12 000 femmes sont décédées des suites d’un cancer du sein en 2020. Mais il y a un combat dont on parle moins : celui du quotidien. Travail, couple, famille, ami.e.s… c’est tout un monde qui s’écroule quand le cancer débarque. Zoom sur cette lutte pour la vie, dans tous les sens du terme, en ce jour de lancement de la 29e édition d’Octobre Rose.
Une difficile réinsertion professionnelle
Bien qu’il se soigne de mieux en mieux – on estime les chances de guérison à 90 % lorsqu’il est pris à temps – le cancer du sein est absolument éreintant. Chimiothérapie, radiothérapie, opérations et traitement en tout genre, les malades se voient obligées de se transformer en guerrières pour rester en vie.
Sur les 48 000 cas détectés chaque année, 26 % sont des femmes en âge de travailler. À cet égard, il est important de savoir que plusieurs dispositifs pour les femmes souffrants ou ayant souffert de cancer du sein sont inscrits dans le droit du travail. L’employeur a par exemple obligation d’excuser les absences pour rendez-vous médicaux et de proposer un aménagement de poste ou un mi-temps thérapeutique.
Néanmoins, en dépit de la théorie, la situation professionnelle des malades reste délicate. Stress, fatigue, troubles anxieux ou dépressifs, réaction de la hiérarchie ; de nombreux facteurs entrent en jeu. 20 % des femmes atteintes d’un cancer du sein perdent leur emploi deux ans après l’intervention du diagnostic. Et le problème ne s’arrête pas là, même lorsqu’elles sont guéries, les patientes restent en difficulté puisque 25 % sont réaffectées à un poste qu’elles considèrent comme moins intéressant.
En réaction à cette problématique, Anne-Sophie Tuszynski a fondé le club d’entreprises Cancer@Work. Le but : aider à la fois les employé.e.s et les employeurs dans ce passage compliqué. De la même manière, depuis 2016, le service Allo Alex propose des solutions pratiques pour parvenir à un bon accompagnement gratuitement par téléphone, pour le cancer et toutes maladies chroniques.
Famille et ami.e.s : les dommages collatéraux
Professionnel, mais aussi personnel. Le cancer du sein est un combat quotidien qui met inévitablement à l’épreuve les relations. Il est notamment difficile de concilier cancer et vie de famille. Les conjoint.e.s peuvent se sentir dépassé.e.s et impuissant.e.s. Certain.e.s se renferment et se murent dans le silence pour épargner du tracas supplémentaire à leur bien-aimée. D’autres deviennent distant.e.s face aux modifications physiques de leur partenaire, dont le corps est impacté par les différents traitements du cancer. Quoiqu’il en soit, gérer une telle situation n’est pas toujours aisé.
Les enfants aussi, selon leur âge, peuvent se sentir démuni.e.s face au cancer de leur maman. Outre la peur de la maladie et de perdre un parent, iels doivent parfois faire face à un sentiment de jalousie des plus jeunes sur qui on braque toute l’attention par manque de temps. Cela peut être perturbant et difficile à comprendre pour un.e enfant en bas âge.
L’amitié est mise à mal également. Les malades sortent moins. Leurs ami.e.s ne savent parfois pas comment se comporter vis-à-vis de la maladie. Les relations les plus banales deviennent un véritable casse-tête. Pour parer cet effet secondaire, il est important de pouvoir parler à des professionnel.le.s ou à d’autres personnes vivant la même épreuve (dans des groupes de paroles par exemple). Cela peut réellement aider à se sentir entouré.e et à comprendre comment soutenir au mieux son proche.
Un dépistage qui sauve des vies face au cancer du sein
Le risque de développer cette pathologie est plus élevé après la ménopause, c’est pourquoi il est vivement recommandé d’effectuer un dépistage par an dès 50 ans. Mais l’âge n’est pas le seul facteur de risque. Les antécédents familiaux ou personnels, la sédentarité, le surpoids, le tabagisme ou encore l’alimentation peuvent favoriser le développement de cellules cancéreuses.
« Le dépistage, c’est important parce que ça sauve des vies », insiste en ce sens le docteur Vincent Dancourt
Il est aussi important de se rappeler que le cancer du sein n’est pas qu’une affaire de femme ! S’ils ne représentent qu’un cas sur 100, les hommes peuvent aussi être exposés à ce risque. La rareté de la situation amène néanmoins souvent à des retards de diagnostic qui peuvent se révéler dramatiques. Le dépistage, ne serait-ce que par palpation, est essentiel, dès l’âge de 25 ans et même en l’absence de symptôme pour tou.te.s.
Sanitaire, économique, affectif… aucun aspect de la vie n’est laissé en reste par le cancer du sein. C’est un fléau qui infecte toutes les strates de la société. Pour ce 29e mois d’octobre rose, il est temps de se mobiliser donc pour éveiller les consciences. Ce n’est pas que chez les autres que ça arrive. On est tou.te.s concerné.e.s, directement ou non. Ne prenons pas à la légère cette maladie, et faisons nous dépister !