On a longtemps cru – et entendu – que dormir huit heures par nuit était la norme absolue pour bien se reposer. Cette idée largement répandue est aujourd’hui remise en question, notamment pour les personnes de plus de 65 ans. Et cette fois, ce n’est ni une tendance TikTok, ni un énième mythe bien-être : c’est l’avis d’un expert reconnu en médecine du sommeil.
Moins dormir… mais mieux : un nouveau rythme à adopter
Pourquoi ce changement de perspective ? Tout simplement parce que les besoins du corps évoluent avec l’âge. Après 65 ans, l’organisme ralentit, les sollicitations cognitives sont souvent moindres, l’activité physique diminue : autant de facteurs qui influencent nos rythmes biologiques.
« À partir de 65 ans, nous avons besoin de moins de sommeil car nous bougeons moins et apprenons moins de choses », explique le Dr Estivill dans une interview accordée au média La Vanguardia.
Sa recommandation : viser six heures de sommeil nocturne, pas plus. Ce qui compte, ce n’est pas la durée, mais la qualité. Et pour compléter ce repos plus court la nuit, une ou deux siestes courtes dans la journée peuvent suffire à recharger les batteries efficacement.
Un sommeil fragmenté n’est pas un mauvais sommeil
Beaucoup de seniors s’inquiètent de leur sommeil : réveils nocturnes fréquents, nuits plus courtes, endormissements devant la télévision… Ces changements sont souvent interprétés comme des troubles, alors qu’ils sont tout à fait naturels.
« Les personnes âgées pensent souvent mal dormir alors qu’elles dorment exactement comme leur corps le nécessite », explique le Dr Estivill. Résultat : elles consultent à tort, et se voient prescrire des somnifères qui, sur le long terme, peuvent perturber encore davantage le sommeil.
Le médecin met donc en garde contre le réflexe médicamenteux : « Beaucoup consomment des somnifères en pensant que dormir 8 ou 9 heures est indispensable. Or, ce n’est pas le cas ».
La recette d’un sommeil sain et réaliste après 65 ans
Plutôt que de s’accrocher à des normes qui ne correspondent plus à cette tranche d’âge, le Dr Estivill propose une hygiène du sommeil adaptée. Voici ses principales recommandations :
- Dormir environ 6 heures par nuit, si le sommeil est continu et réparateur.
- Faire une ou deux siestes dans la journée, de courte durée, pour compléter le repos.
- Garder une routine régulière : se lever et se coucher à heures fixes.
- Éviter les écrans et les excitants en fin de journée.
- Ne pas culpabiliser si l’on dort moins longtemps qu’avant : ce n’est ni un problème, ni une pathologie.
Et surtout, ne jamais réveiller un senior qui pique du nez devant la télévision ! Cette somnolence légère, loin d’être un signe de fatigue excessive, fait partie intégrante du nouveau cycle de sommeil naturel après 65 ans.
Dormir selon son âge, pas selon un mythe
Cette nouvelle approche du sommeil a de quoi rassurer de nombreuses personnes âgées, souvent angoissées à l’idée de ne pas dormir « comme avant ». Le Dr Estivill résume cette réalité avec une phrase pleine de bon sens : « Quand on est jeune, on a besoin de beaucoup de sommeil et peu de temps pour dormir. Quand on est vieux, on a beaucoup de temps, mais moins besoin de sommeil ».
Changer de regard sur son sommeil, c’est aussi accepter que nos besoins évoluent avec le temps. Mieux les comprendre, c’est mieux les respecter. Et au final, c’est retrouver un repos plus paisible, sans pression ni médicament.