« Ça me démange rien que d’en parler ! ». Nous avons tou.te.s déjà ressenti cet irrépressible besoin de se gratter à la simple mention d’insectes. Punaises de lit, puces, poux sont autant de bestioles à l’origine de démangeaisons, mais également de psychoses. Mais d’ailleurs, pourquoi ça nous gratte quand on pense à des insectes ?
Les origines de la démangeaison
Réflexe des plus naturels, la démangeaison porte également le nom latin de « prurit » signifiant « envie de gratter ». Cette réaction instinctive de protection puise sa source au niveau des fibres nerveuses de notre corps. Ce sont ces fibres qui communiquent l’information à notre moelle épinière. En nous grattant, nous générons une sensation de douleur. À son tour, cette sensation va stimuler d’autres récepteurs qui prendront le pas sur la démangeaison initiale.
« Si ce geste de grattage avait sans doute pour but initial de se débarrasser de parasites, actuellement il sert plutôt à faire disparaître la démangeaison par la douleur », explique Laurent Misery, chef du service de dermatologie du CHU de Brest
De fait, une bonne partie de ce processus automatique se joue au niveau du cerveau. Cette envie de se gratter part de l’épiderme (en cas de réelle agression de ce dernier par des insectes comme les punaises de lit) pour ensuite communiquer les informations nécessaires au cerveau qui saura quoi faire : gratter.
Se gratter, c’est (aussi) dans la tête
L’envie de se gratter est une réaction psychologique ne nécessitant pas nécessairement de sollicitation physique ! Penser à quelque chose qui démange stimule la même partie du cerveau que lorsque quelque chose nous démange vraiment. Comme pour le bâillement, le mimétisme joue un rôle important dans l’envie de se gratter. Les personnes empathiques ou hypocondriaques auront ainsi davantage tendance à ressentir l’envie irrésistible de se gratter à la simple mention d’insectes, d’autant plus si ceux-ci sont réputés pour nous laisser des boutons. Voilà pourquoi ça nous gratte quand on pense à des insectes.
Dans certains cas comme celui du syndrome d’Ekbone, l’envie de se gratter en est même compulsive. Les personnes atteintes sont persuadées d’être infestées de parasites et finissent par souffrir d’illusions sensorielles entêtantes. Il est important de rappeler que nos sensations physiques dépendent beaucoup de notre état d’esprit. Le psychologue Vincent Joly souligne en ce sens : « Les sensations sont très reliées à nos pensées ». Au même titre qu’il est difficile de contrôler ces dernières, ne pas se gratter lorsque ça nous démange participe à l’augmentation de la démangeaison.
Le cercle vicieux du grattage
Si les épidémies de poux, de punaises de lit, de puces et autres insectes dits nuisibles sont bien réels, il faut tout de même veiller à ne pas tomber dans la paranoïa. Notre corps est toujours à l’affut du moindre chatouillement. Quand ça gratte, on frotte pour soulager, mais la démangeaison n’en devient que plus intense.
« C’est efficace à court terme, mais à long terme, il y a au contraire un cercle vicieux prurit-grattage bien difficile à rompre (…) Les circuits nerveux du prurit finissent par être activés en permanence, quoi que l’on fasse », ajoute Laurent Misery
En réponse à cette réaction physique, nous devenons donc plus alertes à chaque nouvelle sensation… Et c’est le début de la psychose. S’il y a un doute, on n’hésite pas à faire un contrôle à la maison ou on demande conseil en pharmacie. En cas de contamination, on se réfère à des sources fiables pour des solutions viables. Mais attention à ne pas trop en lire sous risque de désinformation et d’obsession entêtante pouvant donner envie de se gratter sans raison.
Ça nous gratte quand on pense à des insectes, car notre esprit et notre corps ne font qu’un et s’influencent mutuellement. Nous nourrissons ainsi la démangeaison en nous grattant lorsque nous avons une piqûre et nous stimulons le prurit en abreuvant notre cerveau d’idées de petites bêtes grouillant sur notre peau.