HHC désormais interdit en France : bientôt au tour du CBD ?

Le HHC, surnommé le « joint légal » par ses fidèles, a été interdit de la vente par l’Agence du Médicament le 13 juin dernier. L’institution lui reprochait notamment d’avoir un effet addictif préjudiciable pour la santé. Ce dérivé de synthèse du cannabis est désormais considéré comme un stupéfiant. Par conséquent, sa consommation est condamnable au même titre que les autres substances illicites. Depuis que le couperet est tombé, beaucoup craignent que le CBD subisse le même sort. Les adeptes de cet « or vert » doivent-ils craindre un retour en arrière ? La rédaction fait le point sur cette situation complexe. 

Qu’est-ce que le HHC et pourquoi il pose question ?

En mai dernier, le ministre de la Santé François Braun annonçait déjà la couleur dans un Tweet : « La consommation et la vente du HHC seront interdites. Mon ministère est mobilisé pour protéger la santé des Français et lutter contre les addictions ». Ces mots prennent désormais tout leur sens. Le succès du HHC s’est consumé le 13 juin dernier avec une mesure forte de l’Agence nationale de sécurité du médicament (l’ANSM). Un coup dur pour les boutiques de CBD qui en faisaient leur produit « phare ».

Avant que la sentence s’abatte sur le HHC, ce dérivé de synthèse du cannabis était distribué sous des formes « raisonnables » telles que des huiles, des sprays ou encore des infusions. Mais c’est études et rapport à l’appui que l’ANSM a mis fin à son prestige marketing. Obtenu par synthèse chimique à partir de cannabinoïdes naturels, le HHC, étendard des drogues récréatives, n’a pas fait long feu. Les autorités sanitaires l’accusent de provoquer une dépendance chez ses « pratiquant.e.s » et de mettre en danger leur santé.

Pour étayer ses propos, l’ANSM a listé tous les effets problématiques du HHC sur le corps, à savoir « tremblements, vomissements, anxiété, bad trips, confusion mentale, malaise, tachycardie, douleur thoracique, poussée tensionnelle ». Soit des réactions similaires à celles du cannabis « brut ». Sa composition, très proche du cannabis, augmente aussi les risques d’accoutumance. L’ANSM précise « la structure chimique de ces produits est proche de celle du delta-9 tétrahydrocannabinol (delta-9 THC), classé comme stupéfiant« .

Est-ce que le CBD est lui aussi menacé ?

Cette annonce retentissante sur le HHC laisse présager d’autres ajustements ou restrictions juridiques plus vastes concernant le CBD. Véritable substance de la « discorde », le CBD a déjà eu du mal à se frayer un chemin en France. C’est seulement fin décembre 2022 que le Conseil d’État officialisait clairement la légalisation du CBD partout en France. Évidemment avec le taux de THC inférieur à 0,3 %.

Cependant, l’ANSM pourrait bien bouleverser cette loi et perturber le marché. Elle indiquait : « Nous poursuivons la surveillance renforcée du HHC et globalement de l’ensemble des cannabinoïdes de synthèse ». Le CBD, consommé par 10 millions de Français.es, n’a pourtant pas grand-chose à craindre. Et ses fidèles peuvent se rassurer. Contrairement au HHC et au THC, le CBD n’a pas d’effets psychoactifs significatifs et n’entraîne pas de sensation d’euphorie ou d’intoxication. Ce qui peut éventuellement faire douter, c’est la qualité, pas toujours réglo, de certains produits.

CBD : un marché florissant difficile à stopper

Relancé par la crise des opioïdes, le CBD s’est fermement enraciné dans les habitudes des Français.es. Intégré dans la tasse du soir ou appliqué sur le visage en soin beauté, le CBD est un rituel bien-être à part entière. Disponible en accès libre dans les boutiques dédiées comme ce magasin de vente de CBD à Lausanne, il entre surtout dans le cadre de l’automédication pour adoucir les petits maux du quotidien et améliorer la qualité de vie. C’est un placebo qui peut, dans certains cas, se substituer aux cachets « classiques ».

Les utilisateur.ice.s vantent principalement ses propriétés sédatives, antalgiques et relaxantes. Un engouement qui fait bien les affaires de l’Hexagone. La France qui se targue de vouloir relancer l’économie du pays perdrait gros en durcissant les accès au CBD et contredirait ses « objectifs ». Le marché du CBD pourrait dépasser le 1,5 milliard d’euros dans un futur proche. Une manne financière qui participe, à sa manière, à l’attractivité de la France.

CBD et cannabis médical, quelle différence ?

Le CBD, de son petit nom le « chanvre bien-être », se distingue du cannabis thérapeutique. Bien qu’il puisse procurer une sensation de plénitude, le CBD ne peut porter des allégations thérapeutiques. Seul le cannabis médical est autorisé à pousser de tels « mérites ». Toutefois, il reste assez peu exploité en France.

Le cannabis médical intervient quasi uniquement dans le traitement de l’épilepsie avec un médicament, l’Epidyolex, qui, lui, a reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM). Cependant, la France manifeste un intérêt plus vif envers le potentiel thérapeutique de cette molécule. Depuis mars 2021, une expérimentation d’envergure est menée sur 1200 patient.e.s atteint.e.s de maladies graves en vue de généraliser les prescriptions de cannabis médical. Les premiers bilans sont plutôt encourageants. De quoi redorer l’image de cette molécule, et pourquoi pas, la reconnaître à plus grande échelle.

« On a pu donner accès avec ce dispositif au cannabis médical, qui pourrait élargir l’arsenal thérapeutique. Environ 2/3 des patient.e.s disent que ça a amélioré leur qualité de vie. Les personnes qui vont mieux disent : « j’ai peut-être encore mal, mais je dors mieux, je suis moins anxieuses, je retrouve de l’appétit » », justifie Nicolas Authier, psychiatre et président du comité de suivi de l’expérimentation

Si l’interdiction soudaine du HHC a remis en cause tout un secteur, le CBD, lui, poursuit sa brillante ascension. Pour éviter les abus, il vaudrait mieux renforcer les contrôles plutôt qu’en venir à une décision radicale. C’est bien connu, l’interdiction forge les comportements irraisonnables.

Article partenaire

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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