C’est LA question qui fait rage sur internet depuis que le dernier numéro de Cosmopolitan UK est sorti ce week-end. Dans un article, on découvre une dizaine de femmes rondes, dont deux influenceuses connues : la blogueuse Callie Thorpe et la prof de yoga, Jessamyn Stanley. Le sujet de l’interview ? Comment s’approprier le terme « sain » lorsqu’on est en surpoids, dans une société où l’obésité est forcément assimilée à une mauvaise santé. Certains internautes, visiblement mécontent.e.s, ont décidé de répondre à la place des interviewées. Et aujourd’hui, c’est à nous d’apporter une réponse.
« Pourquoi Cosmopolitan UK essaie-t-il de tuer les personnes obèses ? »
Comme nous vous l’expliquions dans un récent post Facebook, Callie Thorpe, Jessamyn Stanley et le reste des filles ont expliqué leur parcours personnel. Callie Thorpe, par exemple, a raconté qu’elle se concentrait plutôt sur ce que son corps pouvait faire plutôt que ne pas faire. De son côté, Jessamyn Stanley a déclaré qu’elle avait accepté sa taille et appris à prendre de la distance vis-à-vis de la grossophobie.
Le magazine Cosmopolitan UK massacré sur les réseaux sociaux pour avoir mis en valeur le surpoids 🤯Dans son édition de…
Posted by The Body Optimist on Tuesday, January 5, 2021
Immédiatement, certain.e.s internautes se sont emparé.e.s de Twitter pour dénoncer cet article, de manière plutôt virulente. Expliquant qu’il faisait l’apologie de l’obésité. Ce qui n’est pas sans nous rappeler le bad buzz provoqué par Cosmopolitan UK lorsqu’il avait mis le mannequin grande taille Tess Holliday en Une, en 2018. Certains allant même jusqu’à évoquer la situation sanitaire, comme l’expert conservateur Ian Miles Cheong :
« Pourquoi Cosmopolitan essaie-t-il de tuer les personnes obèses, qui sont particulièrement vulnérables à la Covid ? »
À vrai dire, qui sommes-nous pour juger si une personne en surpoids ou obèse est en bonne ou mauvaise santé, simplement à partir d’idées reçues ? On nous martèle depuis des lustres qu’une personne en surpoids est obligatoirement en mauvaise santé.
Mais comment peut-on généraliser de tels propos alors que le « niveau de santé » peut énormément varier d’une personne obèse à une autre ? Selon nous, répondre à cette question est un débat stérile, culpabilisant et complètement dépassé. La vraie question ne se trouve pas là.
À quand une réelle prise en charge de l’obésité sans stigmatisation des patient.e.s ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’obésité est reconnue comme une maladie impliquant, entre autres, une inflammation des tissus adipeux. Pourquoi la prise en charge de cette maladie n’est-elle pas meilleure ? Pourquoi constate-t-on encore de la grossophobie en milieu médical ? Et pourquoi les personnes obèses refusent de consulter, de peur d’être renvoyées à leur simple état de personne grosse, et non pas de patient.e en réelle souffrance ?
Si nous cessions de nous demander qui est en bonne santé et qui ne l’est pas pour nous concentrer sur l’essentiel ? Autrement dit, guérir les patient.e.s atteint.e.s de maladies. Il est temps de dépasser ce cliché qui veut qu’un.e gros.se soit gros.se car il mange trop et ne fait pas assez de sport.
Il n’y a qu’à lire les commentaires de certain.e.s lecteur.rice.s de The Body Optimist pour se rendre compte que l’on peut être obèse et faire du sport régulièrement. Obésité ne rime pas forcément avec sédentarité.
Alors, puisque faire du sport = bonne santé, que répond-on aux personnes obèses qui pratiquent régulièrement une activité sportive ? Et même à celles qui n’en pratiquent pas : doit-on pour autant les condamner plutôt que d’essayer de les comprendre et de les aider ?
Il y en a assez de cette société jugeante, agressive et fermée d’esprit. On se fiche bien de savoir si obésité rime fatalement avec mauvaise santé ou l’inverse. C’est avant tout à un.e médecin de répondre à la personne concernée.
Non, le mouvement body positive ne fait pas l’apologie de l’obésité
Pour faire le tour de la question, il est essentiel de répondre à une dernière notion. Dans les commentaires de Twitto.a.s, beaucoup pensent que le mouvement body positif glorifie l’obésité. Qu’il « aide » les personnes grosses à rester telles qu’elles sont et à pousser les autres à en faire de même. Eh bien, c’est un très grave amalgame !
Mais plutôt que d’expliquer une millième fois pourquoi, nous avons décidé de laisser la parole à un des lecteurs de The Body Optimist. Il s’appelle Olivier Cruchaudet et a laissé le commentaire ci-dessous, sous notre post Facebook du 5 janvier 2021 expliquant la récente affaire Cosmopolitan UK.
« La condamnation incessante de l’obésité au nom de la santé est contre productif »
« Je pense que porter l’accent sur le côté sain ou malsain de l’obésité est une erreur. Ce n’est pas là que se situe le débat, et Cosmopolitan UK commet une erreur stratégique qui ne peut qu’ulcérer les tenants de l’hygiénisme (…). Le body positive ce n’est pas la glorification de l’obésité, au point d’en nier les répercussions négatives sur la santé. C’est avant tout la revendication du droit à exister tel.le que l’on est. Sans jugement négatif, et de bénéficier de la même considération et des mêmes droits que quiconque. C’est aussi un chemin pour s’aimer soi-même, et être aimé.e en retour, sans honte et sans a priori. »
Et continue :
« Ce qu’il faut faire entendre, c’est que la condamnation incessante de l’obésité au nom de la santé est contre-productive. Cela enferme les obèses dans un stéréotype négatif (être le mauvais exemple !), contribue à les stigmatiser et produit l’inverse de ce que l’on recherche. Car un.e obèse en dépression est encore moins susceptible de perdre du poids. Alors, aimons-les comme ils/elles sont sans les juger. Sans en faire des « lépreux.se » (l’obésité ne s’attrape pas par contact), et tout le monde sera plus heureux. »
Et c’est sur cette piste de réflexion très intéressante que nous vous laissons. N’hésitez pas à nous donner votre avis en commentaire et sur notre forum, dans la rubrique Confiance en soi ou Grossophobie.