Comment aborder les repas de Noël quand on souffre de troubles alimentaires ?

Noël s’apparente à un véritable marathon gustatif. Le menu se joue en plusieurs manches et les mets sont tous plus fastueux les uns que les autres. De l’entrée au dessert, c’est l’orgie culinaire. Si pour beaucoup, ces plats gargantuesques sont la définition même de la convivialité, pour les personnes qui cohabitent avec des troubles alimentaires, ils ravivent de grandes angoisses. Ces plats XXL, qui circulent de main en main et qui emplissent les assiettes jusqu’au débordement, sont leur pire cauchemar. Au-delà des multiples affronts avec la nourriture, il faut aussi gérer les critiques sur les quantités prélevées et les jugements autour de l’appétit. En ces Fêtes où tout le monde scrute chaque mouvement de fourchette, difficile de taire ses démons intérieurs. Voici donc quelques pistes pour aborder les repas de Noël plus sereinement quand les troubles alimentaires ont la mainmise.  

Informez vos proches en amont

En général, il est plus courant de dissimuler ses troubles alimentaires que de les révéler au grand jour. Pourtant, en parler peut soulager d’un poids. Informer votre famille de vos préoccupations alimentaires peut permettre de créer un environnement de soutien et de compréhension. C’est aussi une manière de mettre un terme aux critiques déplacées du style « tu as un appétit de moineau » ou les constats inutiles du genre « tu manges pour trois ».

Pas besoin de le scander au milieu de la table et d’en faire un moment solennel. Vous pouvez simplement évoquer le sujet à la personne qui organise le repas pour faciliter le contact avec la nourriture. Vous pouvez ainsi lui demander quelques petites faveurs comme éloigner les plats de votre champ de vision ou servir des plats familiaux plutôt que des portions individuelles.

Le fait de désamorcer la conversation avant le jour J et de prévenir votre hôte sur vos besoins spécifiques vous évitera de « jouer un rôle ». Appréhender le repas de Noël quand on bataille avec des troubles alimentaires est déjà assez compliqué. Alors pas question de se rajouter un challenge supplémentaire en faisant « semblant ». En mettant quelqu’un dans la confidence, vous vous faites un.e allié.e et vous profitez d’un précieux renfort. Les anges existent aussi sur terre. Il faut seulement savoir les identifier.

Faites des exercices de visualisation

Pour mieux envisager les repas de Noël avec vos troubles alimentaires, échauffez-vous et essayez de vous projeter grâce aux techniques de visualisation. Ces exercices « immersifs » vous permettent de vivre le jour J en « avant première » et ainsi mieux gérer les confrontations avec la nourriture. Pour les mettre en pratique, isolez-vous dans un endroit calme, fermez les yeux et focalisez-vous sur votre respiration.

Imaginez le repas de Noël de manière positive, en faisant fi des aspects alimentaires. Concentrez-vous seulement sur les côtés plaisants de ce rendez-vous familial, ceux qui vous procurent du bonheur. Une fois ce cadre posé dans votre esprit, visualisez-vous faisant des choix alimentaires et savourant chaque bouchée. Cette préparation mentale peut paraître anecdotique, mais elle vous permettra de prendre des décisions conscientes une fois le temps des festivités venu.

Utilisez la distraction

Devant le repas de Noël qui n’en finit pas, les troubles alimentaires monopolisent toutes les pensées. Cette petite voix, que vous entendez tout le temps, est encore plus assourdissante. Elle vous demande de faire attention aux calories, de surveiller les quantités et de ne pas céder à la « gourmandise ». En clair, elle vous fait culpabiliser à chaque bouchée. Pour la rendre plus silencieuse et l’ignorer efficacement, faites diversion.

Engagez des conversations nostalgiques avec vos proches, adonnez-vous à un jeu de cartes pour rendre l’attente entre les plats moins dévorante ou pressez une balle anti-stress « ni vu ni connu » sous la table. Ne laissez pas les questions malsaines prendre le dessus. Meublez les moments de latence et les temps morts comme vous le pouvez. Ces petites feintes mentales permettent de vous décentrer de la nourriture pour vous recentrer sur les liens humains et l’instant présent.

Planifiez à l’avance

L’idée n’est pas de tout calculer au millimètre. Sinon, en cas d’imprévus de dernière minute, vous risquez d’être encore plus dans la tourmente. L’objectif est plutôt de vous mettre en condition et de réussir à identifier vos « red flags » alimentaires. « Qu’est-ce qui déclenche vos crises ? », « Comment vos crises se manifestent-elles ? », « Quelles sont vos plus grosses tentations, ou au contraire vos plus grandes peurs ? ». Grâce à toutes ces questions, vous pourrez prendre suffisamment de recul sur vous-mêmes et vous adapter à tous les scénarios.

Pour que les repas de Noël ne fassent pas trop ressurgir vos troubles alimentaires, vous pouvez également suggérer d’apporter votre propre plat. Ainsi, vous pouvez rester dans votre « zone de confort » et garder une certaine sécurité alimentaire. À la simple vue de ce mets familier, vous vous apaisez. Ce parti-pris du « un plat maison par invité » peut même devenir une nouvelle tradition.

Concentrez-vous sur les choses que vous aimez à Noël

Certes, Noël se caractérise par des repas fastueux, des victuailles en abondance et des menus démesurés. Mais cette valse culinaire n’est qu’une facette de la fête. Pour vous rassurer, essayez d’explorer Noël avec un filtre plus positif. Demandez-vous ce qui vous met le plus en joie durant cette période de l’année. Est-ce que ce sont les chants de Noël ? Les décorations ? L’ouverture des cadeaux devant le sapin ? Ou alors les traditionnelles photos de famille avec bonnet de père Noël imposé ?

Trouvez le bonheur dans d’autres symboles de Noël pour compenser avec votre malaise autour de la table. Même si le repas est au cœur des festivités, vous pouvez vous référer à d’autres détails joyeux et non-alimentaires pour décompresser. Tentez de déterminer une activité « refuge » pour que les repas de Noël sonnent moins forts sur vos troubles alimentaires.

Ne vous forcez pas à manger plus

Ne laissez pas les repas de Noël entacher votre combat contre les troubles alimentaires. Si vous êtes sur une belle pente, il serait dommage de ruiner tous vos efforts simplement par politesse ou pour ne pas vexer votre hôte. Lorsque vous sentez que vous avez assez mangé, déposez vos couverts. Ne prenez pas une ou deux bouchées de plus pour faire « plaisir » aux autres ou pour vider totalement votre assiette.

Vous n’avez rien à prouver. Même si les réflexions fusent, respectez vos propres limites. N’hésitez pas à refuser la « dernière » portion que l’hôte vous propose ou à décliner cette part de bûche, que l’on vous tend avec des yeux moralisateurs. Écoutez les signaux que votre corps vous envoie et dites non sans attendre d’être à saturation.

Les repas de Noël peuvent prendre l’allure d’un enfer déguisé si vous souffrez de troubles alimentaires. Si le cœur ne vous en dit pas, sachez que vous êtes aussi en droit de refuser l’invitation et de passer Noël tranquillement, à la maison.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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