La cyclothymie est une pathologie caractérisée par des changements d’humeur. Une personne cyclothymique oscille entre des phases d’excitation et des phases de dépression. C’est une forme de trouble bipolaire. Ces cycles peuvent grandement perturber la vie sociale, familiale et professionnelle des personnes qui en sont atteintes.
De plus, cette pathologie est désavantagée par une errance de diagnostic : le corps médical la reconnaît difficilement parmi les autres troubles mentaux. Zoom sur une maladie qui mérite d’être mieux connue, et traitée au plus tôt.
La cyclothymie, des humeurs changeantes
Les retentissements psychologiques de la pandémie ont permis une meilleure médiatisation des troubles de santé mentale. Taboue et peu reconnue, la santé mentale reste encore à vulgariser au plus grand nombre. Parmi les pathologies répandues, mais peu connues dans notre société, il y a la cyclothymie. Elle traduit un trouble chronique de l’humeur, ou du tempérament.
Les personnes cyclothymiques oscillent ainsi entre des périodes hypomaniques (phases d’excitation, d’accélération du cerveau), et des périodes dépressives. Et ce, sans lien particulier avec les événements de la vie. Ce mal-être peut avoir des répercussions sur la vie professionnelle, sociale et familiale des personnes qui en sont atteintes.
La cyclothymie, une bipolarité atténuée ?
Les symptômes de la cyclothymie s’expriment différemment selon l’âge de l’individu. Chez l’enfant, les périodes plus dépressives se présentent généralement par de fortes crises de colères et d’irritabilité. Puis ils parlent beaucoup de la mort. Comme chez l’adulte, le risque de tentative de suicide est avéré. L’adulte traversera plutôt « des dépressions mineures (pessimisme, perte d’énergie, fatigue, diminution de l’intérêt et du plaisir, troubles du sommeil, dévalorisation) de brève durée », explique à Marie Claire Angélique Excoffier, psychologue clinicienne spécialisée dans la prise en charge des troubles bipolaires.
Les périodes d’hypomanie s’expriment par des comportements souvent excessifs. De l’hyperactivité, des flux de paroles, une exaltation modérée de l’humeur, beaucoup d’énergie, de sociabilité, de confiance en soi. Mais aussi des problèmes de concentration et une diminution du temps de sommeil. La cyclothymie n’est pas toujours un fardeau pour la vie des personnes. Lorsqu’il est mesuré, ce trouble peut même à l’origine de leur succès. Ce fut d’ailleurs le cas pour un bon nombre d’artistes cyclothymiques.
On pourrait alors se dire que la cyclothymie est une bipolarité atténuée. En réalité, la cyclothymie se distingue de la bipolarité notamment par une apparition juvénile des premiers symptômes. Laëtitia Payen, présidente de l’association Bycicle, qui accompagne les familles d’enfants et d’adolescent.e.s ayant un trouble de l’humeur, explique que la bipolarité se détecte plus souvent à l’adolescence. « Avec des phrases très marquées; alors que la cyclothymie possède des cycles beaucoup plus rapides ».
En effet, l’humeur des cyclothymiques peut se modifier plusieurs fois au cours d’une même journée. Tandis que les bipolaires vont trouver des phases hypomaniques ou dépressives bien plus longues, durant des jours, voire plusieurs semaines. De plus, les cyclothymiques connaitraient moins de périodes calmes. Leurs émotions – comprenant parfois de l’hypomanie et de la dépression en même temps – seraient en permanence difficiles à réguler.
L’errance diagnostique de la cyclothymie
Les causes d’une cyclothymie sont plurielles et généralement combinées. Il y a trois dimensions principales à prendre en compte. La première est la génétique liée à l’hérédité. De nombreux cas héritent de leurs proches des troubles mentaux similaires. La deuxième dimension est biologique. Par exemple, le cerveau permet de réguler les émotions.
Enfin, il faut prendre en compte les facteurs de risque liés aux évènements de la vie. C’est-à-dire, l’environnement dans lequel on évolue, comme les relations aux autres ou l’éducation. Mais aussi les épreuves traumatiques traversées durant l’enfance, telles que les violences sexuelles, l’abandon et autres mauvais traitements. Ces derniers peuvent augmenter le risque de présenter un trouble cyclothymique chez une personne déjà prédisposée.
Pour le corps médical, cette pathologie est difficile à diagnostiquer. Chez les enfants d’abord, car elle se confond fréquemment avec un haut potentiel intellectuel, une hypersensibilité, un TDA/H, ou encore des épisodes dépressifs. L’association Bicycle indique également que la cyclothymie est, dans 50 % des cas, associée à « de l’hyperactivité, des TOC, des phobies, des addictions, des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA), des maladies cardio-vasculaires, des problèmes thyroïdiens, ou encore du diabète ». Ce qui retarde le diagnostic de la cyclothymie de 6 à 10 ans. Un bien long périple pour découvrir comme traiter des troubles mentaux entravant son quotidien.
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