Imaginez qu’après une ablation mammaire (mastectomie), suite à un cancer du sein, on puisse reconstruire totalement le sein malade ? Ce nouveau type de prothèse imprimée en 3D a déjà été posé sur quatre femmes. Une technologie temporaire ou définitive, qui permet de reproduire de manière plus réaliste les seins malades des patientes atteintes d’un cancer du sein. Ainsi que d’éviter les prothèses mammaires, que peu de femmes se risquent à utiliser après leur mastectomie. Depuis deux ans, une start-up travaille également sur une bioprothèse qui reconstruirait le sein à partir des cellules de la patiente. Explications.
Éviter les prothèses en silicone
Chaque année, 2 millions de femmes dans le monde sont atteintes d’un cancer du sein. Une prothèse mammaire sur-mesure, reproduisant à l’identique le sein absent, a été posée pour la première fois sur une femme, a révélé Le Parisien le 18 octobre dernier. Ce projet a démarré avec un simple appel entre Géraldine, atteinte d’un cancer du sein qui s’apprêtait à subir une mastectomie, et son ami, Julien Montenero, prothésiste facial « Comment je vais ? Dans dix jours, je dois subir une mastectomie. J’ai un cancer du sein », lui dit-elle.
Géraldine est aujourd’hui la première femme à avoir bénéficié de ce nouveau type de prothèse. Et déjà quatre femmes ont été aidées de la même manière par la suite.
« En faisant le choix de la mastectomie, j’avais déjà pris l’option de la reconstruction mammaire dans la foulée. Mais c’est un choix personnel. Ma mère, qui a eu le même cancer et une mastectomie, a bien vécu des années sans son sein. Elle est aujourd’hui entre les mains de Julien », ajoute Géraldine.
La mastectomie est une ablation partielle ou totale d’un sein, nécessaire à la guérison. Cette opération concerne un tiers des femmes atteintes d’un cancer du sein. Et en 2020, seulement 20 % des femmes optaient pour la reconstruction mammaire, par crainte de rupture des prothèses en silicone.
Géraldine, elle, a par exemple pris la décision finale d’une reconstruction mammaire chirurgicale. Le but est d’éviter la prothèse actuelle en silicone, difforme, de couleur blanche, et, comme le précise Géraldine au Parisien, « super lourde et qui ne ressemble à rien ». Et qui nécessite donc en plus le rachat de nouveaux soutiens-gorge adaptés.
Comment marche cette prothèse en 3D ?
Ainsi, pour Julien, cette technologie vise à « mettre la 3D au service de l’humain ». En effet, cette nouvelle prothèse a l’avantage d’être ultra réaliste, notamment grâce à sa densité, sa texture, sa forme et sa couleur. Alors comment se pose cette prothèse en 3D ? La reproduction du sein se fait grâce à un scanner 3D, réalisé sur le sein qui va subir l’opération ou sur l’autre, dans le cas où l’ablation a déjà eu lieu. Ces impressions 3D vont permettre de sculpter un moule sur-mesure dans lequel est créée la prothèse médicale.
Ensuite, c’est à la patiente de faire le libre choix de se faire poser une prothèse temporaire (deux mois après son opération) ou une prothèse définitive, environ quatorze mois après. Bien sûr, la patiente peut toujours faire le choix de faire une reconstruction mammaire, pour des raisons personnelles ou médicales.
Pour l’instant, la certification de la technologie dont a bénéficié Géraldine est toujours en cours. Mais une structure dédiée exclusivement à son développement vient d’être mise en place. Et le déploiement de cette étape permettrait de réduire fortement les coûts. Le prix de la prothèse temporaire s’élevant en effet à 1 000 euros et à 6 000 euros pour une prothèse définitive.
Reconstruire le sein à partir des cellules de la patiente
Depuis près de deux ans, HealShape, une start-up lyonnaise, travaille également sur une solution de reconstruction mammaire naturelle pour les femmes ayant subi une mastectomie. Leur objectif est de reconstruire un sein imprimé en 3D, à partir des cellules de la patiente. La bioprothèse est résorbable, et bio-imprimée à partir d’une encre qui facilite la régénération des tissus sains de chaque femme. C’est une fois implantée que la ou le médecin pourra effectuer un « lipofilling », c’est-à-dire y injecter des cellules de la patiente.
Les cellules de la patiente adopteraient la forme de la bioprothèse, et seront capables de reconstruire du tissu mammaire. Ainsi, après six à neuf mois de travail, la prothèse se résorberait par elle-même, et laisserait place uniquement aux cellules de la patiente. Elle devrait donc retrouver son sein, en une seule opération. Pareillement, la start-up est au stade pré-clinique. Sa créatrice Sophie Brac de La Perrière et son équipe espèrent commencer les essais cliniques d’ici deux ans.
« Nous sommes allées à la rencontre de patientes et d’associations de patientes, elles sont toutes très enthousiastes sur le projet. D’ailleurs, plusieurs se sont déjà dites partantes pour les essais », explique Sophie Brac de La Perrière à Ouest-France.
De belles innovations médicales ! Et vous, qu’en pensez-vous ? Venez partager vos impressions sur le forum de The Body Optimist !