livres, et ce, sans jamais les lire. D’après le professeur de lecture japonaise Sahoko Ichikawa, « tsundoku » trouve sa racine dans le mot « tsunde » qui signifie empiler, et « oku » qui signifie délaisser.

Avec toutes les distractions qui nous entourent aujourd’hui (maudit smartphone !), abandonner des bouquins dans un coin semble encore tout à fait d’actualité. Mais à l’origine, le terme a été inventé au 19e siècle au Japon. Le tsundoku date en réalité de l’ère Meiji, qui dura de 1868 à 1912.

Des livres à lire ou des décorations ?

Quand le concept est apparu il y a deux siècles, le livre était surtout pensé comme un outil décoratif. En effet, le tsundoku désignait principalement une habitude de la bourgeoisie nipponne de l’ère Meiji. Soucieuse de son apparence, elle cherchait à impressionner ses invité.e.s avec un logis rempli de part et d’autre de preuves de connaissances. Mais les propriétaires de ces piles de livres n’avait aucune attention de les lire.

Aujourd’hui, cette technique pourrait vous paraître trop superficielle, trop absurde. Mais cette décennie n’arrêtera jamais de nous étonner. En effet, en 2021, de grandes marques de haute couture avaient fait le (bad)buzz sur internet en mettant en vente des livres décoratifs, en carton, à prix ambitieux, et totalement vides à l’intérieur. Et dans beaucoup de maisons, les livres sont souvent débarrassés de leur fonction première pour devenir des cales de tables, ou carrément des meubles comme des tables de nuit-livres ou des tabourets-livres.

Cependant, pour une grande partie des passionné.e.s de littérature, le livre est un objet précieux, un élément esthétique et décoratif malgré lui. Une bibliothèque remplie dans le salon, c’est beau. Et finalement, le désir d’accumuler des bouquins tout en sachant qu’on ne pourra pas les lire peut-être aussi révélateur de l’amour de la lecture, contrariée par un manque de temps.

S’agit-il de bibliomanie ou de tsundoku ?

Il faut faire la distinction entre le tsundoku et la bibliomanie. Une personne bibliomane est atteinte d’un véritable trouble obsessionnel compulsif reconnu, celui d’acheter de manière compulsive des livres de toutes sortes, prix et formats. Son contenu n’est donc pas important. Tandis qu’une personne « souffrant » de tsundoku va avoir un intérêt précis pour le livre qu’elle achète. Ses achats vont être influencés par le nom de l’auteur.e du livre, son édition, son courant littéraire, sa thématique abordée, etc. Même si elle sait pertinemment qu’elle ne le lira pas dans la seconde. Les bibliomanes vont plutôt aller dépenser au-dessus de leurs moyens, jusqu’à ce qu’iels se mettent en danger pour remplir leurs collections.

C’est certes une manie dangereuse pour notre porte-monnaie. On pourrait aussi penser que c’est une bien meilleure nouvelle pour les libraires et les auteur.e.s. Dans le Japon par exemple, si le mot tsundoku revient dans la presse étrangère, les librairies ne croulent pas sur l’or pour autant. En effet, le pays a tout de même perdu 40 % de ses librairies en 20 ans. Et ce sont 9128 boutiques qui ont mis la clé sous la porte entre 2000 et 2017. Mais l’industrie du livre au Japon se redresse tout de même grâce aux formats numériques et au manga.

Et vous ? Achetez-vous souvent des livres que vous ne lisez jamais ? Que faites-vous de ces ouvrages délaissés ? Venez nous raconter votre expérience sur le forum de The Body Optimist.On parle de tout, et sans tabou !

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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