Depuis la diffusion de la série HPI avec Audrey Fleurot sur TF1, le nombre de diagnostics a significativement augmenté. Et ne vous faites pas d’illusion cela a un coût. On fait le point sur ce que plusieurs psychologues pointent déjà du doigt comme « un business des diagnostics HPI ».
Un marché en vogue, car « il y a de l’argent à se faire »
Qu’on les appelle surdoué.e.s, enfants précoces ou encore personnes à haut potentiel intellectuel (HPI). De tout temps, il y a eu des HPI, à savoir donc des enfants ou adultes ayant des capacités intellectuelles supérieures à la « normale ». Selon l’OMS, cela représente 2,3 % des enfants de 6 à 16 ans scolarisé.e.s intellectuellement précoces, soit 200 000 enfants en France.
Une caractéristique qu’a su mettre en avant la série HPI avec Audrey Fleurot, diffusée depuis avril 2021 sur TF1. Le succès est au rendez-vous puisque la seconde saison, achevée il y a quelques jours à peine, a fait une audience moyenne de près de 10 millions de téléspectateur.rice.s. La série a permis de populariser et normaliser la notion de « personne à haut potentiel intellectuel ». Jusque là cela peut paraître idéal. Pourtant, cette « popularisation » est à double tranchant, selon certain.e.s psychologues.
« On peut parler d’un « business des diagnostics », quand on voit les prix pratiqués : 98 euros pour la première consultation, 410 pour le test de QI, 98 pour le compte-rendu, 88 pour une consultation de guidance familiale… », explique la psychologue Emmanuelle Piquet dans une interview accordée au HuffPost et publiée le 16 juin dernier
En effet, la seule manière de détecter de façon fiable une personne HPI est de réaliser un bilan chez un.e professionnel.le. Depuis la série, voyant la demande augmenter, nombre de psychologues, psychiatres, psychothérapeute (etc.) se sont spécialisé.e.s en la matière. Sur Doctolib, 16 % proposent désormais des tests de QI. Le tout en n’hésitant à proposer des tarifs hallucinants.
« Je me suis lancée là-dedans parce que je savais qu’il y avait de l’argent à se faire », avoue sans tabou Michelle dans une enquête du journal L’Express.
Diagnostics HPI : des prix exorbitants
En moyenne il faut compter entre 200 et 600 euros pour effectuer le test auprès d’un.e psychologue en libéral. Et encore ce n’est que le test. Certain.e.s professionnel.le.s ont carrément imaginé des structures entières autour de cela. C’est le cas de Jeanne Siaud-Facchin qui a fondé en 2003 les centres Cogito’z, des structures spécialisées dans le HPI.
Elles proposent une formation de trois jours à 690 euros pour accompagner les surdoué.e.s. Diagnostics HPI, une haute arnaque potentielle ? Dans l’Express, un ancien patient confie en tout cas en garder un mauvais souvenir : des rendez-vous très étalés, et pour l’entretien final, une simple lecture des résultats de tests. Bref, il n’en avait pas vraiment pour son argent selon lui.
Le net, ou la foire à l’arnaque
Si en « réel » les tests sont à des prix exorbitants et injustifiés selon divers témoignages, sur internet le constat semble encore plus sombre. Charlatans ou psys complaisant.e.s s’en donnent à coeur joie.
En effet, les tests réalisés en ligne ne sont en aucun cas considérés comme des diagnostics valables et « reconnus », alertent divers plusieurs psychologues. Vous n’économiserez donc rien du tout avec des tests de soi-disant coachs spécialisé.e.s en ligne, à moins de 100 ou 200 euros. Ou encore avec la détection du haut potentiel par téléphone (plus de 100 euros les 45 minutes) ou l’heure et demie de vidéos pour « bien vivre sa surdouance« à plus de 300 euros. En bref, en matière de test de QI sérieux et qualitatifs, internet est à fuir car jonché de diagnostics souvent erronés.
Ce qu’il faut retenir de tout ça est que si vous souhaitez vous faire diagnostiquer ou vos enfants, il est primordial de vous tourner vers quelqu’un de confiance et de vous renseigner sur la réelle valeur du test de QI proposé. Par exemple, ce test peut être réalisé gratuitement par un.e psychologue de l’Éducation nationale ou être pris en charge par l’assurance maladie, s’il est fait dans un centre médico-psychopédagogique.