La contraception repose depuis des années sur des options limitées, laissant les femmes accablées par la charge contraceptive. Si ces dernières ont accès à une variété de méthodes contraceptives, allant de la pilule contraceptive aux dispositifs intra-utérins, les options pour les hommes sont quasi inexistantes. Une nouvelle découverte scientifique prometteuse pourrait changer la donne ! On vous explique.
Une protéine « façon LEGO » percée à jour
Une équipe de chercheur.se.s a annoncé, le 25 octobre dernier, avoir fait une découverte éclairante. Selon leur étude publiée dans la revue scientifique britannique Nature, la protéine SLC9C1 pourrait ouvrir une voie concrète vers une pilule pour homme.
Cette protéine, présente chez les oursins, avait déjà été analysée en 2018. Des chercheur.se.s affirmaient alors qu’elle renfermait « une structure particulière ». L’émergence d’une contraception masculine efficace suscitant toujours moult débats, une autre équipe de scientifiques a poussé l’analyse plus loin. L’idée : analyser du sperme d’oursin afin de décrypter plus précisément le fonctionnement de cette protéine SLC9C1. Cette dernière étant présente également chez l’homme.
À la lecture de l’étude, on apprend qu’elle se situe précisément dans la membrane cellulaire du spermatozoïde. Selon Cristina Paulino, biologiste et autrice de cette étude citée par le HuffPost : « cette protéine combine des compétences mécanistes jamais vues auparavant ». En utilisant la technique « microscopie cryoélectronique », les chercheur.se.s ont pu la « décortiquer ». Iels ont découvert qu’elle est constituée d’un assemblage de segments. Une protéine façon LEGO donc, qui pourrait révolutionner la contraception masculine.
La voie vers une pilule pour homme ?
Concrètement, la protéine SLC9C1 impacte la motilité des spermatozoïdes. Elle s’avère être une composante clé pour verrouiller temporairement les canaux reproducteurs masculins. Les chercheur.se.s comparent son rôle à celui des briques LEGO qui s’emboîtent pour construire une barrière empêchant le passage des spermatozoïdes.
Suite à l’observation des oursins, les scientifiques ont en effet découvert qu’elle est capable de « modifier l’intérieur des cellules spermatiques, en les rendant plus alcalines ». On le sait, le sperme est particulièrement sensible au pH trop bas (acide), tout comme au pH trop haut (alcalin). Pour que les spermatozoïdes s’activent, il leur faut un environnement acide. Une pilule ciblant cette protéine SLC9C1 chez l’homme pourrait ainsi engendrer l’incapacité des spermatozoïdes à se déplacer. La fertilité serait alors quasi ou totalement impossible.
Bien que la découverte de la protéine SLC9C1 soit prometteuse, il reste encore de nombreux défis à relever avant qu’une pilule contraceptive masculine ne devienne une réalité. Des études scientifiques et des essais cliniques doivent encore être menés. L’objectif étant de pouvoir affirmer avec certitude la possibilité qu’un médicament cible efficacement la protéine SLC9C1 chez l’homme, tout en minimisant les effets secondaires.
Pourquoi tant de retard sur la contraception masculine ?
La contraception a joué un rôle fondamental dans l’autonomie reproductive des femmes, en leur permettant de décider quand et si elles souhaitent avoir des enfants. Sauf que la recherche sur la contraception a historiquement été centrée sur les femmes. La responsabilité de la contraception repose ainsi principalement sur leurs épaules. Cela engendre des conséquences parfois lourdes, tant sur le plan physique que psychologique.
Fort heureusement, ces dernières années ont vu un changement de perspective. Il y a une prise de conscience croissante de l‘importance de l’égalité dans les rôles et responsabilités en matière de contraception. L’éventualité d’une contraception masculine efficace et accessible laisse donc entrevoir un avenir où les hommes auraient un rôle actif dans la contraception. Chaque individu.e aurait pleinement la possibilité de choisir la méthode contraceptive qui lui convient le mieux.
La recherche en contraception masculine a ainsi franchi une étape décisive avec la découverte du pouvoir de cette protéine SLC9C1. Il est à espérer que cette découverte marquera le début d’une nouvelle ère de choix contraceptifs équilibrés. Une ère où chaque individu peut participer pleinement à la prise de décision contraceptive.