Chaque jour, un nouveau challenge émerge sur TikTok. Le réseau social chinois fait l’apologie de la bêtise. Il sert de vitrine à des défis, qui rivalisent tous de débilité et de dangerosité. Après le « blackout challenge », jeu du foulard 2.0 et le « labello challeng », c’est le « BORG Drinking » qui remonte entre les pouces. Une tendance blâmable sur fond d’alcools forts qui pousse les ados à boire jusqu’à la perte de conscience. Les jeunes laissent le champomy au placard pour se prêter à des mélanges bien plus corsés. Ils prennent un malin plaisir à afficher leur « prouesse d’ivrogne » sur la toile.
BORG Drinking, qu’est-ce que c’est ?
Le réseau social TikTok est devenu l’apanage des jeunes générations du dernier rang de l’alphabet. Et contrairement à ce que les parents espèrent secrètement, les ados ne se contentent pas d’apprendre les dernières chorés stylées pondues par un.e internaute lambda. Iels s’enrichissent de vidéos qui font la propagande de la sottise et qui promeuvent des challenges à l’opposé polaire de la « plaisanterie inoffensive ».
Pour impressionner leur communauté en ligne et affirmer leur supposé niveau de « coolitude », les ados n’hésitent pas à se mettre en scène dans des situations extrêmes. Comme des moutons de panurge recouverts de pixels, iels ne vivent qu’à travers les hashtags et le petit point de leur caméra. Le dernier mot-dièse « à la mode » qui retient toute leur attention se nomme « BORG Drinking ». Cet acronyme, qui a fait plus de 75 millions de vues, signifie « BlackOut Rage Ballon ». Soit « le ballon qui crée un trou noir » en français.
Un challenge à en perdre la tête
Le concept est né entre les murs des universités américaines. Il a été créé à l’initiative des fraternités, ces clans élitistes friands du bizutage. Le « BORG Drinking » consiste à se concocter un cocktail très chargé. La base ? De la vodka, des arômes et des boissons énergisantes du style redbull. Le tout servi non pas dans un verre à shoot comme il est coutume de le faire, mais dans un jerricane. Un récipient ordinairement dédié à un autre type de carburant. Bien loin de la fameuse bouteille en trompe-l’œil embarquée en soirée pour se mettre dans un état second, ce bidon force les jeunes à boire en excès.
Le « BORG Drinking » n’a pas tardé à s’extraire des écrans pour se démocratiser dans le programme des journées d’intégration et des booms modernes. Les internautes défendent cette pratique en disant qu’il est plus difficile de glisser de la drogue dans ce contenant au goulot étroit. Un argument qui ne convainc pas.
BORG Drinking, un cocktail qui peut s’avérer fatal
En s’adonnant au « BORG Drinking », les jeunes ingurgitent une quantité astronomique d’alcool. Les plus gros bidons peuvent contenir jusqu’à 5 L de ces liquides euphorisants, soit l’équivalent de 111 verres. Même si la consommation est étalée jusqu’au petit matin, les ados risquent de faire un coma éthylique et un blackout. Le lendemain, c’est le vide total dans leur esprit. Iels ne se souviennent plus de rien et n’ont que les photos de leur téléphone pour se rappeler de cette soirée démesurément arrosée. Ces gallons, qui circulent entre les mains lors des fêtes étudiantes, sont peut-être hermétiques au GHB, mais ils peuvent aussi être à l’origine de drames irréparables. Agressions sexuelles, accidents de la route, comportement violent… ces potions ont donc tout d’un poison.
Sur le même principe que le binge drinking, qui vise à se mettre à l’envers en un temps record et à enchaîner les alcools comme on enchaîne les séries, le « BORG Drinking »g a un degré de dangerosité encore plus élevé. D’autant plus s’il se ritualise. Cependant, le « BORG Drinking » s’est quasiment transformé en phénomène social et semble gagner tous les gosiers, même les plus innocents.
Une tendance qui inquiète les médecins
Outre Atlantique, le terme « BORG Drinking » est apparu plusieurs fois dans les gros titres. En 2023, des dizaines d’étudiants de l’Université du Massachusetts ont fini la fête sur un brancard. Ils dû être hospitalisés d’urgence après un événement organisé hors du campus. Le mobile du crime : un vieux bidon de lessive rempli à ras bord de spiritueux bas de gamme et d’électrolytes. Si les jeunes s’improvisent mixologue en composant leur propre BORG et apprécient son aspect créatif, les médecins, eux, préconisent de retirer l’alcool de la recette.
Les professionnel.le.s de santé sont unanimes sur le « BORG Drinking » : c’est une pratique qui dégouline de méfaits et qui ouvre la voie aux addictions. La caféine contenue dans les boissons énergisantes amplifie les effets de l’alcool. Les substances montent alors plus vite à la tête et se répercutent plus fort sur le corps. Dans certains cas, l’organisme y succombe.
« L’intoxication alcoolique est une conséquence grave – et parfois mortelle – de la consommation de grandes quantités d’alcool sur une courte période », alerte Anna Lembke, professeur de psychiatrie et de médecine de la toxicomanie à l’Université de Stanford en Californie, à CNN
Le BORG Drinking, tendance virale sur TikTok, prouve qu’il est temps de revenir à la modération, tant des contenus que des breuvages pour adultes. Contrairement à l’adage, la fête n’est pas plus folle avec de l’alcool. En conclusion, le « BORG Drinking » est une erreur de jeunesse qui peut ôter la vie en plus d’effacer la mémoire.