En seulement quatre mois, le nombre de burn-out sévères des salarié.e.s a explosé de… 25 %. Une augmentation due en grande partie au contexte de la pandémie, et de l’épuisement après 18 mois de crise et de télétravail. De quels moyens disposons-nous pour en finir avec cette détresse psychologique au sein des entreprises françaises ? On en parle.
Moins de détresses psychologiques, mais plus de burn-out
D’après le dernier baromètre du cabinet Empreinte Humaine réalisé par OpinionWay, dévoilé le 20 octobre dernier, la santé psychologique des salarié.e.s Français.es s’améliore depuis le printemps 2021. Avec le retour progressif au travail présentiel, le niveau de détresse psychologique a baissé de 6 % par rapport à mai dernier, passant de 44 % à 38 % des salarié.e.s concerné.e.s. Pour les managers, cette détresse a même baissé de 14 %. Néanmoins, cela reste tout de même deux fois plus qu’avant la crise sanitaire.
En parallèle, le nombre de burn-out sévères continue de progresser. De mai à octobre 2021, son nombre a augmenté de 25 %. Et depuis le mois de mai, ce sont 2 millions et demi de personnes qui sont touchées par cette forme de dépression. Par burn-out sévère, le cabinet franco-québécois entend « des états où les personnes décompensent, s’écroulent psychologiquement et peuvent faire l’objet d’hospitalisation. » Selon eux, ces niveaux élevés de burn-out « s’expliquent par l’épuisement de 18 mois de crise », qui ont conduit les salarié.e.s « au bout de leurs ressources personnelles ».
Différencier la vie professionnelle et personnelle avec le télétravail ?
Selon la psychanalyste Claude Halmos lors d’une interview accordée à FranceInfo, ces burn-out viennent en effet principalement de « l’extrême violence psychologique » générée par la pandémie. Du jour au lendemain, les salarié.e.s Français.es ont dû faire face à des inquiétudes face à l’annonce des morts, et une impuissance à réagir, à part par l’enfermement chez soi. Le télétravail, pour les plus chanceux.ses qui n’ont pas perdu leur emploi, a été alors déstabilisant pour beaucoup. Et pour la psychanalyste, ce flanc-là de la vie des Français.es a été largement ignoré par le gouvernement. Nous n’avons pas eu les outils psychologiques nécessaires pour confronter ce changement.
« Notre vie est, comme notre identité, composée de deux parties : l’une professionnelle, l’autre privée, et notre équilibre nécessite qu’elles soient clairement identifiées. Travailler dans un lieu différent de notre domicile, nous y aide. D’autant que nous y bénéficions d’interactions sociales, du regard des collègues, qui donne sens au travail, d’une progression possible », affirme Claude Halmos.
Cette sensation de progression et de sens dans l’emploi est plus difficile à cerner seul.e devant son écran habituel. Au point que certaines personnes ne pouvaient plus travailler, d’où le diagnostic de burn-out. Pour Christophe N’Guyen, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine, les amplitudes horaires très importantes pendant le télétravail imposé expliquent cette hausse de burn-out. Il pointe également ces difficultés à différencier la vie professionnelle et celle personnelle d’un point de vue psychologique.
Prendre conscience des facteurs du burn-out (ce n’est pas une faiblesse psychologique !)
Le diagnostic d’un burn-out est toujours un peu flou. En effet, il fait ressortir des blessures et des traumatismes enfuis dans la personne malade. Les psychanalystes et psychologues sont d’accord, pour prévenir un burn-out, il faut d’abord que le ou la salarié.e se rende compte du poids de ce qu’il.elle a subi. Sans se jeter la faute, en pensant que c’est une personne qui a été « trop faible psychologiquement », pas assez forte. Ceci la dévaloriserait complètement.
Pour atteindre cette prise de conscience, il est donc conseillé de partager son expérience et ses impressions avec son entourage. Il est aussi conseillé de s’appuyer sur un traitement thérapeutique adapté. Si les thérapeutes ont également conscience des réalités subies par les salarié.e.s, alors la thérapie peut être utile.
Qui télétravaille en France ?
Aujourd’hui, ce sont 46 %, soit près de la moitié des salarié.e.s Français.es, qui pratiquent le télétravail, dont 39 % en mode hybride et 7 % à plein temps (moins 15 points par rapport au à mai 2021). Les personnes les plus touchées par les burn-out sont, sans trop de surprise, les femmes, à 44 % (contre 33 % pour les hommes).
Aussi, les plus jeunes sont particulièrement exposé.e.s à ce fléau : il a été enregistré un 50 % de détresse psychologique chez les salarié.e.s Français.es de moins de 39 ans. Et pour les managers, la situation s’est améliorée. Reste à espérer que les décideur.euse.s et les entreprises décident de parler plus de santé mentale avec les salarié.e.s.
Et vous, avez-vous déjà subi un burn-out ? Venez partager votre expérience avec nos lecteurs et lectrices, sur le forum de The Body Optimist !