Voici comment le perfectionnisme toxique peut affecter la santé mentale

Souvent utilisé comme le « bon défaut » à avoir lors des entretiens d’embauche, le perfectionnisme est généralement considéré de façon positive. Féliciter quelqu’un pour son perfectionnisme est un compliment commun, gage de qualité. Mais en réalité, le perfectionnisme cache un versant toxique qui peut nuire à la santé mentale. Éclairage.

Que signifie le perfectionnisme ?

Généralement, lorsque vous pensez à un.e perfectionniste, vous vous figurez une personne méticuleuse, méthodique, organisée et avec de hauts standards. Si ces qualités sont admirables, elles sont surtout le fruit d’une construction sociale très ancrée.

Depuis l’enfance, on s’entend répéter qu’il faut faire du mieux possible pour atteindre la réussite scolaire (notamment chez les jeunes filles). Ainsi, la psychologie décrit le perfectionnisme comme :

« Le fait qu’une personne s’efforce d’être irréprochable et se fixe des standards de qualité excessivement élevés, accompagnée par une auto-critique permanente et draconienne, tout en s’inquiétant du jugement des autres »

On peut en détacher trois genres différents ayant un impact sur nos vie.

  • Le perfectionnisme socialement prescrit intervient lorsque l’on se sent un devoir de perfection pour satisfaire les attentes d’autrui.
  • Le perfectionnisme orienté vers les autres désigne une haute exigence de notre part vis-à-vis des autres.
  • Le perfectionnisme orienté vers soi-même souligne la volonté profonde d’être parfait.e.

Que disent les études ?

Si, dans les faits, le perfectionnisme n’est pas une mauvaise chose : il nous pousse à donner et à offrir le meilleur de nous-mêmes. Il cultive une face sombre. Les études montrent qu’il peut devenir toxique et affecter la santé mentale s’il n’est pas sainement contenu.

En effet, en s’intéressant à l’incidence des émotions négatives, des chercheur.se.s ont mis le doigt sur des chiffres troublants. Iels ont conjoint différentes études auprès de plus de 40 000 étudiant.e.s aux États-Unis, Canada et Grande-Bretagne entre 1986 et 2016. Cette initiative a révélé que de plus en plus d’étudiant.e.s affichent des qualités perfectionnistes.

Hélas, ce perfectionnisme s’avère toxique, car souvent lié à la dépression, aux troubles alimentaires voire même au décès prématuré. En somme, le perfectionnisme devient toxique en étant un incubateur de stress, d’anxiété et de dépression.

Une auto-critique démesurée

La recherche constante de perfection sous-entend aussi la critique intempestive : les perfectionnistes ne sont jamais satisfait.e.s. Iels considèrent que leur valeur sociale tient de leurs réussites, pour cela, il faut viser la perfection. L’approbation d’autrui est une belle victoire, mais le Graal serait sa propre validation. Or, cette quête constante du mieux l’empêche.

Si l’autocritique est un mécanisme sain qui nous garde de mauvaises actions ou nous aide à nous améliorer, elle est néfaste si elle est trop poussée. Elle peut générer des pensées et des sentiments négatifs. En effet, les perfectionnistes ont du mal à reconnaître leurs limites, iels se poussent à bout. Et même en cas de réussite, les perfectionnistes ont du mal à ressentir de la satisfaction. C’est un cercle vicieux qui empêche le sentiment de fierté ou de plénitude.

Un état d’esprit fatigant

Cette recherche perpétuelle du mieux est évidemment porteuse d’une pression éreintante. Il est impossible de continuer indéfiniment sur ce chemin, le perfectionnisme est toxique lorsqu’il est la source d’un grand épuisement.

Par ailleurs, si vous êtes très (trop) perfectionniste, il vous faudra veiller à ne pas tomber dans le syndrome d’épuisement professionnel : le burn out.

Une grosse dose de stress

Nous l’avons dit, le perfectionnisme peut être toxique en ce qu’il est une grande source de stress. Dans l’absolu, il vous motive à vous dépasser. Mais à terme, le stress peut être désastreux pour la santé physique et mentale. Le sommeil, l’appétit, la digestion, les fonctions immunitaires peuvent être profondément impactés. Cela rajoute encore de l’anxiété.

L’étude dont nous faisions mention plus haut a identifié neuf symptômes d’épuisement issus du perfectionnisme toxique. Nous trouvons l’anxiété, la dépression, l’irritabilité ou la colère, le manque de motivation ou de passion, les troubles du sommeil, les troubles de la mémoire ou de la concentration, le retrait social, les sautes d’humeur et les manifestations physiques (nausées, migraines, faible libido).

Perfectionnisme toxique : que faire pour s’en sortir ?

1 – Être bienveillant.e envers soi-même

L’auto-compassion est importante dans ce cas. Soyez indulgent.e avec vous-même. Vous pouvez commencer en passant de « faire des efforts pour que ce soit parfait » à « faire de son mieux ».

Lorsque vous n’obtenez pas le résultat escompté, plutôt que de vous blâmer, vous pouvez essayer de lister les éléments de réussite dans ce projet. N’hésitez pas à vous accorder le droit de vous faire plaisir. Organisez-vous des temps libres qui vous sont consacrés.

2 – Accepter l’échec pour sortir du perfectionnisme toxique

Quoique vous en pensiez, l’échec fait et fera partie de votre vie. C’est un gros obstacle auquel nous sommes tou.te.s confronté.e.s. Mais il n’est pas entièrement mauvais. En effet, l’échec peut même être le porteur de belles choses. Grâce à lui, nous apprenons, nous nous améliorons et nous grandissons. Sans lui, impossible de savoir comment se perfectionner.

3 – S’ancrer dans la réalité

C’est souvent la bête noire du perfectionnisme toxique : il fixe des objectifs parfois impossibles à atteindre. Avoir des objectifs est sain, mais il faut prendre la conscience que nous ne sommes pas (physiquement ou mentalement) capables de tout dans l’instant.

Alors, mieux vaut viser la progression que la perfection. Pour cela, il faut envisager vos projets, responsabilités de manière réaliste.

4 – Sortir de la procrastination

C’est un écueil assez toxique dont on parle rarement dans le perfectionnisme. Pourtant, de nombreux.ses perfectionnistes sont de grand.e.s procrastinateur.rice.s. En effet, iels ne veulent pas commencer une activité qui prendra des heures à être parfaitement réalisée.

Alors, il leur est plus simple de considérer qu’il vaut mieux de pas entamer une tâche plutôt que de mal la réaliser. Pour cela, fixez-vous des normes plus basses, lancez-vous des petits défis d’imperfection.

5 – Faire appel à un.e psychologue

Si malgré tous vos efforts, rien n’y fait, plutôt que d’enfouir vos émotions, n’hésitez pas à en parler à quelqu’un. L’anxiété est une sensation difficile à gérer, il faut obtenir les bonnes clés pour y arriver. Et parfois, il vous faut quelqu’un pour vous les donner. Ne rien dire, même pas à vos proches, vous fera entrer dans un cercle vicieux en plus de prendre le risque de l’isolement.

Le perfectionnisme est une jolie qualité lorsqu’il n’est pas toxique. Hélas, la ligne entre les deux est fine et souvent dépassée. Se sortir de ce schéma permet de se rapprocher des autres, de devenir plus authentique, L’expérimentation assainie de l’échec est, elle aussi, un gain pour son développement personnel. Alors, travailler votre perfectionnisme pour l’utiliser à bon escient et gagner confiance en vous pourrait être votre nouvel objectif ?

Charlotte Vrignaud
Charlotte Vrignaud
En tant que journaliste spécialisée dans les médias et la culture, mon quotidien est une aventure passionnante au cœur de l'évolution culturelle et médiatique de notre époque. Mon rôle consiste à décrypter et à partager les tendances émergentes, les innovations et les récits captivants qui façonnent notre société.
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