« FONO » : un mal-être psychologique insolite à l’heure du Covid

Après plusieurs longues années covidées et de multiples confinements, le retour à la « normal » est devenu le « rêve » de tou.te.s. Retrouver sa terrasse préférée, ses restaurants, se défouler sur la piste de danse, reprendre ses habitudes sociales sans aucune mesure restrictive… Le pied quoi ! Pourtant, l’envie de retrouver sa vie d’avant n’est pas partagée par la majorité. Certain.e.s appréhendent et ont, même peur de reprendre leurs activités sociales. On parle du phénomène « FONO » (fear of normal, en anglais), la peur de la normalité. Dit comme ça, cela peut vous sembler abstrait, mais il s’agit d’un réel mal-être psychologique. 

Peut-être en souffrez-vous sans même le savoir, qui sait… Alors laissez-nous vous l’expliquer et vous donner quelques conseils pour aller mieux. 

Un phénomène psychologique insolite

L’épidémie a complètement changé nos vies et nos habitudes. L’expression « Métro, Boulot et Dodo » de Pierre Béarn, s’est peu à peu transformée en une énumération à la Jacques Prévert, « confinement, télétravail, dodo, anxiété… ». D’ailleurs, de nouvelles expressions ont vu le jour durant la pandémie, notamment, « FOMO », pour exprimer la peur de manquer quelque chose. Mais ce terme a désormais été remplacé par la FONO, la peur de la normalité.

Pendant que d’autres sont excité.e.s à l’idée de reprendre le cours normal de leur vie, certain.e.s en ont peur. Tous ces gestes simples de l’avant-covid, comme aller au bureau,  sortir dans un bar, se rendre dans un espace public, représentent une anxiété et un stress, pour les individus atteints de la FONO. Sortir de sa grotte de sécurité COVID devient alors un vrai problème.

Peut-être, ne le voyez-vous pas, parce que les rues sont toujours bondées et qu’il y a du monde aux tables de votre restaurant préféré, mais ce mal-être est partagé par de nombreuses personnes, même sur les réseaux sociaux.

« Quelqu’un d’autre souffre-t-il d’anxiété à l’idée que les choses redeviennent « normales » ? »

« L’idée de la fin de la pandémie me donne de l’anxiété. » 

En outre, lors d’une étude menée par sanasearch.ch. auprès de  129 thérapeutes, 47 % d’entre eux ont remarqué une peur intense du retour à la normale chez leurs client.e.s.

Les raisons de ce mal-être sont multiples. Certain.e.s craignent de ne plus pouvoir affronter les situations sociales et cette peur se matérialise par un sentiment d’insuffisance, de crainte de rejet et de faire des erreurs. D’autres ressentiraient, selon les thérapeutes interrogé.e.s, « un manque de désir de socialisation ».

« Les gens ont peur de se comporter de manière embarrassante, d’être jugés et de ne pas être à la hauteur des attentes qu’ils pensent percevoir chez les autres », explique Britta Behrend, psychothérapeute spécialisée dans la thérapie cognitivo-comportementale et la thérapie des schémas à Blick

Ainsi, le FONO serait un ras-le-bol enveloppé d’une forte inquiétude et d’une anxiété permanente. À ce titre, ce mal-être rejoindrait également le phénomène de burn-out social.

« FONO » : comment en sortir ?

Maintenant que vous savez ce que sait, comment y faire face ? La National Alliance on Mental Illness et le site Supportiv ont quelques conseils à vous prodiguer, que voici :

1 – Reconnaître & traiter ses problèmes de santé mentale

La crise sanitaire a généré des problèmes de santé mentale chez de nombreux individus comme, des troubles dépressifs, d’anxiété ou encore des symptômes liés à un traumatisme ou à un facteur de stress. Pour y faire face, la National Alliance on Mental Illness recommande en priorité d’identifier ces symptômes de mal-être et d’en parler à des professionnel.le.s.

« Si vous avez un.e thérapeute et/ou un.e psychiatre, continuez à parler de la façon dont vous allez. Si vous avez récemment développé du stress et/ou si vous vous trouvez face à de nouveaux problèmes de santé mentale, consultez votre médecin traitant et discutez de ce que vous ressentez. Comme toujours, contactez votre réseau pour obtenir de l’aide et demandez de l’aide si vous en avez besoin. »

2 – Aller à son rythme, se fixer ses propres limites et être direct sur ce qui fonctionne pour soi

Surtout, pas de pression ! Il faut accepter ce que vous ressentez et prendre les décisions qui vous conviennent. Sachez que vous n’êtes pas seul.e dans cette situation. Il est important de faire comprendre cela à votre entourage. Osez dire non ! 

« Essayez d’utiliser des déclarations en « je » afin qu’il soit clair que vous prenez des décisions en fonction de vos besoins personnels : « Je ne suis pas prêt pour cela en ce moment » ou « Je ne peux pas le faire cette fois, mais j’espère que nous le pourrons dans un proche avenir » », recommande le groupe de défense basé aux États-Unis.

3 – Rester fidèle à soi-même

Entourez-vous de personnes qui comprennent votre situation et qui vous soutiennent quoi qu’il en soit. Ne changez pas seulement pour être apprécié.e des autres. Embrasser la nouvelle personne que vous êtes.

« Vous n’avez pas besoin de couper les ponts, mais vous n’avez plus non plus besoin de vous encombrer d’influences négatives. Tout ce que vous avez à faire est de rester en contact avec votre moi authentique. Vous pouvez utiliser des mantras, des techniques de recadrage de la pensée et d’autres outils pour vous aider à rester dans un état d’esprit où vous êtes bon et fidèle à vous-même, même en présence de personnes difficiles », conseille le site les Supportiv

Si malgré ces conseils, vous vous sentez encore démuni.e.s, dirigez-vous vers un.e professionnel.le, tel.le qu’un.e psychologue, ou appelez une ligne d’écoute. Rappelons que c’est OK de ne pas être OK et demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse.

Shem's Tlemcani
Shem's Tlemcani
Je suis passionnée par les sujets sociétaux et la santé. Mon intérêt pour les questions sociales me pousse à explorer des enjeux tels que la lutte contre la pauvreté, l'éducation et le changement climatique. En matière de santé, je m'investis dans les domaines du bien-être, de la nutrition et de la prévention des maladies. Je m'efforce de rester informée et d'utiliser ma voix pour sensibiliser et encourager le débat et l'action sur ces sujets cruciaux.
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