La course contre le temps a commencé au premier confinement. Que faire de tout ce temps libre et comment en profiter un maximum ? La productivité toxique s’est alors d’abord emparée de nos vies personnelles : faire plus de sport, ranger sa maison ou arrêter de boire. Elle s’est ensuite insinuée dans notre vie professionnelle et notamment avec le télétravail. Les limites sont floues, aussi bien au niveau des horaires de bureau que du nombre réel de tâches à accomplir. Zoom sur ce nouveau mal qui prend de l’ampleur.
Du succès à l’échec
Tout droit venu des États-Unis bien avant la pandémie, la productivité toxique touche principalement les entrepreneur.euse.s. Ayant créé de toute pièce leur entreprise, ce type de personnes a du mal à se poser des limites en travaillant plus d’heures qu’il n’en faut et même le week-end. Tout cela en mettant de côté les relations personnelles et leur santé physique et mentale.
Mais ce mal s’est étendu à beaucoup de télétravailleur.euse.s ces deux dernières années. À l’origine, la productivité est un marqueur de succès séculaire. Celui-ci devient malsain quand il s’inscrit à tout moment de notre vie, quitte à s’oublier et oublier de vivre tout court. Ainsi, la productivité toxique est la nécessité de faire un effort supplémentaire même si on ne l’attend pas de nous. Par exemple, une fois que vous avez terminé un projet, vous vous sentez coupable de ne pas en avoir fait plus.
« Trop ne suffit jamais. La productivité toxique peut nous donner l’impression d’être un échec si nous ne faisons pas constamment. Vous vous jugez chaque jour pour ce que vous n’avez pas fait, plutôt que de regarder ce que vous avez accompli », explique Simone Milasas, coach d’affaires et auteur de « Joy of Business », au HuffingtonPost.
Une course qui finit souvent mal
Beaucoup d’entre nous sont ainsi tombé.e.s dans des schémas de productivité toxique pendant la pandémie, car tout à coup, nous avons eu un temps libre sans précédent. Mais pourquoi travailler deux fois plus plutôt que saisir l’opportunité de ne rien faire ? Pour ne pas culpabiliser, reprendre le contrôle et surtout se sentir en sécurité dans un cheminement qui nous est familier plutôt que d’apprendre le mandarin ou se lancer dans la cuisine.
La « Hustle Culture », un terme bien américain que l’on pourrait traduire par « culture de l’agitation », nous pousse à ne jamais nous arrêter de travailler, mise en quarantaine ou non, fin du monde ou non. Être productif.ve nous détourne aussi de toute l’actualité et des préoccupations extérieures synonymes de stress et de menaces. Enfin, temporairement. Car obsédé.e par la productivité, on finit par être de moins en moins productif.ve et plus épuisé.e. Ne parlons pas de l’isolement et l’éloignement des proches qui peut nous rendre encore plus colérique et frustrée.
Comment reconnaître les signes d’une productivité toxique ?
Il n’y a rien de mal à être un.e travailleur.euse acharné.e. Mais lorsque le travail prime sur vos besoins de base, comme la pause déjeuner, boire, dormir et sur vos relations personnelles, cela devient toxique. On vous somme de ne pas être assez présent.e pour vos proches, d’être souvent absent.e et de privilégier votre travail plutôt que vos interactions sociales.
Vous ressentez un sentiment de culpabilité dès que vous vous accordez un jour de congé. Regarder une série vous donne l’impression d’avoir perdu du temps. D’autres questions peuvent aussi vous aider à déterminer si votre productivité est toxique comme :
- Pensez-vous souvent que vous devriez faire plus ?
- Est-ce que vous vous sentez épuisé.e et fatigué.e dès le matin ?
- Ressentez-vous le besoin de montrer à quel point vous travaillez dur ?
Quelques pistes pour se délaisser de ce mal
Une fois que vous avez terminé un projet, vous vous demandez constamment « Que dois-je faire maintenant ? » et passez à la tache suivante sans attendre ? La prochaine fois que vous décidez d’assumer une tâche mais que vous n’avez pas l’énergie mentale pour l’exécuter, arrêtez-vous et demandez-vous: « Qu’est-ce que je choisis de faire maintenant et pourquoi ? »
D’autre part, il y a très peu de patron.ne.s qui se soucient de savoir si vous avez travaillé dur 24 heures sur 24. Il.elle.s sont plus intéressé.e.s par le résultat plutôt que par le temps qu’il vous a fallu pour y parvenir. Ainsi, ne choisissez pas l’option « être occupé.e pour être occupé.e » si vous n’en avez pas besoin. Ne le faites certainement pas plus si votre patron.ne le remarque rarement.
Ensuite, faites un effort supplémentaire pour prendre soin de vous, quelle que soit la manière. Faire du sport, regarder une série, manger du chocolat… Donnez la priorité à cela comme vous le feriez pour un projet de travail en le mettant sur votre to-do list par exemple.
Vous pouvez aussi prendre l’air pour pouvoir reprendre le travail plein d’énergie. Personne ne va taper plus vite en restant assis.e devant l’ordi toute la journée. De même, travailler jusque tard dans la nuit et se réveiller à 7 h du matin ne profite à personne. À la fin de la journée, regardez tout ce que vous avez accompli plutôt que ce que vous n’avez pas pu faire.
Enfin, le repos n’est pas pour les « faibles ». Il est primordial pour se ressourcer, se changer les idées et finalement être plus productif.ve. Afin de retrouver une relation saine avec son travail, il faut placer votre santé au même niveau que celui sur lequel vous mettez votre travail. Partagez vos conseils pour lutter contre la productivité toxique sur le forum, catégorie Problèmes et astuces du quotidien.