Nous avons déjà tous vécu cette situation : se rappeler brusquement d’un souvenir que nous avions totalement enfoui dans notre mémoire. Ou à contrario, être incapable de se remémorer un moment précis ou une personne. Étonnant ce cerveau, n’est-ce pas ? Mais au fait, pourquoi certains souvenirs restent tandis que d’autres s’effacent ? La très sérieuse Caltech (California Institute of Technology) s’est penchée sur la question et a publié ses résultats en août 2019. Voici quelques clefs pour comprendre.
Souvenirs : des neurones qui encodent
Pourquoi se souvient-on facilement du nom de son meilleur ami d’enfance, mais pas de celui de la personne qu’on a croisé une heure plus tôt ? Pourquoi certains souvenirs restent « stables » au fil des décennies tandis que d’autres s’estompent en un rien de temps ?
En utilisant des souris, les chercheurs de Caltech ont réussi à déterminer que les mémoires fortes et stables sont encodées par des « équipes » de neurones qui se déclenchent toutes en symphonie. Cette action fournit une redondance permettant à ces souvenirs de persister dans le temps.
La recherche s’est d’ailleurs étirée jusqu’à comprendre comment la mémoire peut être affectée après une lésion cérébrale, un AVC ou encore la maladie d’Alzheimer.
De l’eau sucrée et des souris
Les scientifiques ont développé un test pour examiner l’activité neuronale des souris lorsqu’elles apprennent puis se souviennent d’un nouvel endroit. Durant le test, une souris est placée dans une pièce droite aux murs blancs, d’environ 5 pieds de long. Des symboles ornent les murs et de l’eau sucrée se trouve à chaque extrémité de la piste. Pendant que la souris explore, les chercheurs mesurent l’activité de neurones spécifiques dans l’hippocampe de l’animal, connu pour encoder les lieux. Il s’agit de la région du cerveau où se forment les nouveaux souvenirs.
Les premières fois que la souris est arrivée sur la piste, elle ne sait pas quoi faire et erre de gauche à droite. À force de la ramener à cet endroit, la souris finit par se familiariser avec l’endroit. Elle enregistre même l’emplacement de l’eau sucrée grâce aux symboles sur les murs. Pour preuve, les neurones s’activent à chaque fois qu’elle voit un symbole familier sur le mur.
Pour enfin comprendre pourquoi certains souvenirs s’estompent sur le long terme, les chercheurs ont ensuite « privé » la souris de cette fameuse piste durant 20 jours. En rentrant sur la piste après cette pause, les souris ayant formé de forts souvenirs encodés par un grand nombre de neurones se sont rapidement souvenues de l’endroit. On voit ici que l’utilisation de groupes de neurones permet au cerveau d’avoir une redondance et de rappeler des souvenirs. Même si certains des neurones d’origine « se taisent » ou sont endommagés.
Les souvenirs s’estompent à cause du vieillissement ou de la maladie
L’un des chercheurs explique :
« Imaginez que vous ayez une histoire longue et compliquée à raconter. Afin de préserver l’histoire, vous pouvez la raconter à cinq de vos amis. Puis vous réunir de temps en temps avec tous pour raconter à nouveau l’histoire. Et vous entraider à combler les lacunes de chaque individu. Chaque fois que vous racontez à nouveau l’histoire, vous pourriez amener de nouveaux amis à la connaitre. Et ainsi aider à préserver et à renforcer la mémoire. De la même manière, vos propres neurones s’aident mutuellement pour encoder des souvenirs qui persisteront avec le temps. »
La mémoire est si fondamentale pour le comportement humain que toute altération peut gravement affecter notre vie quotidienne. La perte de mémoire qui survient par exemple dans le cadre du vieillissement peut être un handicap important pour les personnes âgées. La perte de mémoire causée par les maladies comme Alzheimer a des conséquences dévastatrices qui peuvent interférer avec les routines les plus élémentaires. Comme reconnaître un proche ou se rappeler du chemin pour rentrer chez soi.
Cette étude scientifique menée par Caltech suggère donc que les souvenirs pourraient s’estomper plus rapidement à mesure que nous vieillissons. Car la mémoire est codée par des neurones. Et si l’un de ces neurones tombe en panne, la mémoire est perdue…
Mais quand on est jeune alors ?
Les souvenirs qui s’estompent sont donc soit une histoire de neurones qui s’activent ou bien de vieillissement ou de maladie. Mais lorsqu’on est jeune et en bonne santé, pourquoi oublient-on certaines choses ? Notre cerveau devrait pourtant fonctionner à plein régime !
Eh bien on pourrait parler ici de mémoire sélective. Plus nous avançons en âge, plus les souvenirs s’accumulent. Même à 20 ans, imaginez le poids de votre cerveau s’il devait se souvenir de tout ! Les souvenirs les plus importants restent. Mais ceux que l’on a pas encodé ont tendance à se ternir ou à s’effacer.
Il en va de même lorsqu’on a subi un traumatisme comme perdre un proche par exemple. Les souvenirs douloureux finissent par s’estomper un peu. C’est presque un réflexe de survie : nous ne pourrions tenir des années avec une telle douleur qui nous submerge chaque jour. C’est pour cela qu’on dit « que le temps guérit les blessures« .
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