Congé menstruel : un droit salarial bientôt en France ?

En ce 16 février 2023, L’Espagne vient officiellement de dire oui au « congé menstruel ». Au Japon, en Corée du Sud, en Inde ou encore en Zambie, le « congé pour règles douloureuses » existe également. En France, c’est un autre son de cloche. Il n’est pas inscrit dans la loi et fait toujours l’objet de vives débats.

En 2021, il a été au centre d’un sondage de l’IFOP avec 20 minutes associé à la marque de culottes menstruelles « Eve and co ». On y apprend, notamment, que les Françaises sont majoritairement favorables à un congé menstruel.

Un congé menstruel qui divise en France

Pour ou contre un congé menstruel ? 68 % des Françaises se déclarent favorables à cette idée (en 2021). Chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans, ce chiffre atteint même 78 %. Le congé menstruel permettrait de s’arrêter plusieurs jours pour motif de « règles douloureuses ». Le tout remboursé par la Sécurité sociale.

Pour les Espagnol.e.s souffrant de règles douloureuses, il est désormais possible de demander un arrêt maladie en cas de symptômes aigus, signé par leur médecin traitant, sans « durée limitée ». En France, la mesure n’est pas d’actualité et divise même, notamment chez certaines militantes féministes. D’un côté, Elise Thiébaut, auteure de « Ceci est mon sang » expliquait à 20 minutes en 2021 :

« Si 68 % le demandent, c’est bien que cela correspond à un besoin ressenti. Il faut étendre les droits comme on a encadré le travail de nuit »

De l’autre, la crainte est qu’un tel congé augmenterait les discriminations. « Cette mesure pourrait décourager encore plus les employeurs qui n’étaient déjà pas très scrupuleux en termes d’égalité. Ils se demanderaient l’intérêt d’embaucher quelqu’un qui sera absent.e trois jours par mois puis ensuite le temps du congé maternité etc », explique ainsi Claire Serre-Combe, porte-parole d’Osez le féminisme.

À la place, elles plaident pour une meilleure prise en charge médicale des règles douloureuses, car « les douleurs menstruelles ne sont pas une fatalité » rappelle Ophélie Latil, fondatrice du collectif Georgettes Sand.

La précarité menstruelle au coeur des préoccupations

Le sondage de l’IFOP a également interrogé les femmes au sujet de la précarité menstruelle. Et le chiffre est glaçant : 30 % souffrent ou ont souffert de ce type de pauvreté. On apprend que 19 % estiment avoir dû choisir entre l’achat de protections périodiques et un autre achat de première nécessité. 15 % révèlent même avoir dû fabriquer elles-mêmes leurs protections périodiques.

Face à ces difficultés d’accès, les Françaises se révèlent très largement favorables à la mise en place de distributeurs gratuits de protections hygiéniques dans les établissements publics à 92 % et à 90 % dans les entreprises (en 2021). D’autre part, le sondage indique que le remboursement par la Sécurité sociale de toutes les protections périodiques est souhaité à 81 %.

« En choisissant la gratuité universelle, on prend le risque de créer une dépendance au jetable : toutes les expérimentations de gratuité se sont faites sur la base de produits jetables. Subventionner massivement ces produits se ferait au détriment de l’innovation, notamment dans les protections hygiéniques réutilisables, pourtant plus respectueuses du corps et de l’environnement », prévient cependant Tara Heuzé-Sarmini, fondatrice et directrice générale de l’association Règles Élémentaires

Vers la fin du tampon ?

Dans un même temps, cette étude IFOP révèle que le tampon est en nette perte de vitesse chez les Françaises en 2021 puisque moins d’une sur cinq (19 %) déclare avoir y avoir aujourd’hui recours durant ses règles. La révélation de cas de chocs toxiques mortels ou de conséquences dramatiques ces dernières années a eu un réel impact notamment chez les plus jeunes. Seulement 12 % des 15-19 ans disent utiliser un tampon comme protection.

Les serviettes jetables arrivent, elles, largement en tête chez les utilisatrices (60  % et jusqu’à 79% chez les jeunes âgées de 15 à 19 ans). Mais c’est un petit nouveau qui gagne du terrain : la culotte menstruelle. 69 % de femmes seraient disposées à en utiliser pour le confort pour 94 % d’entre elles et protéger l’environnement pour près des 2/3 (61 %).

Enfin, l’étude indique aussi que 70 % des femmes n’osent pas se masturber pendant leurs règles. Les menstruations semblent donc, encore et toujours, être un frein avéré à la sexualité. Pourtant, selon une autre étude, elle permettrait de réduire significativement les douleurs de règles. Alors, à quand un congé menstruel en France et la fin des tabous ?

Léa Dechambre
Léa Dechambre
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