Quand le cœur transplanté murmure des souvenirs : une énigme fascinante. Imaginez-vous ouvrir les yeux après une transplantation cardiaque et, quelques semaines plus tard, ressentir des émotions, des goûts ou des attirances qui ne vous appartenaient pas auparavant. C’est l’expérience fascinante que partagent certain·e·s patient·e·s, greffé·e·s du cœur, convaincu·e·s d’avoir hérité de bribes de personnalité, voire de souvenirs, de leur donneur·se. Si ce phénomène n’est pas attesté scientifiquement, il intrigue de plus en plus et soulève des questions passionnantes sur la complexité du corps humain et de la mémoire… C’est l’héritage émotionnel.
Une passion soudaine pour un aliment ou un style musical
Selon IFL Science, des patient·e·s transplanté·e·s ont constaté des changements inattendus dans leur quotidien.
- Les un·e·s se découvrent une passion pour un aliment qu’iels détestaient autrefois, comme le chocolat noir ou les olives ;
- d’autres se sentent soudainement attiré·e·s par un style musical, une activité sportive ;
- ou présentent des émotions qu’iels ne reconnaissent pas comme les leurs ;
- plus troublant encore, certain·e·s évoquent des rêves ou des flashs qui semblent venir d’une existence étrangère à la leur, évoquant d’anciennes réminiscences de leur donneur.
La question qui se pose est la suivante : comment expliquer de tels phénomènes ? Sur le plan scientifique, l’hypothèse que des souvenirs ou des traits de personnalité puissent « migrer » à travers une greffe d’organe reste très controversée. Les spécialistes rappellent que la mémoire est largement stockée dans le cerveau, non dans le cœur. Le cœur reste un organe vital et fascinant, mais avant tout une pompe complexe assurant la circulation sanguine.
Pour la plupart des médecins, les sensations et comportements nouveaux vécus par les greffé·e·s relèveraient plutôt de mécanismes plus subtils : la prise de conscience de recevoir la vie d’un autre, le choc émotionnel lié à la survie, l’impact de nouveaux médicaments, sans oublier le rôle du psychisme et de l’inconscient, toujours prompts à créer des associations inattendues.
Les mystères du corps humain…
Néanmoins, ces témoignages ne laissent pas indifférent. Ils rappellent à quel point le corps humain est un ensemble riche, mystérieux et interactif. Au-delà de la dimension purement physiologique, la transplantation cardiaque s’inscrit dans une histoire humaine : celle du donneur qui offre une seconde chance et celle du receveur qui accueille cet organe porteur de sens. Le cœur, symbole universel de l’amour et des émotions, prête à la situation une aura presque poétique.
Ces récits invitent avant tout à regarder le corps sous un angle nouveau. Sans nier l’approche médicale, ils rappellent que notre être est aussi un réceptacle d’émotions, de sensations, d’attachements et de symboles. Ainsi, qu’on y voie une simple curiosité psychologique ou un phénomène encore inexploré, ces histoires ouvrent un champ de réflexion sur la relation intime que nous entretenons avec notre propre corps, et sur les liens invisibles qui relient les êtres humains, bien au-delà de la mort et de la vie.