« Promis demain j’arrête ». Dire adieu aux mauvaises habitudes c’est comme les résolutions, on se dit qu’il faudra bien les tenir, mais on n’y arrive pas. Même si certaines sont à bannir pour notre santé physique et mentale, d’autres sont en réalité très bonnes pour nous. C’est même parfois un signe de bonne santé mentale et de supériorité. Voici 8 mauvaises habitudes qui renferment des vertus. Preuves scientifiques à l’appui.
Procrastiner
Dans une société qui ne jure que par le dépassement de soi et l’hyperactivité, la procrastination est souvent décriée. Pourtant, tout remettre au lendemain est loin d’être un simple signe de fainéantise. Cette langueur, régulièrement rappelée à l’ordre par les adeptes de la surproductivité, est tout sauf un fâcheux défaut. Laisser pousser ce poil dans la main serait d’ailleurs une activité assez noble, n’en déplaise aux disciples de l’efficacité. Selon le professeur Adam Grant, avoir cette attitude « force tranquille » serait même une preuve d’intelligence.
L’art de la « glande » indiquerait une capacité à faire les choses au bon moment et une forte capacité d’adaptation. Contrairement à la paresse qui consiste à regarder les mouches voler, la procrastination colporte avec elle une créativité innée. Une fois dans le feu de l’action, on va chercher des raccourcis ou des ruses pour agir vite, mais bien.
Ça ne veut pas forcément dire solliciter chatGPT pour sa dissertation ou payer un.e collègue pour faire son PowerPoint. Les procrastinateur.ice.s vont au-delà de la solution de facilité. Iels ont une réflexion plus intuitive. Troquer une tâche prioritaire contre une tâche secondaire plus plaisante est aussi une belle façon d’éradiquer ce fameux « stress d’anticipation ».
Raconter des potins
Balancer des scoops est un petit péché mignon dont il serait difficile de se passer. Après tout, les potins font le croustillant des conversations lambda. Souvent accusés de médiocrité, ces ragots juteux qui se transmettent de bouche à oreille auraient pourtant un sens caché bien plus profond. Sous ses faux airs de mauvaise habitude, le commérage est un plaisir qui n’a rien de coupable.
S’improviser journal people à ciel ouvert et révéler des actus de ses proches en avant-première est même plutôt bénéfique. Selon une étude publiée en 2019, parler sur une personne en son absence faciliterait la création du lien social et générerait un sentiment d’appartenance gratifiant. Raconter des potins favoriserait également la production d’endorphines, fameuse « hormone du bonheur ». C’est le cas seulement s’ils sont « raisonnables ». Pas question d’inventer une rumeur cousue de fil blanc pour nuire à quelqu’un. En revanche, les bavardages indiscrets sur des petites futilités, eux sont permis.
Rêvasser
Être dans la lune et laisser son esprit s’évader est une vraie force d’âme. Même si ce petit détachement de la réalité est souvent mal interprété par les autres, il serait salvateur. Rêvasser n’est pas le résultat d’un manque d’intérêt ou d’une fainéantise. Cette déconnexion spontanée indique une rare agilité du cerveau. Divaguer de temps à autre permettrait même d’améliorer sa mémoire. C’est en tout cas ce que confirmait une étude publiée dans la revue Psychological Science. Une excuse qui aurait servi à bien des élèves sur les bancs de l’école.
Si en apparence, le corps semble totalement dépossédé de lui-même, en intérieur ça fulmine. La rêverie donne un coup de fouet à plusieurs zones du cerveau qui agissent directement sur la créativité, le stress et la logique. Mieux, la rêverie entretiendrait une certaine stabilité neurologique. Une mauvaise habitude à chérir plus souvent, quitte à vexer quelques proches.
Se ronger les ongles
Plus besoin de se badigeonner les ongles de vernis amer ou de porter des gants en plein été, se ronger les ongles jusqu’à la peau n’est, finalement, pas si blâmable. Cette mauvaise habitude, réprimée par les parents sous un « ce n’est pas propre » ou « c’est malpoli », a été défendue par la science. Même si elle ruine l’espoir d’une manucure étincelante, cette manie aurait des atouts inattendus.
Selon le Dr Hilary Longhurst, se ronger les ongles renforcerait la barrière immunitaire. Le dessous des ongles abrite un petit écosystème pas très ragoutant, mais utile au corps. Ces bactéries « saines » qui s’y développent permettraient donc de lutter contre les infections et les allergies. Évidemment, si les ongles sont noir charbon, c’est l’effet inverse qui risquerait de se produire. Ce tic nerveux trouve aussi ses limites.
Être en retard
Malgré les multiples alarmes, le manque de ponctualité revient toujours au galop. Et les proches ne se retiennent pas pour souligner cette mauvaise habitude. S’emmêler les fuseaux et avoir un rapport au temps totalement chaotique n’est jamais acclamé. Et pourtant ressembler au lapin pressé d’Alice au Pays des Merveilles devrait plutôt s’attirer le titre de « qualité ».
Une étude américaine réalisée en 2003 va même jusqu’à dire que c’est un gage de réussite. Certes, au travail, ce n’est pas le premier indicateur qui vient en tête (et c’est bien dommage). Mais selon les résultats, les personnes en proie au retard chronique sont moins stressées et laissent davantage place à leur imagination, à l’inverse des autres.
Cette relation aléatoire avec le temps traduit également une tendance à être plus optimiste et irréaliste. En bref, les retardataires ne s’enferment pas dans des contraintes horaires, iels prennent plus de recul que les autres. Cependant, pas sûr que la mention « retardataire de premier choix » ne soit reconnue sur un CV…
Dire des gros mots
Ils sortent de la bouche presque sans prévenir sous le coup de la colère, de l’agacement ou même de la joie. Les gros mots font partie de notre vocabulaire instinctif. Ce sont eux qui affluent en premier lorsqu’on se cogne le petit doigt de pied dans un meuble ou quand on fait une tâche de sauce tomate sur son chemisier blanc. Un « diantre » ou un « punaise » n’aura pas le même effet défoulant que les petites injures de tous les jours.
Réprimés en public pour ne pas griller les règles de politesse assidûment enseignées par les parents, ils ont toutes les bonnes raisons de se délier une fois en petit comité. Selon une étude menée par un psychologue à l’Université de Keele au Royaume-Unis, les jurons auraient une vocation apaisante aussi appréciable que des antalgiques.
« Jurer est une pratique centenaire et un phénomène linguistique humain presque universel. Elle se loge dans les centres émotionnels du cerveau et apparaît dans la partie droite, alors que la plupart des productions de langage se passent dans l’hémisphère gauche de celui-ci », selon Richard Stephens de l’Université de Keele en Angleterre.
Ne pas se laver tous les jours
C’est bien connu, l’excès d’hygiène est totalement contre-productif pour la peau. Si certain.e.s s’astiquent de la tête aux pieds plusieurs fois par jour, d’autres préfèrent repousser la douche par flemme ou par manque de temps. Et sauter la fameuse toilette un jour ou deux n’a rien de dégoûtant. D’ailleurs nos ancêtres n’avaient pas tout l’attirail corporel qui existe aujourd’hui et ça ne les empêchait pas de vivre en harmonie. Cette mauvaise habitude est plutôt bienvenue pour la peau.
Elle stimule l’action naturelle de la barrière cutanée et évite les vilaines sensations de tiraillement. La peau, trop habituée aux soins, a tendance à devenir plus paresseuse. En espaçant les lavages, elle réapprend à lutter contre les agressions extérieures d’elle-même. Et au pire, pour masquer les odeurs, il y a toujours le parfum.
Avoir un bureau en désordre
Feuilles volantes, crayons dispersés, classeurs à moitié ouverts, post-it collés sur chaque coin de table, cimetières de tasse… certains bureaux ressemblent à un champ de bataille. Que les petites tornades se rassurent, ce désordre peut se trouver des arguments valables.
Selon des chercheurs de l’Université du Minnesota, ne pas ranger serait un facteur de créativité. C’est justement le désordre qui pousserait à chercher de l’ordre ailleurs… dans le travail lui-même ! Celles et ceux qui ne se soucient pas d’avoir un bureau parfait s’investissent davantage pour obtenir de bons résultats. De quoi défendre ce bazar envahissant.
Une bonne dose de mauvaises habitudes pour arrêter de culpabiliser ! D’ailleurs, si vous surprenez votre enfant en train de se décrotter le nez, ne l’arrêtez pas. En effet, elles sont remplies de protéines, de lipides, d’eau et de poussières qui boostent le système immunitaire.