Pendant longtemps, la pilule contraceptive a été vue comme une petite révolution dans la vie des femmes. Un comprimé par jour, et hop ! Une liberté pour planifier (ou non) une grossesse, calmer une acné rebelle ou encore dompter des règles infernales. Sauf que derrière ce comprimé bien pratique se cache un sujet encore largement sous-exploré : l’impact de la pilule sur la forme physique et l’endurance. Si vous avez déjà eu l’impression de tirer un peu plus la langue à l’entraînement depuis que vous avez commencé la pilule, ou au contraire d’avoir retrouvé une énergie insoupçonnée après l’avoir arrêtée, ce n’est peut-être pas juste une coïncidence.
Une sensation de renaissance… après l’arrêt de la pilule
De plus en plus de femmes sportives – amatrices comme professionnelles – racontent un phénomène étrange mais révélateur : un regain d’énergie après avoir arrêté la contraception hormonale. Dans un témoignage relayé par Stylist UK, une femme confie avoir retrouvé une sensation de puissance physique sans précédent, sans changer ses habitudes sportives. Pas de nouvelle « routine miracle » ni de shake protéiné magique. Juste l’arrêt de la pilule. Alors, simple effet placebo ou vraie réaction du corps ?
Ce que dit la science (et ce qu’elle ne dit pas encore)
Côté scientifique, les réponses sont encore prudentes, mais intrigantes. Une étude publiée dans le Journal of Applied Physiology a observé une baisse de 11 % de la capacité aérobique et de 8 % de la puissance maximale chez les femmes utilisant une contraception hormonale. Une autre étude, plus ciblée sur des athlètes de haut niveau, a constaté une diminution de 4,7 % de la capacité d’endurance chez celles sous pilule, contre une légère amélioration chez celles sous placebo.
À noter que ces recherches ont été menées sur de petits échantillons et ne permettent pas, à ce stade, d’établir une vérité universelle. Une méta-analyse plus large en 2020, incluant près de 600 participantes, a elle jugé les effets de la pilule sur la performance physique comme « négligeables ».
Et pourtant, comme le rappelle la professeure Kirsty Elliott-Sale, spécialiste du sport au féminin : « Négligeable » ne veut pas dire « inexistant ». En sport, surtout en compétition, chaque détail compte. Et si vous courez votre meilleur 10 km ou tentez un record personnel, ces quelques pourcents peuvent faire une vraie différence.
Un effet variable selon les femmes… et les pilules
Autre élément important à garder en tête : la diversité des pilules et celle… des corps des femmes. La diversité des contraceptifs hormonaux complique en effet l’évaluation de leurs effets. Comme l’explique la Dr Bella Smith, généraliste et spécialiste de la santé féminine, les différentes générations de progestatifs contenus dans les pilules ont des profils très variés.
Il existe des dizaines de formulations différentes, avec des hormones aux effets variés. Certaines pilules sont dites « androgéniques », proches de la testostérone, et peuvent parfois favoriser la masse musculaire ou la récupération. D’autres, au contraire, sont « anti-androgéniques » et sont plutôt prescrites pour traiter l’acné ou un excès de pilosité, mais pourraient avoir un impact négatif sur la construction musculaire.
Cela signifie qu’une même pilule ne produira pas du tout les mêmes effets d’une femme à l’autre. D’où l’intérêt d’un suivi médical adapté, surtout si vous êtes sportive, occasionnelle ou assidue.
Comment savoir si votre pilule influence votre forme ?
La pilule supprime la production naturelle d’œstrogènes et de progestérone, aplanissant ainsi le cycle hormonal. Même pendant la « pause » des pilules placebo (les 7 jours sans hormones), les hormones restent globalement au plus bas, ce qui empêche d’avoir un véritable repère cyclique comme chez les femmes pas sous pilule. Pour les sportives, cela signifie qu’une baisse d’énergie ou une variation de performance pourrait théoriquement survenir selon les jours de prise. Sauf que dans la réalité, très peu de données permettent d’établir une règle générale.
Alors comment y voir plus clair ? Le meilleur conseil que l’on puisse vous donner est d’écouter votre corps. Tenez, par exemple, un journal de bord sur votre forme, votre énergie, votre sommeil, vos douleurs musculaires ou encore votre récupération. Si vous remarquez une fatigue récurrente ou une stagnation dans vos performances, cela vaut la peine d’en discuter avec votre médecin.
Contraception et performance : ce que vous pouvez faire
Vous êtes unique, et votre contraception doit l’être aussi. Voici quelques pistes pour faire des choix éclairés :
- Consultez un professionnel de santé : parlez de vos objectifs, de vos symptômes éventuels, de vos ressentis physiques.
- Notez vos ressentis sur plusieurs semaines : pas besoin d’une application ultra-tech. Un carnet et quelques lignes suffisent pour voir des tendances.
- Testez d’autres options si besoin : il existe des pilules avec des dosages différents, des implants, des stérilets hormonaux ou non… À vous de trouver ce qui vous convient le mieux.
On parle souvent de contraception en termes de fertilité, de peau ou de maux de ventre. Rarement en lien avec la performance sportive ou la sensation de force. Pourtant, cela mérite tout autant d’attention. Trop longtemps, la santé des femmes a été analysée à travers un prisme masculin. Aujourd’hui, les choses bougent et il est temps de réclamer des études. Parce que non, vous ne rêvez pas : votre pilule peut avoir une influence sur votre forme. Et vous avez le droit de chercher ce qui vous fait vraiment du bien.