Injonction à faire du sport : comment s’en défaire pour vivre sans contraintes ?

Alors que la nouvelle année vient de commencer, vous vous êtes peut-être fait la promesse de « bouger plus ». Même si vous n’avez aucunement envie de pousser de la fonte, de courir à en cracher vos poumons ou de monter ces fichus escaliers, vous gardez cette résolution au coin de la tête. Dans la société, l’activité physique est plus qu’un loisir, c’est un enjeu de santé publique. Les corps sont donc toujours incités à se mouvoir, à transpirer et à se dépasser pour rester « sains ». Cette injonction à faire du sport, qui semble vouloir « votre bien », vous colle au basket. Elle vous suit à la trace depuis les bancs de l’école et vous aimeriez vous en défaire. Alors voici quelques pistes à suivre pour vous libérer de cette injonction à faire du sport et arrêter de vous torturer sur le tapis de gym.

L’injonction à faire du sport : une obligation qui commence tôt

Dès le plus jeune âge, les enfants sont encouragés à devenir des machines de guerre et à avoir le goût de la compétition. Iels s’adonnent à plusieurs disciplines, s’essayent au tatami, à la salle de danse ou au terrain de foot jusqu’à trouver leur activité de prédilection. Même si le sport est fortement relié au bien-être, c’est parfois un lourd fardeau à porter. Certes, il contribue à la croissance, lutte contre la sédentarité et confère des valeurs morales assez fortes, mais il est souvent détourné de sa visée première. Pour les enfants, il apparaît plus comme une contrainte qu’un véritable choix du cœur.

Vous aussi, vous auriez certainement préféré regarder « Oggy et les cafards » plutôt que de devoir aller frapper dans un ballon, un samedi matin à 8h tapante. D’ailleurs, qui n’a jamais mis le thermomètre sur le radiateur pour échapper à un cours matinal ou un championnat ? Dans certains cas, il arrive que ce sport, imposé par les parents, se transforme en passion. Mais la plupart du temps, il mue en pression. Pourtant, aux yeux de la société, le sport est une addition nécessaire à la vie quotidienne. Vous aviez beau jouer aux loups, enchaîner les montées de toboggan et improviser un circuit acrobatique dans les bois, ce n’était pas assez.

Pendant l’enfance, le sport est exposé comme un loisir vital, mais au ressenti il s’apparente davantage à une corvée. Rares sont les bambin.e.s qui réclament de faire le ouistiti sur des barres asymétriques ou de chausser une raquette, à moins d’avoir été influencé.e.s. L’injonction à faire du sport est ainsi précoce. Elle s’amorce en catimini et prend une forme récréative. Elle se prolonge ensuite au sein de l’école, à travers les cours d’EPS. Puis, petit à petit, elle s’infuse dans les esprits et devient une norme sociale à suivre.

Apprenez à redéfinir le sport et à lui redonner du sens

Cette injonction à faire du sport vous incite à vous dépenser pour les mauvaises raisons. Vous ne faites pas des pompes ou des burpees dans votre salon pour vous défouler, mais pour avoir bonne conscience. Clairement, vous n’y trouvez aucun intérêt. Vous vous faites violence pour terminer votre séance et vous ne récoltez même pas une once de satisfaction à la fin. Votre vision du sport est certainement biaisée.

Vous y voyez peut-être une opportunité d’atteindre un « idéal » physique. Ce n’est pas surprenant puisque le sport est sans cesse associé à la minceur ou à des corps athlétiques ultra sculptés. Or, le sport a pour vocation de vous entretenir, mais pas forcément de vous « changer » de la tête aux pieds. Ça ne doit pas être un prétexte pour faire la guerre à vos rondeurs.

Autre rappel : l’activité sportive n’a pas besoin d’être intensive pour être efficace. Ce n’est pas grave si votre t-shirt ne ressort pas trempé de la séance. Ce qui compte vraiment, c’est le plaisir suscité par les exercices. Vous pouvez donc très bien vous contenter de sports doux à l’image du Pilates ou du yoga. Ces disciplines ont aussi l’avantage de vous reconnecter à votre corps et d’avoir un aspect « méditatif » propice au lâcher-prise. Trouvez une activité qui résonne avec vos goûts personnels. Convertissez cette injonction à faire du sport en une expérience épanouissante.

Détachez-vous du culte de la performance

Cette injonction à faire du sport, que vous avez largement intériorisé, vous exhorte de dépasser vos limites au détriment de vos ressentis. Même si votre corps est à bout de force et ne tient plus sur ses jambes, vous poursuivez les efforts jusqu’à l’épuisement. Mais le lendemain, vous le regrettez fortement. Vous ne pouvez plus mettre un pied devant l’autre sans geindre de douleur. Dans cette perspective, le sport devient totalement contre-productif. Son effet « santé » est inhibé. Résultat : vous vous faites plus de mal que de bien.

En négligeant les signaux que votre corps vous envoie, vous le poussez dans ses retranchements. Au lieu de le rendre plus solide, vous l’abîmez. Avec le sport, il est assez facile de tomber dans le piège du « tout ou rien ».  Mais abordez-le plutôt comme un marathon en plusieurs étapes et non pas comme un sprint en une seule traite. Écoutez-vous, définissez des objectifs en phase avec vos capacités et préférez la progression à l’immédiateté. Une petite avancée vaut mieux qu’une grande enjambée qui laisse des séquelles sur plusieurs jours.

Mettez l’accent sur vos autres domaines d’excellence

Cette injonction à faire du sport est tellement ancrée qu’elle réduit drastiquement le champ des possibles. Pourtant, tout le monde n’est pas doué dans le sport. Même avec beaucoup de bonne volonté et des répétitions acharnées, certaines personnes restent hermétiques à la discipline. Mais ce n’est pas parce que vous ne brillez pas sur un court de tennis ou dans une piscine olympique, que vous êtes forcément un.e « raté.e ».

Vous avez peut-être d’autres talents insoupçonnés qui n’ont rien à voir avec le sport. L’injonction à faire du sport a tendance à fermer de nombreuses autres portes. Pourtant, vous pouvez avoir l’oreille musicale, être un.e virtuose, avoir l’âme d’un.e artiste ou triompher derrière les fourneaux. Qu’il s’agisse d’une activité intellectuelle, spirituelle, gustative ou manuelle, vous avez forcément des facilités dans un domaine. Il suffit juste de trouver lequel. L’injonction à faire du sport peut parfois créer un sentiment d’infériorité ou vous donner l’impression de ne pas être à votre place. Alors, passez outre les barrières du sport pour identifier votre vrai potentiel.

L’injonction à faire du sport est invasive et se greffe jusque sur le lieu de travail, avec des salles de fitness « à disposition ». Même si l’activité physique est pleine de vertus, elle ne doit pas s’imposer de force à vous. Vous avez le droit d’y renoncer. Votre corps vous appartient. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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