La ménopause arrive bien avant l’âge officiel de la retraite. Pourtant, la plupart des entreprises font comme si elle n’existait pas et préfèrent ignorer cette réalité biologique. Même si les symptômes varient d’une femme à l’autre et s’avèrent plus au moins supportables, ils peuvent sacrément perturber la journée de travail des employées féminines et les retarder dans leur tâche. Mais les femmes sont condamnées à subir bouffées de chaleur, fatigue et sautes d’humeur, en silence. Pour lever les tabous, la ville de Strasbourg expérimente actuellement un congé dédié à la ménopause. Sur le même modèle que le congé menstruel, il permet aux femmes en proie à la ménopause de « souffler ». Une initiative inédite et salutaire qui mérite de s’étendre à d’autres régions.
Un congé ménopause en phase de test dans la ville de Strasbourg
Ménopause. Un mot interdit, voire imprononçable dans le monde du travail. Les femmes qui traversent cette mutation intime sont rarement entendues derrière les murs des open spaces. Elles sont contraintes de se ventiler avec des classeurs, de s’éclipser dans les toilettes pour ne pas envoyer paître leur intarissable collègue et de forcer sur leur paupière pour ne pas tomber raide sur leur clavier. La ménopause n’est pas tendre avec le corps de ces mesdames. Et lorsqu’elle se fait trop rugissante, les salariées doivent sacrifier des jours de repos, durement acquis. Ce, justificatif à l’appui.
Pour en finir avec cette injustice et reconnaître le caractère pénible de la ménopause, l’Eurométropole de Strasbourg a lancé une expérimentation inédite en France : le congé de santé gynécologique. Ce dispositif permet aux agentes souffrant de douleurs menstruelles, d’endométriose ou de symptômes liés à la ménopause de bénéficier de 13 jours d’absence exceptionnelle par an. Cette mesure vise à reconnaître les défis spécifiques auxquels sont confrontées les femmes sur leur lieu de travail et à leur offrir un soutien adapté.
Dans le sillage du congé menstruel, le congé ménopause permet ainsi aux femmes concernées de s’absenter sans toucher aux cinq semaines de vacances qui leur sont allouées chaque année. Toutefois, il y a quelques conditions à respecter. Les employées ont un plafond de trois jours consécutifs et doivent présenter un certificat médical obtenu par un gynécologue ou une sage-femme.
Une initiative salutaire qui fait pourtant débat
Ce congé ménopause a à peine eu le temps de faire ses preuves qu’il suscite déjà des débats houleux. La préfecture du Bas-Rhin a contesté la légalité de ce congé, arguant qu’il « contrevenait aux principes d’égalité de traitement entre les salariés et de non-discrimination ». Selon la préfecture, « la mise en place d’un congé spécifique pour des raisons de santé gynécologique pourrait être perçue comme une discrimination fondée sur le sexe ». Ce qui est contraire aux principes établis par le Code du travail et la Constitution française.
Ce congé ménopause a rapidement été abrégé. Accusé de marginaliser les femmes du monde professionnel, il ne fait pas l’unanimité auprès de tout le monde. Pourtant, ce congé n’est pas du « luxe », pour ces femmes, qui affrontent cette tempête hormonale en solitaire.
Comment la ménopause affecte les femmes dans leur travail ?
La ménopause ne se résume pas à quelques bouffées de chaleur. Elle est bien plus envahissante. Irritabilité, trouble de la concentration, fatigue intense… ces désagréments peuvent altérer le bien-être général au travail et agir sur la productivité. Selon une étude de la MGEN et de la Fondation des Femmes, près de 30 % des Françaises estiment que la ménopause a un impact négatif dans le cadre professionnel.
Les femmes qui font face à la ménopause ne disent peut-être rien, mais intérieurement, c’est le chaos total. En plus, elles entrent dans un âge qui les placent directement sur un siège éjectable. Elles doivent alors « rester irréprochables » dans leur fonction. Elles se sentent presque obligées de « faire bonne figure ». Mais malgré tous leurs efforts, la ménopause les dévie de leur trajectoire professionnelle et laisse leur carrière au point mort.
En définitive, le congé ménopause est une petite révolution. S’il n’est pas encore en vigueur partout, il met la santé des femmes à l’honneur. Aura-t-il le même avenir que le congé menstruel ?