Art thérapie : pourquoi la peinture est-elle si bénéfique pour la santé mentale ?

L’art est un moyen d’expression universel à la portée de toutes les petites mains. Libérateur, constructif et révélateur, il fait office d’échappatoire. Bien plus qu’un simple loisir créatif, l’art redessine les frontières du bien-être et éclabousse le quotidien de couleurs optimistes. Thérapeutique, il gomme les noirceurs de l’âme avec entrain.

Réveiller son Picasso ou son Monet intérieur en barbouillant une toile vierge est donc beaucoup plus salvateur qu’il n’y paraît. La peinture, au-delà de ses vertus créatives, préserve la santé mentale de toute la grisaille du monde. C’est une discipline saturée de bienfaits. Alors, à vos pinceaux ! 

L’art thérapie, qu’est-ce que c’est ?

La science guérit les corps tandis que l’art soigne les âmes. Depuis plusieurs années, l’art-thérapie, branche de la psychothérapie, s’immisce entre les murs des maisons de retraite et des centres hospitaliers. À Montpellier, des patient.e.s se font même prescrire des ateliers d’art et des visites au musée sur ordonnance. Une grande première. L’art-thérapie utilise des supports palpables pour traduire émotions négatives, sentiments profonds et rêves inconscients.

C’est une passerelle, un trait d’union vers notre vie intérieure. Le but n’est pas de façonner un chef d’oeuvre à la De Vinci, mais de coucher noir sur blanc les blessures de l’esprit. L’art-thérapie, déjà plébiscitée dans l’Antiquité Grecque, est un défouloir déguisé. Traumas du passé et problématiques enfouies ressurgissent derrière stylo, pinceau, ou pas de danse. L’art-thérapie transforme les couleurs sombres de l’âme en production clairvoyante.

Cette pratique au plus près de l’intime dresse le portrait de nos douleurs personnelles. Elle embellit ce qui nous chahute à la manière d’un pochoir. L’art-thérapie n’efface pas nos angoisses comme le ferait une gomme, elle les souligne avec plus de fraîcheur. Elle est même reconnue par l’HAS (Haute Autorité de Santé) comme une approche thérapeutique visant à améliorer « l’état complet de bien-être physique, mental et social, résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l’esprit ».

Quels sont les bienfaits de la peinture ?

Feuilles blanches, toiles ou papiers cartonnés peuvent se montrer bavards surtout lorsque les sentiments peinent à sortir de vive voix. La peinture joue l’entremetteuse. C’est elle qui tire de l’ombre ce qui nous pèse secrètement.

Cette cure à base de gouache et de pinceaux biseautés permet un véritable travail d’introspection, loin des parasites extérieurs. Elle donne une opportunité de s’accomplir autrement, avec une main créatrice. La peinture donne un temps de répit coloré à la santé mentale. Cet art est un ticket d’entrée VIP vers la sérénité. Mais pas seulement.

1 – Augmenter l’estime de soi

Concocter une toile ou un dessin à son image en suivant simplement son instinct et sa voix intérieure est extrêmement valorisant. Évidemment, il ne s’agit pas de rejoindre le Musée du Louvre, ni de plagier une œuvre déjà existante, mais bien de composer un tableau unique avec sa propre patte. En peinture, pas de retour en arrière possible et encore moins d’option « reset », il faut donc se faire confiance.

Que ce soit de l’art abstrait, insaisissable, ou un paysage à la Monet, le rendu final est généralement source de grande satisfaction. C’est un accomplissement. Cette toile blanche s’est habillée d’une âme colorée par la seule force de notre imaginaire. Même seul.e face à son chevalet, l’égo surenchérit, en partie puisqu’il n’y a pas de comparaison possible. Notre création nous appartient. Exercée en solo, dans un esprit non-compétiteur, la peinture dope l’estime de soi et permet de se détacher du jugement des autres.

2 – Libérer les émotions

La peinture est une voie d’accès royale vers nos ressentis profonds, ceux que l’on refoule en public au profit du politiquement correct. La toile devient la terre d’accueil de ces fantômes intérieurs qui nous hantent silencieusement. De nombreux peintres éminents se sont d’ailleurs réfugiés dans cet art dicté par le pinceau pour lâcher leurs démons « enfouis ».

C’était le cas de Munch dans son tableau glacial « Le Cri » qui symbolise les traumas de son enfance. Les chercheurs appellent ça « l’état Alpha ». Nous confectionnons un dessin de façon consciente, mais, dans le fond, une zone inconsciente du cerveau se prête à la tâche. La peinture est donc une sorte de purgatoire « divertissant » où toutes nos émotions, même les plus perverses, trouvent un écho. Cette pratique fait buvard sur nos angoisses, nos souvenirs douloureux et nos traumatismes indicibles. La peinture chouchoute notre santé mentale puisqu’elle nous délivre d’un poids, parfois lourd.

3 – Améliorer l’intelligence émotionnelle

Chausser le pinceau et se laisser transcender par le hasard du mouvement favorise également la maturité d’esprit. La peinture nous apprend à mieux comprendre nos émotions et ainsi à mieux les dompter. Cet art visuel revoit nos émotions à la hausse. Il absorbe le « mauvais » pour faire ressortir le « bien ».

En clair, la peinture fait caisse de résonance sur des émotions agréables comme le bonheur, l’épanouissement et l’apaisement. Des émotions déjà présentes en nous, mais bien souvent étouffées sous le négatif inconscient. La peinture scelle un lien puissant entre le cœur et l’esprit, redonnant ainsi des couleurs à notre santé mentale.

4 – Développer des pensées positives

En balayant pensées négatives et « bobos » de l’âme, la peinture nous donne une chance de voir la vie du bon côté, avec l’œil du relativisme. C’est une fenêtre sur la paix intérieure. Étaler de la gouache sur une toile vierge ou user son crayon sur une feuille immaculée est quasiment solennel.

La peinture révèle ce qu’il y a de meilleur en nous. Elle laisse des traces indéniablement optimistes sur son passage. Elle provoque une fureur de vivre plus intense. La peinture est une activité « porte-bonheur » qui protège dignement notre santé mentale.

5 – Combattre le stress

Le stress est la bête noire de notre société. Quasiment personne n’y échappe. Mais la peinture vaut plus qu’une boîte d’anxiolytique. C’est un appel au lâcher-prise. Alliée à la chromothérapie, soit la thérapie par les couleurs, la peinture apaise le corps et l’esprit. Elle suspend le temps présent en un revers de pinceau et nous isole du vacarme ambiant.

C’est prouvé scientifiquement. Selon une étude publiée par des chercheur.se.s de l’Université de Drexel à Philadelphie, la peinture réduirait le taux de cortisol dans le corps, hormone fautive du stress. La peinture rajoute une couche de sérénité sur la santé mentale et ça, c’est du grand art.

6 – Améliorer la communication avec autrui

La peinture aide grandement à mieux communiquer avec son entourage. Comment ? Grâce à l’inspiration. Pour être inspiré.e, nous avons besoin de regarder le monde en face, de le toucher et éventuellement de lui parler pour le comprendre ou le cerner un peu mieux.

Ensuite, nous peignons ce que nous ressentons et, dès lors, nous commençons à communiquer nos pensées, nos sentiments et nos émotions. C’est d’ailleurs une excellente thérapie lorsqu’on est de nature timide ou introvertie. On utilise d’ailleurs la peinture pour soigner divers handicaps comme, par exemple, l’autisme.

Facile à mettre en place et peu coûteuse, la peinture brosse la santé mentale dans le sens du poil. C’est un remède puissant contre la fadeur de ce monde anxiogène. L’art-thérapie s’esquisse aussi comme un geste d’affirmation de soi. Par exemple, la poterie sur céramique permet de s’affranchir du patriarcat.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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