Si les personnes menstruées se disent favorables au congé menstruel, c’est qu’il y a une raison. Lorsque les règles débarquent, la douleur tambourine sur le bas du ventre sans discontinuer. Les menstruations savent se faire entendre et même notre chère bouillotte n’y change pas grand-chose. Les douleurs pendant les règles sont presque devenues une formalité. Sauf que dans certains cas de figure, elles peuvent indiquer des soucis de santé plus graves. D’où l’importance de s’écouter et de connaître les signes qui doivent alerter.
Brisons le mythe : les douleurs menstruelles ne sont pas normales
Une fois par mois, c’est le même refrain. Les règles reviennent nous jouer de mauvais tours. Ce cycle aux couleurs de l’enfer est accueilli avec soulagement, mais aussi appréhension. Vertiges, migraines, crampes au ventre, maux de dos… menstruation rime parfaitement avec punition. Selon une étude IFOP, près d’une femme sur deux ressent des douleurs pendant ses règles.
Pire encore, 46 % d’entre elles ont déjà eu le sentiment que la gêne ou la souffrance de leurs règles étaient sous-estimées par leurs amis hommes. Pourtant, si l’on en croit les recherches du Docteur John Guillebaud, professeur de santé reproductive à l’University College de Londres, les femmes (et autres personnes menstruées) sont loin de faire de l’acting. D’après lui, ces douleurs menstruelles sont similaires à celles éprouvées lors d’une crise cardiaque.
Mais dans l’esprit collectif, c’est « banal ». Depuis leur plus jeune âge, les personnes menstruées sont conditionnées à la rengaine « avoir mal pendant ses règles, c’est normal ». Résultat : elles se retrouvent coincées entre leur bouillotte et leurs antalgiques sans jamais voir la lueur d’un diagnostic plus sensé.
Où est la limite ?
Le syndrome prémenstruel, aussi connu sous le nom de SPM, annonce le débarquement de l’armée rouge dans l’entrejambe. C’est à lui que l’on doit nos sautes d’humeur excessives, notre tendance « Caliméro » et cette joyeuse déclinaison de boutons sur notre menton. Le SPM implique près de 300 symptômes (rien que ça). Il survient après l’ovulation et même s’il est pénible, il reste anodin.
En revanche, si ces douleurs s’avèrent handicapantes, persistantes et vous condamnent à rester au lit, c’est que le problème est peut-être plus profond. Qu’elles surviennent avant, pendant ou après les règles, ces douleurs intenses peuvent être signe de maladies gynécologiques et méritent donc une vigilance rouge.
Douleurs pendant les règles : quand faut-il s’inquiéter ?
Avec les règles s’écoule tout un tas de croyances totalement arriérées. Honteuses, sales, impures… les règles inspirent le dégoût général. Ce phénomène totalement naturel soutire encore aujourd’hui en 2022 des retentissants « cachez ce sang que je ne saurais voir ». Les règles, enfermées à double tour derrière la braguette, sont vécues dans le silence, ce qui retarde d’éventuels diagnostics.
D’ailleurs, les femmes délaissent régulièrement leur santé intime. Selon un sondage IFOP pour Qare, 60 % des répondantes ont déjà renoncé à des soins gynécologiques pour des raisons de délai ou de gêne. Cependant, les douleurs pendant les règles ne se contentent pas d’un simple « ça va passer, j’ai l’habitude”. Surtout si :
- les règles sont toujours douloureuses
- les crampes persistent même en dehors du cycle
- les règles s’accompagnent de fièvre ou de pertes vaginales
- il y a des saignements hors périodes de règle
- les saignements sont anormalement abondants
- les antalgiques n’ont aucun pouvoir
- la douleur monte crescendo au fil des cycles et devient presque invivable (difficulté à marcher, à avoir des rapports, à uriner…)
Douleurs pendant les règles et endométriose, un lien fort
Quel est le point commun entre les actrices Lena Dunham, Laëtitia Milot et Julie Gayet ? Toutes les trois partagent leur quotidien avec l’endométriose, une maladie invisible, mais diabolique. Si l’endométriose glane une plus grande attention notamment grâce aux prises de parole des stars, le diagnostic, lui, est toujours en roue libre.
Les patientes atteintes d’endométriose mettent en moyenne 7 ans avant de se faire diagnostiquer. Pourtant cette maladie touche environ 1 femme sur 10 et la douleur pendant les règles est un repère qui ne trompe pas.
« Dans 70 % des cas, le symptôme principal est une douleur pendant les règles qui cloue sur place, qui conduit à l’absentéisme scolaire ou professionnel » comme l’explique Yasmine Candau, présidente de l’association EndoFrance à 20 Minutes
Abdomen piétiné, impression de recevoir un coup de poignard ou de se faire broyer les ovaires… les femmes qui souffrent d’endométriose ressentent une douleur hors norme. Elle se décline souvent du nombril au bas du ventre et se répercute dans la zone des lombaires, conduisant parfois à des crises sciatiques.
Douleurs menstruelles, le présage du syndrome des ovaires polykystiques
Les douleurs incisives pendant les règles peuvent aussi cacher un syndrome des ovaires polykystiques, alias SOPK, tout aussi dévastateur que l’endométriose. Ce trouble métabolique est une bombe qui chamboule tout le système hormonal sur son passage.
Douleurs pelviennes, douleurs abdominales et maux de tête font partie du réjouissant cortège des symptômes aux côtés de la prise de poids, de l’hirsutisme et des règles irrégulières. Le SOPK est aussi à l’origine de kystes palpables. Le diagnostic se fait grâce à une prise de sang avec un bilan hormonal complet allié à un bilan métabolique évaluant la glycémie, le cholestérol et les triglycérides.
Les douleurs pendant les règles n’ont rien d’accessoire. Elles nécessitent parfois un détour chez votre médecin. Autre point : gare aux thérapies alternatives. Selon une récente enquête, des naturopathes proches du « gourou » profitent de la détresse des femmes victimes d’endométriose de façon très lucrative.