Au plus haut de la crise sanitaire, le sentiment de solitude s’est immiscé dans de nombreux foyers. Ce n’est un secret pour personne, l’isolement social laisse des traces sur son passage. Fléau silencieux qui s’agrippe aussi bien aux jeunes qu’aux séniors, la solitude peut même avoir des conséquences dramatiques.
Selon une étude britannique, vivre en solitaire, loin des siens, augmenterait la mortalité de 32 %. Au sens propre comme figuré, les relations tendres avec les autres font battre notre cœur. Pour que ça cogne encore longtemps dans la poitrine, ami.e, famille, amour ou rencontres d’un soir sont au rendez-vous.
Les ravages de la solitude encore démontrés
Barbara, Léo Ferré et même David Bowie chantaient la solitude. C’est un thème universel, qui parle à une grande partie de la population. Et les divers confinements n’ont pas manqué de nous rappeler à quel point ce sentiment peut être dévastateur. En tête à tête avec soi-même, confronté.e à ses angoisses et prisonnier.ère de ses remises en question, la solitude lorsqu’elle s’installe, devient une ennemie de taille.
La solitude, aussi contradictoire soit-elle, prend toute la place mais impose de vertigineux passages à vide. En France 7 millions de personnes sont concernées et vivent recluses, malgré elles. Stress, inflammation chronique, dépression, risque accru de démence… La solitude est une bête noire invisible qui ronge le corps de l’intérieur. Ce quotidien barricadé entre quatre murs, sans interactions extérieures, peut même s’avérer fatal. C’est le constat cinglant d’une étude de grande envergure menée auprès de 479 000 Britanniques.
Vivre seul.e et avoir peu de contacts accroît de 32 % le risque de mourir d’une crise cardiaque et de 29 % d’un accident vasculaire cérébral (AVC). La solitude, longtemps tabou, cache une réalité peu glorieuse. Cette absence de relations sociales se suffit à elle seule pour avoir des conséquences tragiques.
Les facteurs de risques comme le tabagisme, la sédentarité, le surpoids, le diabète, intimement liés à la solitude, ont été isolés. C’est ce qui fait la particularité de cette étude. Ce caractère fatal résulte de la simple absence des autres. Et c’est inquiétant.
Depuis le confinement, la solitude touche une cible plus jeune
La solitude pose souvent ses griffes sur les séniors. Au départ de leur moitié, envolée de l’autre côté du ciel ou de leurs enfants, parti.e.s construire leur vie à des kilomètres, iels se font rapidement rattraper par ce silence pesant.
Mais ce ne sont pas les seul.e.s à en subir les frais. La solitude toque aussi à la porte des jeunes et c’est plus fréquent qu’il n’y paraît. Selon un sondage IFOP, réalisé début 2021, le sentiment de solitude est le plus exprimé chez les 18-24 ans, à 27 %, contre 10 % pour les 65-74 ans. La faute aux confinements.
Cantonnée à de ridicules appels en visio, la génération Z s’est retrouvée cloisonnée dans ses petits m2. Privé.e.s de ce lien si constructif avec les autres, les jeunes ont vécu cette expérience comme un traumatisme.
Les étudiant.e.s étaient particulièrement vulnérables et iels ont fait entendre leur désarroi à travers le #etudiantsfantomes. Encore plus épidémique que la Covid-19, cette solitude prolongée a d’ailleurs sérieusement entaché leur santé mentale. Et elle rôde toujours deux ans après.
D’ailleurs, 30 % des jeunes disent ne pas savoir comment se faire de nouveaux amis. Et l’inflation actuelle ne leur est pas favorable. Faute de moyens, les jeunes troquent les sorties nocturnes dans les bars contre des petits jobs pour rester la tête hors de l’eau. Difficile alors de sculpter des relations profondes.
Le télétravail, une fausse bonne idée
Le télétravail, normalisé chez les jeunes travailleur.se.s figure aussi parmi les fautifs. Synonyme de liberté pour certain.e.s, ce côté professionnel déporté à la maison a ses limites. L’absence de liens « vivants » avec les collègues, les heures à rallonge, seul.e face à son écran… c’est ainsi que la solitude prend ses marques. Durable, insidieuse et virulente, ses effets sur la santé ne cessent d’être pointés par des études scientifiques. Pourtant, les dirigeant.e.s continuent de faire la sourde oreille.
La prise en charge de la solitude à échelle nationale reste inexistante. La Grande-Bretagne, elle, a pris une longueur d’avance. En 2018, le pays créait un secrétariat d’État destiné à lutter contre la solitude. En France, aucune réelle initiative n’a été prise pour enrayer cette plaie rugissante.