Être optimiste et positif.ve dans la vie est une bonne chose. Cela peut nous aider à relativiser et ne pas sombrer face aux obstacles. Cependant, dans notre société, notamment au travers des réseaux sociaux, la positivité est devenue une injonction. Être triste, énervé.e ou encore déprimé.e ne sont pas toujours acceptés. À entendre certain.e.s, il faudrait constamment afficher un sourire et une vie « sociale parfaite ». Voir « la vie en rose » est devenu le mot d’ordre. Or, nier ses émotions et ses pensées négatives peut avoir des conséquences sur notre santé mentale. On appelle cela la positivité toxique. On vous en parle.
La positivité, l’injonction à toujours se sentir bien
« Il y a pire dans la vie », « ça ira », « pense positif », « mais souris il y a plus grave »… Vous avez certainement déjà entendu ces phrases sortir de la bouche de votre entourage ou même de la vôtre. Être optimiste est une qualité très attendue dans notre société. Car si vous êtes trop négatif.ve.s, vous êtes mal perçu.e.s, voire considéré.e.s comme dépressif.ve.s, faibles… Bref, vous l’aurez compris, dans notre société la négativité est globalement proscrite.
D’ailleurs, cette tendance prend de plus en plus d’ampleur et les chiffres parlent d’eux-mêmes. 46 % des Français.es considèrent que la « pression pour la positivité » a augmenté ces dernières années, selon une étude d’Appinion. En outre, les réseaux sociaux ne facilitent pas les choses et vendent une vie parfaite et positive à tout bout de champ, sans laisser place aux émotions plus négatives.
Un phénomène qui, sans que nous nous en rendions compte, a un impact sur l’expression de nos émotions et notre santé mentale.
De la positivité à la toxicité
Être positif.ve c’est bien. Mais à condition de laisser de la place aux émotions négatives et de les extérioriser, au risque de tomber dans la positivité toxique. Chercher à avoir absolument une attitude positive, même dans des circonstances difficiles, est dangereux pour votre santé.
« La positivité toxique est l’idée que nous devrions nous concentrer uniquement sur les émotions positives et les aspects positifs de nos vies. C’est la conviction que si nous ignorons les émotions ou moments difficiles, nous serons beaucoup plus heureux », définit la docteure Heather Monroe au Huffington Post
Ainsi, si la positivité aide à surmonter certaines épreuves, elle peut être contre-productive. En niant souvent vos émotions négatives, cela augmentera inconsciemment, votre sentiment de mal-être. Vous rabâchez des « tout va bien se passer », « il faut rester optimiste », ne pansera pas votre peine, bien au contraire. Vous cumulerez toutes vos émotions et finirez par exploser. Cela peut conduire à un excès de stress et vous tomberez dans un cercle vicieux.
D’ailleurs, certaines études ont montré que les gens qui accordent une grande importance à leur propre bonheur sont paradoxalement moins heureux.ses. Surtout, dans les situations dans lesquelles ils s’attendent à être les plus heureux.ses.
Une des caricatures de Randy Glasbergen illustre pleinement ce phénomène psychologique. Un patient explique à son.a psychologue qu’en recherchant le bonheur il est encore plus malheureux : « Je suis très, très heureux… Mais je veux être très, très, très heureux, et c’est pourquoi je suis malheureux. »
« La positivité toxique peut avoir des conséquences sur le long terme, notamment si l’on encourage une personne à ne pas évoquer ses problèmes. Se sentir connecté et écouté par les autres et l’un des plus puissants antidotes contre la dépression et l’anxiété, alors que l’isolement va au contraire, nourrir ces problèmes émotionnels. Souvent, dissimuler ou nier des sentiments peut amener plus de stress sur le corps et une difficulté à gérer les émotions bouleversantes », poursuit la docteure Heather Monroe
La négativité n’est pas incompatible avec le bonheur
Rassurez-vous on ne vous demande pas d’arrêter d’être heureux.ses, ou de chercher le bonheur. Mais, plutôt d’accepter qu’il y ait des hauts et des bas dans votre vie. Plutôt que d’essayer d’augmenter tout de suite le niveau de votre bonheur, privilégiez les comportements qui maximisent la probabilité de l’atteindre.
Ainsi, nous vous conseillons, si vous vous sentez mal, d’accepter simplement que c’est OK de ne pas être OK. Parfois, se dire « oui, cette situation est terrible » est la chose la plus positive que vous puissiez faire. Vous pouvez également vous confier aux autres et partager vos émotions. Si cela est très compliqué pour vous, vous pouvez aussi le faire avec vous-même, en notant tous vos tracas et vos angoisses dans un carnet dédié.
Grâce à ces actions, vous vous autorisez à être malheureux.se, le temps qu’il faut, et faites comprendre à votre cerveau que c’est tout à fait normal d’avoir ce type de pensées.
Enfin, nous vous recommandons fortement de vous détacher des contenus trop parfaits qui prônent le culte du positivisme. On ne vous demande pas de supprimer votre compte Instagram, mais plutôt de faire du tri dans vos abonnements. D’autant plus, qu’il y a des comptes qui traitent avec réalisme et humours des sujets autour de la santé mentale et de la psychologie.
Alors, prenez le temps d’écouter votre corps et d’extérioriser toutes vos émotions. Après tout comme dit le proverbe bouddhiste : « La douleur est inévitable. La souffrance est facultative. »