Cette tartine qui ressort un peu trop bronzée de votre grille-pain et qui gâche votre petit-déjeuner est peut-être la réponse à tous vos soucis. Du moins, c’est ce que suggère la « burnt toast theory » ou théorie de la tartine brûlée en français. Cette tendance concoctée à la sauce 2.0 sur TikTok est désormais sur toutes les lèvres. Selon ce concept, cette tartine trop cuite que vous haïssez est du pain béni pour votre vie. Contre toute attente, un mantra positif se dessine entre les lignes de cette mie carbonisée. C’est sûr, après avoir découvert la « burnt toast theory », vous ne verrez plus jamais votre pain du matin de la même manière. Mieux, vous saurez l’apprécier.
La burnt toast theory, qu’est-ce que c’est ?
Alors que vous préparez tranquillement votre petit déjeuner, une odeur de cramé et une fine fumée vous indique que vos tartines ont eu un coup de chaud. Mais c’est trop tard, le mal est déjà fait. Vos toasts sont immangeables. Ce scénario est d’une banalité évidente. En général, lorsque vous retrouvez votre pain à moitié calciné dans votre appareil, vous vous dites « quelle poisse ». Pourtant, cette tartine noircie est peut-être la recette du bonheur. C’est en tout cas ce que prétend la « burnt toast theory », mitonnée par la Tiktokeuse Ingrid, plus connue sous le pseudo @offthe__grid.
D’après son propre vécu, ce bout de pain cramé n’est pas dans cet état-là par hasard. Il vous a peut-être sauvé d’un événement bien pire ou d’une mauvaise rencontre. Certes, vous avez peut-être perdu du temps à redécouper vos tranches mais vous y avez gagné au change. C’est ce que soutient la pétillante jeune femme avec sa « burnt toast theory », devenue virale. En clair, ce petit incident est un mal pour un bien. C’est un « tour » du destin, une manœuvre de l’univers pour vous préserver d’un problème qui aurait pu prendre une tournure plus dramatique. En l’occurrence, à part avoir jeté votre tartine et raté votre métro, vous n’avez pas eu de pot de fleurs sur la tête ni de portière dans le nez. Une chance !
Est-ce que cette théorie est vraiment fiable ?
La « burnt toast theory » rejoint ce dicton qui dit qu’il y a toujours du bon à tirer, même dans les situations les plus chaotiques et irritables. Si, sur le papier, cette théorie paraît plutôt risible, en réalité elle prône un état d’esprit « positif » et vous pousse à relativiser. Elle vous aide à mieux accepter les péripéties de la vie et les éléments sur lesquels vous n’avez aucun contrôle.
Au lieu de remettre en question les réglages de votre grille-pain ou de vous blâmer pour faute d’inattention, vous accueillez cette tartine avec plus sérénité et de « distance ». Le concept est assez simpliste mais très fructueux au quotidien. D’ailleurs la « burnt toast theory » est plus une façon de pensée qu’une « théorie » pure et dure.
Contrairement aux autres inventions douteuses de la toile, la « burnt toast theory » est bien sentie par les spécialistes. Elle met en lumière une « culture de l’émerveillement », indispensable pour entretenir une paix intérieure et convertir le moche en beau. Elle suggère de tourner les aléas à son avantage et d’admettre que tout ne peut pas être planifié à l’avance. C’est justement là que réside toute la force de cette idéologie. En revanche, si cette théorie peut contribuer au lâcher-prise, elle est également discutable.
Elle vous dédouane de votre responsabilité et sous-entend que cette tartine grillée est le coup d’une force supérieure. Une notion qui retournerait les philosophes cartésiens dans leur tombe. Comme l’évoquait Leibniz, « tout arrive pour une raison, et rien de ce qui existe n’aurait pu être autrement ». En résumé, si votre pain a mué en charbon c’est certainement parce que vous avez mis la température trop haute ou omis de surveiller le timer. Rien de surnaturel ou de paranormal donc.
Attention de ne pas verser dans la positivité toxique
La « burnt toast theory » s’émiette volontiers dans votre esprit lorsque tout semble flou ou indomptable autour de vous. En revanche, gare à ne pas trop abuser de cette « méthode », au risque de basculer dans la positivité toxique. Malgré son essence bienveillante, elle a aussi ses travers. En prônant le « positif à tout prix », elle ferme une porte aux émotions négatives et vous incite à croire que vos « soucis » sont dérisoires, voire irrecevables.
Vous vous persuadez que ce ne sont que des broutilles. Vous vous surprenez même à dire « ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». Avec cette injonction à la bonne humeur en toile de fond, vous ne vous autorisez pas à « aller mal » et vous arborez seulement un sourire de « façade ». Cependant, de l’intérieur vous souffrez et c’est tout à fait légitime. La « burnt toast theory » ne doit pas devenir une obsession absolue. Elle est à prendre avec des pincettes.
« Les platitudes comme ça peuvent être profondément invalidantes et blessantes lorsqu’elles ont pour but d’éclipser des émotions déplaisantes, comme le deuil, la colère ou la honte », souligne la psychologue Lauren Appio dans les colonnes du Huffpost
La « burnt toast theory » défend une philosophie de vie plutôt inspirante. Toutefois, ce pain grillé peut aussi vous brûler les doigts ou vous rester en travers de la gorge. Finalité : tout est question de dosage.