Alors que le recours aux soins gynécologiques est très important et indispensable pour la santé des femmes, une étude réalisée par l’Agence régionale de santé d’Île-de-France souligne que seulement 58 % des femmes en situation de handicap ont eu un suivi gynécologique. Contre 77 % des femmes en général. Pourquoi une telle différence ? Zoom sur les chiffres clés sur l’accès aux soins gynécologiques pour les femmes en situation de handicap.
Femmes en situation de handicap : le suivi gynécologique fait défaut
L’agence régionale de santé (ARS) avait dévoilé, en 2017, son étude « Handigyneco ». Durant 18 mois, des sages-femmes se sont rendues dans une quarantaine d’établissements de l’IDF pour faire l’état des lieux des soins gynécologiques prodigués aux femmes invalides. Ce rapport révélait des chiffres alarmants. Seulement 58 % des femmes en situation de handicap disaient avoir un suivi gynécologique, contre 77 % des femmes en général.
Trajets trop longs & manque d’accessibilité
Les principales raisons pour lesquelles ces femmes ne consultent pas sont, tout d’abord, le manque d’accessibilité aux cabinets gynécologiques. En effet, 46 % des répondantes prennent plus de 30 minutes pour se rendre chez un.e spécialiste et 13 %, plus d’une heure. Des temps de trajets trop longs, qui ne leur donnent pas la possibilité d’en consulter régulièrement.
De plus, ce rapport souligne également que les établissements ne sont pas toujours équipés de matériels pour personne à mobilité réduite (rampes, barrières, tables de mammographies). Autre raison du renoncement à ces soins : les préjugés liés à leurs handicaps et leur vie affective et sexuelle, qu’elles subissent.
4 femmes sur 5 ont subi des violences ou des maltraitances
Cette enquête avait également rapporté des chiffres encore plus inquiétants sur les violences faites aux femmes. En effet, 25 % des femmes en situation de handicap ont déclaré avoir subi des violences sexuelles, soit 4 femmes sur 5, selon les données recueillies lors de 434 consultations menées dans le cadre du dispositif « Handigynéco ».
En effet, 16 % des femmes ont subi des violences physiques, et 10 % sexuelles, dans des institutions (43%) ou dans leur propre domicile (31%). Des pourcentages terrifiants, qui justifient le renoncement à ces soins.
Manque de formation & de temps
Ce rapport a montré, aussi, de nombreuses contraintes auxquelles fait face le personnel soignant. D’une part, il y a un réel manque de recrutement de praticien.ne.s formé.e.s aux consultations pour la patientèle handicapée. En effet, 44 % des hôpitaux en Île-de-France n’ont pas d’aidant.e.s spécialisé.e.s, de même pour les professionnel.le.s de ville (41%).
D’autre part, les médecins n’ont pas assez de temps pour examiner les patientes invalides. En effet, un soin dispensé à une femme handicapée nécessite une heure en moyenne, contrairement aux femmes valides qui n’ont besoin que de 30 minutes.
« (…) En une heure, le praticien peut consulter trois ou quatre patientes valides », explique Sabrina Hedhili, sage-femme, à ELLE magazine
Des solutions pour briser les tabous
Face à ce constat accablant, les professionnel.le.s de santé avaient souligné la nécessité d’améliorer l’organisation des soins gynécologiques et de mettre en oeuvre différentes actions. De ce fait, le rapport « Handigynéco » a mis en avant 5 propositions pour améliorer la condition des femmes handicapées et le personnel soignant.
Parmi elles, il y a la mise en place de consultations blanches pour les femmes invalides. Celles-ci consistent à prendre un premier rendez-vous avec le gynécologue pour un premier contact, une mise en confiance et accorder une attention particulière à leur vie affective et sexuelle.
Quant aux aides-soignant.e.s, iels bénéficient de formation pour des consultations pour les femmes en situation de handicap et aussi pour prévenir, accompagner et identifier les femmes victimes de violences. Car lever les obstacles entre les femmes et le circuit de soins est essentiel et doit être une priorité !