Face à la crise économique, les jeunes adultes doivent serrer un peu plus les cordons de la bourse. Déjà marqué.e.s au fer rouge par une pandémie impitoyable, iels doivent encore redoubler de vigilance pour ne pas finir à découvert. Cette paralysie des dépenses vire doucement vers la psychose et la santé mentale en paye les frais.
Selon une récente étude, les restrictions budgétaires causées par l’inflation sont la cause numéro une d’anxiété chez les 18-24 ans. Entre frustration et grand désarroi, la jeunesse est une fois de plus sacrifiée. Le dicton « l’argent ne fait pas le bonheur » peut se rhabiller.
L’inflation rugit et le budget des jeunes rougit
Exit les livraisons à domicile, les verres en terrasse réguliers et les retours de soirée en taxi… Avec l’inflation qui sévit, les jeunes adultes gardent un œil attentif sur leurs économies. Et même devant l’insistance des ami.e.s mieux loti.e.s, pas question de dépenser un centime dans les activités secondaires.
C’est ce que démontre l’étude Gen Z Financial Wellness de PayPal menée sur 1000 jeunes britanniques âgés de 18 à 25 ans. Un quart des personnes interrogées affirment que « la crise du coût de la vie » est le principal motif d’anxiété dans leur quotidien. Pire encore, il voit leur avenir s’obscurcir un peu plus. Pour 33 % des répondant.e.s, les craintes de ne jamais posséder de propriété ou de fonder une famille sont latentes. Et cette pression du porte-monnaie pourrait aussi valoir pour la France.
Les étudiant.e.s, en première ligne
Les jeunes gardent à vif les stigmates de la pandémie. Mais ce n’est pas encore cette année qu’iels pourront rattraper le temps perdu. La vie étudiante, longtemps perçue comme festive, survoltée et vibrante, a écoulé tout son charme. Les personnes qui ont quitté le nid familial pour suivre leur cursus se heurtent désormais à des responsabilités, presque hors de portée.
Pour cause, sur fond d’inflation, le porte-monnaie est sur sollicité. Mais à cet âge, le compte en banque n’est guère élastique. Rappelons que le budget moyen d’un.e étudiant.e en France est de 635 €. Une somme moindre qui part rapidement en fumée. D’autant plus que le coût de la vie étudiante a subi une hausse de 6,47 % selon une récente enquête de l’Unef. Le syndicat dénonce une situation « mortifère ». Ces mots sonnent forts et pointent avec justesse la détresse financière des jeunes.
Une détresse parfois fatale
Logement, mutuelle étudiante, alimentation… les tarifs sont sur une courbe grimpante. Même les pâtes et le café, deux incontournables des kitchenettes étudiantes sont concernés. Pris.es dans une impasse qui semble irrémédiable, certain.e.s en viennent à des actes délibérés.
En février dernier, une étudiante de l’IUT d’Angers a décidé de mettre fin à ses jours. Une autre étudiante dijonnaise a également tenté de se suicider après avoir reçu un avis d’expulsion de sa résidence universitaire le 24 aout. Les ravages causés par la précarité étudiante sont tristement connus. Au-delà des dangers physiques, le manque d’argent ruine aussi la santé mentale des jeunes adultes.
L’anxiété financière, épidémique en période de crise, plonge dans un état d’alerte maximale. Ce devoir de retenue permanent s’apparente à une terrible punition. Impossible alors de couper cette petite voix intérieure qui crie sans cesse « attention à l’argent ». Sur le long terme, l’instabilité financière peut devenir un vrai handicap psychologique. Voire conduire à des dérives.
L’argent, le nerf du mal-être
« C’est la fin de l’abondance et de l’insouciance”. Avec ces propos « chocs », Emmanuel Macron enfonce un peu plus le clou du stress financier. Les jeunes adultes, déjà dans un mode de vie très restrictif, doivent composer avec cette rengaine du « toujours moins ».
Cette flambée des prix prend aussi une tournure anxiogène sur les écrans. En s’emparant du sujet, chaînes d’information et réseaux sociaux attisent des craintes vivaces. Le devoir quasi vital de se priver tourne alors à l’obsession. Les jeunes générations n’y échappent pas. Malgré une gestion millimétrée de leur budget, ils peinent à garder la tête hors de l’eau. L’an dernier, plus d’1 jeune sur 10 était en situation de pauvreté.
Un vif impact sur le corps et l’esprit
Voir le compte se vider à vitesse grand V, dans la plus grande impuissance n’est pas sans conséquence. Ce chiffre qui s’évapore au gré des factures coûte cher à la santé mentale. Plus profond qu’un stress passager à l’orée d’examens, cette anxiété financière agit aussi bien sur le corps que sur l’esprit.
Douleurs musculaires, maux de tête, crispations abdominales, mais aussi manque de concentration et décisions impulsives. L’organisme encaisse. Souvent minimisé, ce mal-être laisse de sombres traces sur son passage. D’après une étude de la School of Public Health de New York, l’anxiété financière pousserait à la consommation d’alcool, de tabac et dans certains cas d’héroïne. Or, depuis la crise sanitaire, la santé mentale des jeunes adultes a été sérieusement fragilisée, ce qui en fait une proie « facile ».
La santé mentale des jeunes déjà sur la corde raide
Pendant deux ans, la vie sociale des jeunes adultes a été malmenée. Isolé.e.s de leurs camarades avec de minces économies pour survivre, la crise sanitaire s’est montrée sans pitié avec eux.elles. Ces années, supposées être les « meilleures de notre vie » se sont alors transformées en cauchemar. Loin du blues ou du petit chagrin, c’est tout un pan de leur santé mentale qui a été écorché. Selon un sondage Ipsos, plus d’1 jeune sur 5 de moins de 25 ans rapportait des symptômes de troubles dépressifs modérément sévères ou sévères.
Aujourd’hui le constat est toujours alarmant. Après les désillusions de la pandémie, les jeunes se prennent le revers de l’inflation. Une certaine fatigue collective se fait ressentir et l’urgence également. Selon une étude de Malakoff Humanis, la santé mentale des actif.ve.s de moins de 30 ans est particulièrement inquiétante. 36 % d’entre eux.elles ont posé un arrêt maladie en mars 2022, contre 21 % en mars 2021.
Les dispositifs d’aides rament difficilement dans le sens de l’amélioration. C’est ce que déplorait d’ailleurs la Défenseure des droits Claire Hédon. En juin dernier, elle appelait la Première ministre à mettre en place un plan d’urgence pour la santé mentale des jeunes face à « la gravité de la situation ».
La santé mentale, longtemps reléguée au rang de tabou, est désormais sur toutes les lèvres. Dernièrement, la chanteuse et actrice américaine Séléna Gomez affichait ses troubles bipolaires sans fard tandis que l’acteur britannique Tom Holland, figure de Spiderman quittait Instagram pour « préserver son bien-être mental ». Cette influence des réseaux est un pas de plus pour briser le silence.
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