La peur de blesser, de nuire à autrui, de heurter avec des paroles malveillantes, le contrôle constant sur soi pour ne pas commettre un acte répréhensible… autant de pensées intrusives et nocives qui gâchent les instants simples du quotidien. Dans le corps médical, ce mal-être porte le nom de phobie d’impulsion. Il s’agit d’un symptôme psychiatrique encore méconnu.
Un trouble méconnu
Charrié.e.s par un sentiment de honte ou de confusion, les patient.e.s s’enlisent dans le silence, ce qui complique le travail des professionnel.le.s de santé. Plus le diagnostic est retardé et plus les conséquences peuvent être dramatiques. Ce trouble peut se manifester à des moments transitoires de la vie, comme durant la période post-partum. Cet enfer intérieur reste encore bien mystérieux. L’envie incontrôlable, voire obsessionnelle, de commettre des actes violents toucherait 2 à 3 % de la population.
Sur le quai du métro, vous fixez le train qui arrive et vous rêvez de vous jeter sous les rails ? Dans le supermarché, vous avez soudainement envie de tout casser, de renverser les cadis et de hurler sur les vendeurs ? Lors d’une escapade avec votre âme sœur sur les hauteurs de la Tour Eiffel, vous voulez vous sauter dans le vide ? Au bureau, vous aimeriez crier votre haine sur votre supérieur et enchaîner les insanités ? Dans les rues bondées, vous seriez ravi.e de pouvoir étrangler les passant.e.s ? Terrorisé.e à l’idée de faire du mal à votre enfant ? Autant de cas de figure qui illustrent la phobie d’impulsion.
Des pulsions malsaines
Dans le dictionnaire de la Psychiatrie, on définit la phobie d’impulsion comme « la peur de perdre le contrôle de soi et d’accomplir des gestes absurdes, déplacés voire dangereux pour soi-même et/ou pour autrui ». Ceux qui en souffrent passent au crible chacun de leurs faits et gestes pour vérifier s’ils ont commis un geste irréparable.
Le terme « phobie d’impulsion », lui, est trompeur. La psychiatrie la considère plutôt comme un Trouble obsessionnel compulsif (TOC). C’est comme si le diable avait pris possession de notre esprit. Des images insensées, grossières, parfois écœurantes occupent les pensées et ressurgissent de façon imprévisible. En définitive, le cerveau fabrique des scénarios qui font froid dans le dos.
« Je pourrais perdre le contrôle, péter un plomb, devenir folle. Alors vient la peur des couteaux, de rester seul avec son fils, de le coucher. Peur de soi, de se faire du mal. La honte, l’incompréhension nous détruit. Cette angoisse tétanisante nous envahit de plus en plus, sans nous laisser de répit », explique Marie-Laure, jeune maman.
Ce n’est autre qu’une spirale infernale qui nous plonge dans un profond malaise. Pour enfin voir la lumière au bout de ce tunnel vicieux, il existe des solutions.
Des symptômes doivent alerter
Les spécialistes tempèrent les effets pervers de ce trouble en confirmant que le passage à l’acte est quasiment nul. D’ailleurs, à travers plusieurs profils de patient.e.s, ils ont pu observer des symptômes récurrents :
- Le.a patient.e redoute de commettre ces actes par inadvertance
- La présence d’images ou pensées abjectes (agressivité, violences physiques, morales ou sexuelles, immoralité, contraire aux lois, etc.) qui occupent l’esprit de façon répétée
- Le.a patient.e a peur d’avoir une pulsion agressive ou sexuelle envers des inconnus, un type d’individu en particulier (par exemple des individus vulnérables comme des enfants : peur d’être un.e pervers.e sexuel.le ou un pédophile) ou encore ses proches (son enfant, son mari…)
Bien souvent, les proches ne peuvent pas identifier clairement la phobie d’impulsion tant elle est camouflée. Pourtant, quelques signaux pourraient mettre la puce à l’oreille. La plupart du temps, il s’agit de « tocs » qui naissent machinalement. Par exemple, si sur la route votre ami.e fait sans arrêt demi-tour sans raison, il se pourrait qu’iel vérifie simplement si iel n’a écrasé personne. Même son de cloche si iel consulte régulièrement les flashs infos de la région pour voir si aucun accident n’a eu lieu.
Phobie d’impulsion : le chemin vers la guérison
Pour apaiser ces peurs et ces ruminations impromptues, il est essentiel de consulter un.e spécialiste puisque ce mal pourrait en cacher un autre. La Thérapie cognitivo-comportementale s’inscrit dans les traitements de premières intentions.
Il s’agit d’exposer progressivement le.a patient.e à ses angoisses morbides, puis de lui donner des clefs rationnelles pour les surmonter. La méditation de pleine conscience peut aussi s’avérer efficace. En passant par « l’acceptation » et le « lâcher-prise », cette méthode permet d’apaiser les souffrances.
Dans les abysses de la phobie d’impulsion, les ondes négatives prennent souvent le dessus. Pourtant, il est essentiel de se détacher de cette culpabilité et d’ouvrir le dialogue pour s’extirper de ses griffes empoisonnées.