Le selfcare ne signifie pas nĂ©cessairement partir en retraite spirituelle en Inde des mois durant. Pour replacer votre bien-ĂȘtre au centre de vos prioritĂ©s, vous pouvez simplement appliquer quelques petits gestes selfcare au quotidien. En voici 9 qui peuvent faire une Ă©norme diffĂ©rence.
Une définition floue du selfcare
Il s’agit d’un concept difficile Ă dĂ©finir concrĂštement puisqu’il s’incarne diffĂ©remment en tou.te.s. NĂ©anmoins, il est guidĂ© par l’idĂ©e de se rĂ©server du temps pour soi pour son bien-ĂȘtre. Le terme de selfcare (ou self-care) naĂźt dans le domaine mĂ©dical dans les annĂ©es 1950. Dorothea Orem, thĂ©oricienne en soins infirmiers, s’en sert alors pour dĂ©signer « les activitĂ©s quâune personne exĂ©cute pour ĂȘtre mieux, comme manger et se laver ».
Au cours des annĂ©es 1980, le selfcare se retrouve dans les Ă©crits de la poĂ©tesse fĂ©ministe, lesbienne et afro-amĂ©ricaine Audre Lorde. Elle tient un journal retraçant son combat contre le cancer du foie, A Burst of Light (Un souffle de lumiĂšre) dans lequel elle explique que « prendre soin de mon corps m’offre des prototypes prĂ©cieux pour des luttes que je mĂšne dans dâautres domaines de ma vie ». La notion de self-care telle que nous la connaissons vient donc d’abord de la sphĂšre fĂ©ministe.
Que signifie self-care aujourd’huiâ?
En 2005, le Service national de la santĂ© et du selfcare du Royaume-Uni publiait un rapport Ă©difiant dĂ©montrant que 70 % Ă 95 % des maladies peuvent ĂȘtre maĂźtrisĂ©es grĂące au selfcare. Il s’agit donc d’une composante centrale de notre vie, qu’il faut chĂ©rir. Les rĂ©seaux sociaux veulent nous laisser croire qu’il n’existe qu’une maniĂšre de pratiquer le selfcare : passer une journĂ©e au spa, faire un peu de sport et se faire masser.
Or, prendre soin de soi n’a pas la mĂȘme signification pour tou.te.s. Le selfcare dĂ©signe dĂ©sormais un regroupement d’actions qui permettent Ă un.e individu.e de prendre soin de sa santĂ© mentale, physique ou Ă©motionnelle (ISF). Elles peuvent s’inscrire dans les champs des passe-temps, de l’hygiĂšne (mentale et corporelle), de la nutrition, du sport, de la culture, etc. Si vous ne savez pas par quoi commencer, voici quelques idĂ©es…
1 – Adapter son emploi du temps
Premier geste selfcare pour faire de son bien-ĂȘtre une prioritĂ©, il faut s’accorder du temps libre. Il est donc nĂ©cessaire d’organiser votre planning pour vous prioriser quelques fois dans la semaine. Vous pouvez mettre en place une routine journaliĂšre, mĂȘme courte, elle vous fera du bien. Qu’importe son essence, vous pouvez la rĂ©pĂ©ter quand vous voulez dans la journĂ©e. Il est important que ce soit une routine bien-ĂȘtre dont vous avez hĂąte : elle doit ĂȘtre associĂ©e Ă un temps de relaxation.
Puis, vous pouvez vous organiser des rendez-vous avec vous-mĂȘme dans la semaine. Ces derniers peuvent prendre la forme que vous voulez. L’essentiel est que vous ne fassiez pas d’impasse dessus. Il ne s’agit pas d’une activitĂ© optionnelle de votre emploi du temps, mais bien d’un moment important, comme un rendez-vous professionnel.
2 – Enrichir son esprit pour son bien-ĂȘtre
Rien de mieux pour prendre soin de soi que de cultiver son esprit. Pour cela, vous pouvez vous créer une bulle dans laquelle vous vous coupez du monde. Vous pourrez y cultiver votre curiosité et votre imagination.
De nombreuses activitĂ©s s’offrent Ă vous : lire, Ă©couter un podcast, regarder un bon film, Ă©couter de la musique, aller au théùtre, lire un blog, regarder des vidĂ©os YouTube, etc.
3 – Se promener (une balade par jour)
Les Ă©tudes montrent que nous avons besoin de 20 minutes de lumiĂšre du soleil minimum par jour. Alors, n’hĂ©sitez pas Ă enfiler vos baskets et sortir pour une promenade. Cela apportera de nombreux bĂ©nĂ©fices Ă votre cerveau, se rapprochant mĂȘme de la mĂ©ditation. Si vous n’avez pas le temps de faire une balade en nature, vous pouvez toujours aller Ă pied au travail, aux courses, Ă la boulangerie, etc.
4 – Pratiquer les massages
C’est clichĂ©, mais ça fonctionne ! Sans ĂȘtre obligĂ©.e d’aller dans un salon de massage, vous pouvez tout simplement appliquer des gestes d’automassage. De nombreux outils sauront vous apporter le bien-ĂȘtre nĂ©cessaire Ă votre routine self-care.
Si vous dĂ©cidez de vous rendre chez un.e masseur.se professionnelle, vous pouvez opter pour un.e massothĂ©rapeute. Certain.e.s, comme Lucy B., ont dĂ©cidĂ© de travailler dans une perspective anti-oppressive. C’est-Ă -dire qu’elle profite de ses sĂ©ances pour travailler sur les oppressions prĂ©sentes dans notre sociĂ©tĂ© afin de soulager le.a client.e.
« Les gens viennent me voir et me disent que leur stress est Ă un niveau de 10 sur 10, et pensent quâun massage va arranger les choses. SâĂ©couter, ça ne peut pas ĂȘtre quelque chose quâon met sur une liste de choses Ă faire. Il faut comprendre que le moyen choisi doit prendre du temps, de la place », explique-t-elle au magazine Gazette des femmes
5 – MĂ©diter
La mĂ©ditation est le clichĂ© par excellence du self-care, et Ă raison : c’est une grande source de bien-ĂȘtre. Il s’agit d’une des mĂ©thodes les plus efficaces pour se concentrer sur ses ressentis et ses pensĂ©es. La mĂ©ditation est notamment utile pour dĂ©connecter et rĂ©duire son stress.
Vous n’avez pas besoin de vous lancer dans une longue sĂ©ance de yoga pour en ressentir les effets. En vĂ©ritĂ©, quelques minutes de mĂ©ditation par jour vous aideront dĂ©jĂ Ă en ressentir les effets. Pour cela, vous pouvez utiliser la mĂ©thode de la cohĂ©rence cardiaque. Il s’agit d’une technique de respiration trĂšs simple d’une durĂ©e de 3 minutes.
6 – Poser ses limites
Notre bien-ĂȘtre est souvent limitĂ© aux obligations que l’on se donne, s’autoriser Ă dire non est donc essentiel pour votre selfcare. Il vous faut vous assurer suffisamment pour oser refuser une invitation. Ainsi, vous ne vous retrouverez pas dans des situations indĂ©sirables. Ce processus s’accompagne de l’expression de vos envies et sensibilitĂ©s auprĂšs de votre entourage.
7 – Cuisiner
Connaissiez-vous la thĂ©rapie par la cuisine ? Reconnue par certain.e.s expert.e.s, la cuisine serait « un terrain de travail thĂ©rapeutique ». Elle aide Ă se changer les idĂ©es, s’Ă©vader, s’apaiser ou encore se sentir en contrĂŽle.
Aussi, la cuisine est vertueuse pour les personnes qui peinent Ă se lancer ou Ă faire les choses dans le bon ordre. Elle est aussi utile pour apaiser sa relation avec la nourriture. Cuisiner sans recette est perçu comme le Graal, cela vous anime en vous redonnant confiance en vous. Ses vertus mĂ©ditatives sont Ă©videntes, alors, n’hĂ©sitez pas Ă intĂ©grer des sĂ©ances de cuisine dans votre routine selfcare, votre bien-ĂȘtre s’en verra boostĂ© !
8 – Couper les Ă©crans
Ce n’est plus Ă prouver, les Ă©crans ne sont pas du meilleur effet sur le moral. Une bonne routine selfcare apprend Ă couper des Ă©crans pendant un temps afin de faire de son bien-ĂȘtre une prioritĂ©. Les Ă©crans, en plus d’ĂȘtre Ă©nergivores et excitants, sont particuliĂšrement chronophages. Alors, pourquoi ne pas consacrer ce temps d’Ă©cran Ă une activitĂ© qui vous fera du bien ? Vous pouvez bien sĂ»r faire des dĂ©tox rĂ©guliĂšres, de quelques jours. Mais il est aussi sain de couper son tĂ©lĂ©phone une heure avant d’aller au lit.
Dans la mĂȘme optique, vous pouvez prendre une pause des rĂ©seaux sociaux. Nous adorons ces plateformes, mais nous sommes conscient.e.s de leur caractĂšre anxiogĂšne. Alors, pour vivre le moment prĂ©sent, le conscientiser et s’apaiser : Ă©loignons-nous des rĂ©seaux sociaux ! C’est un petit geste bien-ĂȘtre facile Ă intĂ©grer dans sa routine selfcare, et pourtant si important. Il sera peut-ĂȘtre aussi bon de faire le mĂ©nage dans ses abonnements pour ne suivre que des comptes qui font du bien.
9 – Pratiquer le journaling
Tenir un journal est une mĂ©thode souvent recommandĂ©e par les psychologues. Le journaling permet de se recentrer, de faire un point avec soi-mĂȘme. Vous y posez en vrac vos Ă©motions, vos ressentis, vos peurs, vos colĂšres, etc., ceci sans crainte du jugement. Si vous n’aimez pas Ă©crire, vous pouvez opter pour des notes vocales, du dessin, de la peinture…
Injonction au selfcare ?
Ces derniers temps, le terme self-care a beaucoup gagnĂ© en popularitĂ© : penser Ă son bien-ĂȘtre est devenu « cool ». Dans une sociĂ©tĂ© oĂč on attend des femmes qu’elles prennent soin des autres avant de penser Ă soi, c’est plutĂŽt une bonne nouvelle.
Sauf que certains Ă©cueils persistent. D’abord, il y a le risque que cette notion soit travestie pour tomber dans lâautoglorification et du marketing. Camille Robert, doctorante en histoire des femmes et militante, explique Ă Gazette des femmes :
« Je pense que, malheureusement, toute bonne chose peut ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©e par le capitalisme et perdre son sens politique. Il ne faut pas que le self-care passe par la consommation. »
Comme d’autres termes en vogue un temps durant (empowerment, girlboss, etc.), la rĂ©cupĂ©ration publicitaire est parfois Ă©vidente. Nombreuses sont les marques de soins, de bien-ĂȘtre et de beautĂ© qui rĂ©cupĂšrent le selfcare pour viser public cible conscientisĂ©.
Aussi, les rĂ©seaux sociaux rappellent un autre risque : la course au (meilleure) selfcare. Alors que l’idĂ©e fĂ©ministe derriĂšre ce concept (libĂ©rer les femmes de leur charge mentale) est puissante, elle ne doit pas se retourner contre les femmes. Ădith Ellefsen, professeur Ă lâĂcole des sciences infirmiĂšres de lâUniversitĂ© de Sherbrooke le prĂ©cise Ă Gazette des femmes :
« Câest important de prendre soin de soi. Pour notre santĂ© mentale, câest essentiel. Mais il ne faut pas que ça devienne une compĂ©tition. »
Mettre en place une routine selfcare pour faire de son bien-ĂȘtre une prioritĂ© est donc important. Ces petits gestes vous accompagneront au quotidien et vous apaiseront. Il faut cependant veiller Ă ce que votre dĂ©marche soit saine. C’est-Ă -dire que prendre soin de soi ne tienne pas d’une injonction à « ĂȘtre belle » posĂ©e sur les femmes.