Près de 9 femmes sur 10 atteintes d’endométriose ressentent des douleurs durant leurs rapports sexuels. Ceci d’après les résultats d’une enquête réalisée par l’association EndoFrance et MySLife, publiée en novembre 2021. Elle met en lumière le fait qu’au-delà des symptômes physiques, la « dyspareunie » a des conséquences sur divers aspects de la vie quotidienne. Parmi ceux-ci, la vie amoureuse et l’estime de soi. Et peu de femmes atteintes d’endométriose ont l’occasion d’en parler avec leur personnel soignant.
La dyspareunie, des douleurs spécifiques à l’endométriose
88 % des femmes disent souffrir de douleurs durant les rapports sexuels. Le point commun de ces femmes est qu’elles souffrent d’endométriose, une maladie gynécologique inflammatoire chronique. Et cela arrive à au moins une femme sur dix en âge de procréer. Dans l’endométriose, on utilise le terme « dyspareunie », qui traduit ces douleurs avant, pendant et après les rapports sexuels. Concrètement, la contraction de l’utérus, liée au plaisir féminin ressenti, peut créer ces douleurs. Elles peuvent survenir dans une ou plusieurs localisations, de l’entrée du vagin à l’entier de la zone pelvienne et gynécologique.
À cause de ces douleurs, plus d’1 femme sur 2 (55 %) en vient à redouter le rapport. Des chiffres accablants, publiés dans une enquête d’EndoFrance, association française de lutte contre l’endométriose et MySLife, plateforme d’accompagnement de la santé sexuelle des femmes. L’étude a été réalisée en septembre-octobre 2021, auprès d’un échantillon de 384 femmes, de 18 ans à 55 ans et plus, souffrant d’endométriose. Les deux groupes ont publié ces résultats afin d’informer le public sur l’impact de l’endométriose sur la vie sexuelle et affective des femmes.
« À travers cette étude, nous avons voulu mettre en lumière les difficultés que rencontrent les femmes atteintes d’endométriose dans leur vie intime et leur sexualité. C’est souvent un des aspects de la maladie qui est peu connu et qui pourtant impacte fortement la vie des femmes », Juliette Mauro, fondatrice de My S Life
Un impact sur la vie amoureuse et sur l’estime de soi
Les répercussions de la dyspareunie sont considérables, tant elles touchent différents aspects de la vie quotidienne de ces femmes. Au-delà de leur vie sexuelle, leur vie sentimentale et amoureuse est touchée, pour une écrasante majorité (84,6 %) des sondées. Source de stress, l’anticipation de la douleur peut bloquer le désir sexuel, créer un évitement ou une peur des rapports intimes, être source de dispute au sein du couple et, dans certains cas, amener à la dépression.
Enfin, la dyspareunie a des conséquences sur l’image que les femmes atteintes d’endométriose ont d’elles-mêmes, pour 78 % d’entre elles. Dans 80 % des cas, cette maladie a des conséquences sur l’appréciation de son corps et de son physique. En général, les sentiments comme la honte, la culpabilité et le manque d’estime de soi sont fréquemment ressentis. L’étude s’est questionnée sur la réponse du corps médical aux patientes.
Une « minimisation de la maladie »
La maladie de l’endométriose a été découverte en… 1860. Et pourtant aujourd’hui, elle est encore peu connue. Elle est aussi diagnostiquée tardivement, avec un retard de sept ans en moyenne. Au niveau de la dyspareunie, il existe également un manque de considération fréquent du monde médical. Cette enquête l’a confirmé, puisque seules 23 % des patientes considèrent que leur équipe soignante leur a apporté des conseils ou solutions.
Ces douleurs sont pourtant un des symptômes les plus courants chez les femmes atteintes d’endométriose. Pourtant, 1 personne sur 2 dit ne pas avoir été questionnée sur sa sexualité par son personnel soignant. Diverses raisons ont été mentionnées, dont une « minimisation de la maladie » ou encore une « forme de désarroi ».
Proposer des solutions concrètes au personnel soignant
Pour Yasmine Candau, la présidente d’EndoFrance, le sujet doit non seulement être abordé par l’équipe soignante, mais elle exige également que des solutions claires soient proposées aux patientes. Parmi celles-ci, elle nomme « la kinésithérapie, l’ostéopathie, l’intervention d’une sage-femme formée en pelvi-perinéologie, ou encore le recours à un sexologue ».
« La prise en charge de la maladie est encore insuffisante en France. Trop de personnes atteintes restent isolées, en particulier sur un sujet aussi intime que la sexualité. C’est ce que démontre cette étude », explique Yasmine Candau
Et vous, souffrez-vous d’endométriose ? Est-ce que cela vous gêne durant vos rapports sexuels ? Venez partager votre expérience sur nos forums dans le coin Sexualité, vie de couple ! On y parle sans tabou.