Bipolarité : les tabous et préjugés persistent

Les troubles bipolaires toucheraient plus de 60 millions de personnes dans le monde. Et pourtant, les tabous et les préjugés persistent sur cette maladie. Ces derniers ont des conséquences sur la vie et la survie des personnes atteintes de cette pathologie. Stigmatisation, auto-dévalorisation pour les personnes concernées et sensation de danger pour autrui… on vous présente brièvement la maladie et quelques clichés à déconstruire au plus vite.

Les conséquences des troubles bipolaires

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le trouble de la bipolarité toucherait plus de 60 millions de personnes dans le monde. Également connue sous le terme de « trouble maniaco-dépressif », cette pathologie se manifeste par des troubles graves de l’humeur, responsables de la joie et de la tristesse. Si l’origine de la maladie reste floue, il existe une vulnérabilité génétique et psychologique chez certaines personnes qui vont les amener à être touchées par la bipolarité. Dans ce cas, c’est un certain environnement qui va jouer un rôle déclencheur du trouble bipolaire : un deuil, une rupture, un épisode de stress intense…

La bipolarité empêche de vivre « normalement ». La personne porteuse de cette maladie, alterne en effet entre des périodes d’euphorie et d’excitation, et lorsqu’elles passent s’ensuit souvent un épisode dépressif. Les bipolaires peuvent par conséquent rencontrer des difficultés à conserver un emploi stable ou à construire des relations amicales ou amoureuses…

Il existe deux types de trouble bipolaire. Celui de type 1 qui se caractérise par au moins un épisode de manie. Celui de type 2 est caractérisé par au moins un épisode de dépression et au moins un d’hypomanie (trouble de l’humeur). Dans ses formes graves, les phases de dépression peuvent pousser au pire : 11 à 19 % des bipolaires décèdent par suicide. Ainsi, selon leur stade de bipolarité, les personnes peuvent être bien plus dangereuses pour elles-mêmes que pour les autres.

La bipolarité, entre excitation, stabilité et dépression

Parmi les principaux symptômes de la bipolarité, on observe donc des pics de joie excessive et des moments de tristesse intense. Pour la première phase, les personnes bipolaires ont la conviction que rien ne peut les arrêter dans leur jouissance. Durant des jours ou des semaines, elles vont avoir une grande désinhibition, une accélération de la pensée avec fuite des idées, une hypersociabilité voire une hypersexualité. Elles auront tendance à faire des achats inconsidérés, créer de grands projets irréalisables et enchaîner les insomnies.

La seconde phase de la maladie, à l’inverse, concerne une sensation de dépression abyssale. Sans qu’il y ait d’événement particulier qui susciterait ces sentiments, les bipolaires vont s’isoler dans des pensées sombres, pendant un certain temps. Ralenties dans leur fonctionnement psychique et moteur, les personnes bipolaires se sentent alors dévalorisées, au point de penser au suicide pour beaucoup.

Ces deux phases sont séparées par des phases de « stabilité » émotionnelle. Chez certaines personnes, tous ces symptômes existent, mais de façon minimale, et la maladie passe alors inaperçue. Quant aux traitements de cette maladie chronique, ils mêlent médicaments et thérapies psychosociales.

La stigmatisation des bipolaires : l’obstacle le plus grand

Cette maladie est premièrement perçue comme taboue par beaucoup de personnes atteintes. Elles auront du mal à avouer à leurs proches qu’elles ressentent des émotions démesurées sans raison valable. Selon l’OMS et des témoignages de personnes concernées, la stigmatisation serait d’ailleurs l’obstacle le plus important à surmonter pour la prise en charge des maladies mentales. Pour cela, des campagnes de santé publique appuyée par les médias tentent depuis quelques années de déconstruire la stigmatisation générale des maladies psychiques.

Mais il est laborieux de changer les mentalités. Et cela a des conséquences également sur les personnes malades, qui finissent souvent par s’autostigmatiser. D’après les spécialistes, ce phénomène d’autostigmatisation est souvent sous-évalué, malgré les conséquences qu’il a sur l’estime de soi et sur la qualité de vie du/de la patient.e.

Il existe aussi un tabou sur la maladie au sein même des familles, où va régner un mystère sur l’état mental ou le décès par suicide d’un des membres pendant des années. Ce qui va retarder encore plus la découverte et l’acceptation d’un trouble psychiatrique chez la personne soupçonnée de l’avoir. Le trouble bipolaire n’est pas pour autant une maladie génétique, les gènes ne sont qu’une prédisposition.

D’un point de vue général, la maladie mentale est quelque chose que notre société a du mal à voir. Inconnue, elle fait peur, et on préfère souvent fermer les yeux dessus. Et c’est pour cela notamment que le diagnostic de la bipolarité se réalise tardivement : le 1er est en moyenne atteint au bout de 10 ans. Et ce, même si des progrès sont observés. Il est donc important de lever les tabous et de faire reconnaitre ce type de maladies au grand public.

À ce sujet, est justement en salle depuis le 29 septembre dernier, le film « Les intranquilles », qui dépeint le quotidien d’une famille dont le père est atteint de trouble bipolaire. Le réalisateur belge Joachim Lafosse propose un film fort, sur ce tabou si peu abordé au cinéma. À voir !

Êtes-vous conforté.e à la bipolarité ? Vous-même ou un.e proche ? Cet article vous a intéressé ? Venez partager vos impressions sur le forum de The Body Optimist.

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !

La FOFO, ce nouveau syndrome moderne : voici comment savoir si vous l’avez

La FOFO, ou « fear of finding out » (peur de découvrir), est un syndrome moderne qui pousse...

Fatiguée « sans raison » ? Ce que votre mental essaie peut-être de vous dire

Vous vous sentez épuisée, même après une bonne nuit de sommeil, et vous ne comprenez pas pourquoi ?...

Ces signes que votre job est en train de vous épuiser

Vous adorez ce que vous faites, mais quelque chose cloche. Vous vous sentez moins motivée, plus fatiguée, et...

« Le pire ennemi de la quarantaine, ce n’est pas l’âge » : cette maman de deux enfants se confie

Entrer dans la quarantaine, c’est un peu comme ouvrir un nouveau chapitre sans en connaître totalement le ton...

Voici pourquoi vous vous sentez sous pression au travail à l’approche des Fêtes

L’arrivée des Fêtes devrait évoquer douceur, paillettes et joie partagée. Pourtant, pour beaucoup d’entre vous, cette période ressemble...

Ce que les médecins ont retiré de son nez après 35 ans choque tout le monde

Candela Reybaud, nutritionniste et influenceuse argentine de 35 ans comptant 105 000 abonnés sur Instagram, a partagé fin...