Vous vous sentez ni heureux.se ni malheureux.se, mais un peu des deux ? Une sorte d’état émotionnel où votre seule réponse au fameux « ça va ? » serait « mouais » ? Eh bien, vous n’êtes pas le.la seul.e. Avec la situation sanitaire actuelle, il y a de quoi voir notre santé mentale ébranlée. Il est vrai que l’espoir d’un retour à une « vie normale » pointe le bout de son nez avec l’été, mais ce n’est pas pour autant que le monde est désormais rempli d’arc-en-ciel. Zoom sur le « languishing », promu état émotionnel de l’année 2021.
D’où vient le languishing ?
Le languishing, « languissant » en Français, a été théorisé par le sociologue Corey Keyes à l’Université Emory au début des années 2000. Il a utilisé ce terme pour décrire les personnes qui n’étaient pas démoralisées, mais pas épanouies non plus. Corey a constaté que celles qui avaient l’impression de vivre de manière monotone étaient plus susceptibles de développer une dépression ou des troubles anxieux dans le futur.
C’est en lisant ces quelques mots que le professeur de psychologie à l’Université de Pennsylvanie, Adam Grant a eu l’idée d’écrire, en 2021, dans les colonnes du New York Times :
« Ce n’était pas du surmenage, nous avions encore de l’énergie. Ce n’était pas une dépression, nous n’avions pas perdu tout espoir. Mais nous étions tristes et désorientés, un état qui porte un nom : se languir. (…) On a l’impression d’avancer à pas de tortue, de regarder sa vie à travers un pare-brise brumeux. Et c’est peut-être l’émotion dominante de 2021″, explique-t-il
There’s a name for that sense of stagnation and emptiness you’re feeling during the pandemic: It’s called languishing. https://t.co/6JHf77rPId pic.twitter.com/XvSh2LXEUn
— The New York Times (@nytimes) April 19, 2021
Comment se caractérise cette émotion dominante de 2021 ?
Le languishing se situe donc à mi-chemin entre la dépression et l’épanouissement sur le spectre de la santé mentale, comme un état émotionnel intermédiaire finalement. Il se définit par un « abattement physique ou moral qui se manifeste par un manque d’activité, d’énergie, de dynamisme ». On n’est pas déprimé.e, mais le moral n’est pas au top non plus. Autrement dit, chaque jour, on vit la même journée. On travaille même si l’on a du mal à se concentrer, on n’a pas envie de sortir malgré le beau temps et on regarde pour la dixième fois le même film Netflix… Plus rien ne nous fait réellement envie ou ne nous enthousiasme et on traîne des pieds toute la journée, lassé.e. Ainsi, l’humeur maussade vient totalement nous désorienter au quotidien et nous plonge parfois dans une profonde tristesse.
Ce sentiment de stagnation et de vide touche largement la population, notamment les jeunes, depuis plus d’un an avec la Covid. Dans le New York Times, Adam Grant décrit précisément le languishing comme étant « le vide entre la dépression et l’épanouissement – l’absence de bien-être. Vous ne travaillez pas à pleine capacité, votre motivation se voit atténuée, vos capacités de concentration sont perturbées ».
Le sociologue Corey Keyes, lui, décrivait le languishing comme « le vide et la stagnation, constituant une vie de désespoir tranquille… des individus qui se décrivent et décrivent la vie comme creuse, vide, une coquille et un vide ».
Languishing : quelles solutions pour le combattre ?
Le problème est que les symptômes passent inaperçus chez les personnes qui en souffrent. Ainsi, elles ne seraient pas prises en charge assez rapidement, voire pas du tout, car leurs symptômes ne seraient pas « cliniquement significatifs ».
« Languishing est l’enfant du milieu négligé de la santé mentale », écrit le psychologue américain Adam Grant.
Pour pallier à ce sentiment « étrange », Grant suggère de le nommer tout d’abord. Lorsque l’on met un mot sur une émotion, on commence en effet à y voir plus clair. Par la suite, on peut opter pour des exercices de pleine conscience à réaliser au quotidien afin de s’immerger totalement dans une activité satisfaisante : le flow.
Lecture, jardinage, poterie, tricot, mots croisés, écriture… toutes les activités qui vous font réellement du bien et dont vous devez réserver du temps chaque jour. Notez qu’il faut que ce soit un projet intéressant, un objectif, un défi, quelque chose qui compte pour vous, qui ai du sens, mais pas forcément nouveau.
Bon à savoir : il faut éviter les changements de tâches fréquentes, comme vérifier vos mails toutes les minutes, ou les to-do-list rempli de tâches, et plutôt vous concentrer sur un objectif réalisable, un par un. D’autres méthodes comme la thérapie d’acceptation et d’engament (ACT) ou la thérapie cognitive et comportementale (TCC) peuvent aussi vous aider.
Notre petit conseil : prenez l’air, revoyez vos proches, allez au musée, au cinéma, faites un pique-nique ou encore prévoyez votre prochaine destination de vacances. Bref, faites des choses qui vous font du bien, qui vous font vibrer et qui chasseront ainsi l’ennui ou la morosité.
Connaissiez-vous le languishing ? Dites-le-nous sur le forum, rubrique Confiance en soi, S’accepter.