C’est une première en France. Carrefour vient d’annoncer sur Le Parisien la mise en place d’une série de mesures à destination de ses salariées. Celles-ci consistent à accorder des jours de congés aux employées atteintes d’endométriose, à celles qui subissent une fausse couche ou poursuivent un parcours de procréation médicalement assistée (PMA). Zoom sur cette décision historique.
Carrefour, une entreprise qui repousse les standards
À ce jour, aucune entreprise de cette taille en France n’a proposé un tel dispositif afin d’accompagner les femmes au niveau de leur santé. En effet, Carrefour est une entreprise de poids présente dans 30 pays et employant plus de 321 000 personnes dont 55 000 en France en 2021. Le président-directeur général de l’enseigne, Alexandre Bompard a expliqué cette avancée dans les colonnes du Parisien :
« Il s’agit de lever toutes les difficultés qui empêchent une réelle égalité entre les femmes et les hommes au travail, et ainsi faire progresser les droits de femmes »
En effet, dans le secteur privé, les salariées font face à trois jours de carence lors d’un arrêt de travail prescrit par un.e médecin. Dans le cas de Carrefour, ces absences seront désormais payées par l’entreprise.
« Ces journées non travaillées, qui nécessitent de prendre un congé maladie incluant des jours de carence, seront intégralement financées par Carrefour », détaille le communiqué de l’enseigne
Quels sont les tenants de cette mesure ?
Plusieurs décisions ont été prises par Carrefour pour accompagner l’endométriose, la fausse couche et la PMA.
- Pour les personnes souffrant d’endométriose, Carrefour autorisera jusqu’à 12 journées d’absence, soit un jour par mois. C’est d’autant plus important que cette pathologie touche environ 10 % des femmes dans le monde. 1,5 million en France selon le ministère de la Santé.
- D’autre part, les personnes ayant vécu une fausse couche pourront bénéficier de 3 jours de congé. À savoir que ce phénomène concerne, 15 % des grossesses selon l’Assurance Maladie.
- Enfin, les femmes ayant recours à la PMA auront le droit à une journée de repos après l’implantation de l’embryon.
Carrefour explique dans son communiqué que le motif de l’arrêt ne sera pas inscrit sur les dossiers professionnels, afin de préserver l’intimité des personnes.
Qu’en est-il du congé menstruel ?
Alors que c’est le sujet d’actualité internationale qui brûle, la firme ne prévoit pas pour autant de congés menstruels. Pour l’heure Carrefour préfère se concentrer sur ces trois enjeux de la santé des femmes que sont la PMA, l’endométriose et la fausse couche. Mais cela risque d’être rendu obligatoire par de prochains décrets français, voire européens.
Cela étant dit, pour lutter contre la stigmatisation des employées, le groupe lance en parallèle une campagne de sensibilisation. En effet, Alexandre Bompard a annoncé :
« Une grande campagne de mobilisation sera menée, car les manageur.se.s ne savent pas toujours ce que les femmes peuvent endurer. »
Son but est aussi de faire évoluer les mentalités. Les manageur.se.s Carrefour seront donc formé.e.s à l’accompagnement des employées vivant l’endométriose, la PMA ou une fausse-couche. Pour l’heure, cette mesure n’est appliquée par l’entreprise que sur le territoire français. Cela s’explique par le fait qu’une telle décision doit s’appuyer sur des accords nationaux et dépendre d’un certain cadre juridique et politique.
Cette annonce de Carrefour résonne dans toute la France et à l’international. C’est une avancée majeure pour les droits des femmes, saluée par les associations. Ces dernières admettent que le tabou des menstruations et des problèmes de santé des femmes est encore trop prégnant dans notre société. Ceci alors que la moitié des salarié.e.s est concernée. Nous pouvons espérer que cette décision ouvre la voie à de nouvelles avancées et inspire d’autres entreprises.