Au-delà des blessures physiques et psychologiques, des difficultés relationnelles et sexuelles ou encore des problèmes de dépendances (drogues, alcools, médicaments, etc.) survenant par la suite, les agressions sexuelles peuvent provoquer des lésions cérébrales sur le long terme. Une récente étude menée à l’université de Pittsburg affirme en effet que les femmes qui ont été agressées sexuellement ont un risque plus élevé de développer des pathologies cérébrales. Explications.
Des agressions à l’adolescence et à l’âge adulte
En France, tout comme plus globalement dans le monde, les agressions sexuelles sont subies principalement dans l’enfance ou à l’adolescence. On parle d’une femme sur cinq et d’un homme sur quatorze victimes d’abus sexuels. Sur l’ensemble des personnes abusées recensées 81 % sont des enfants de moins de 18 ans. Dont 21 % avant l’âge de 6 ans et 51 % avant l’âge de 11 ans.
Selon un rapport de Stop-au-déni, sur les 1 210 personnes interrogées ayant subi une agression sexuelle, 95 % reconnaissent l’impact non négligeable sur leur santé physique et mentale. 42 % des victimes avouent avoir tenté de se suicider après une agression sexuelle.
Maux de tête, baisse d’énergie, perte/prise de poids, cauchemars, forte culpabilité, manque de confiance envers soi et les autres… pour beaucoup de victimes, le traumatisme se traduit à court terme. Mais ce qui ressort de l’étude menée part les chercheurs américains de l’université de Pittsburgh, c’est que les agressions sexuelles laissent aussi des séquelles à long terme. Le traumatisme perdure pendant des années, pour ne pas dire toujours.
Les femmes ont ainsi trois fois plus de risque d’être dépressives lorsqu’elles subissent des violences sexuelles. Ou encore de souffrir deux fois plus d’anxiété importante et d’insomnie. En outre, cette étude menée par Rebecca Thurston, autrice principale, démontre un risque plus élevé de développer des lésions cérébrales liées au déclin cognitif, à la démence et aux accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Le traumatisme est visible dans le cerveau
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs se sont appuyés sur de précédentes études pour analyser les « white matter hyperintensities », autrement dit les signes d’hyperintensité de la substance blanche, visibles avec une IRM du cerveau. Ce sont de petites taches blanches qui apparaissent lorsqu’il y a une perturbation de la circulation sanguine (= lésions cérébrales). Sur les 145 participantes, 68 % ont subi un traumatisme, dont 23 % pour qui ce dernier était une agression sexuelle.
« En utilisant l’imagerie cérébrale, nous avons constaté que les femmes ayant des antécédents d’agression sexuelle présentaient davantage d’hypersignaux de la substance blanche dans le cerveau. (…) D’après les données démographiques, la plupart des femmes subissent des agressions sexuelles au début de l’adolescence et au début de l’âge adulte. Ce sont donc probablement des expériences précoces dont nous voyons les marques plus tard dans la vie », déclare Rebecca Thurson à CNN.
Vers une prévention des maladies cérébrales pour les femmes ?
Le constat est simple pour ces chercheurs : les femmes victimes d’agression sexuelle auraient davantage de risques de développer des pathologies cérébrales.
« Ce travail constitue une étape importante vers l’identification d’un nouveau facteur de risque d’AVC et de démence chez les femmes. (…) C’est presque comme si le corps avait une mémoire qui ne se manifestait peut-être pas pleinement par des symptômes psychologiques. L’agression sexuelle laisse également des empreintes de traumatisme dans notre cerveau et notre corps. (…) Nous devons garder notre attention sur ce problème de violence sexuelle contre les femmes, car il continue d’être un problème majeur de santé des femmes », déclare Rebecca Thurston, professeur et directrice du Women’s Biobehavioral Health Laboratory à la Graduate School of Public Health de l’université de Pittsburgh
À noter que les chercheurs comptent poursuivre leurs travaux afin de permettre aux professionnel.le.s de santé de prévenir les sujets les plus à risques à des pathologies cérébrales. Une bonne nouvelle pour la santé cérébrale et vasculaire des femmes !