En cette veille de Saint-Valentin, Cupidon se prépare à tirer de nombreuses flèches de tendresse au sein des couples. Aux antipodes de ce sentiment réconfortant, le chagrin d’amour broie les cœurs et provoque des douleurs presque physiques. Une sensation de déchirement bien plus grave qu’on ne le croit. On parle de « syndrome du cœur brisé ». Explications
Bien plus qu’une simple souffrance passagère, c’est un véritable tsunami cardiaque. On nomme cette sensation le « Syndrome du cœur brisé ». Une expression aux allures lyriques qui cache en réalité un danger pour la santé. Le cœur peut littéralement se briser et arrêter de se contracter après un important choc émotionnel. Le stress de la Covid se superpose à cette maladie souvent confondue avec l’infarctus et augmente le nombre de cas. Chaque année en France, 3000 personnes sont victimes du syndrome du cœur brisé.
Quand les émotions tirent les ficelles de l’organe vital
Cette déformation du cœur tire son nom originel du mot japonais « Takotsubo ». C’est dans les années 90, que les médecins ont commencé à observer ce phénomène aussi surprenant que redoutable. Il peut survenir après des annonces inattendues et d’une extrême intensité.
La mort d’un proche, une dispute violente avec ses parents, le diagnostic d’une maladie… autant d’événements qui font naître des sentiments forts et qui martyrisent le cœur. Après un tel bouleversement, l’organe vital change d’apparence, il se métamorphose, ce qui l’empêche d’assurer son rôle. Peut s’en suivre un grave accident cardiovasculaire.
Vous vous demandez sûrement comment nos émotions peuvent s’avérer si nocives et mettre en péril notre vie ? Tout serait lié au cerveau selon une étude. « Nos résultats montrent que les patient·e·s atteint·e·s du syndrome du cœur brisé ont une connectivité cérébrale altérée qui se traduit par un traitement des émotions différent. Cela pourrait les rendre plus sensibles aux émotions fortes », résume le Dr Jelena Templin-Ghadri, co-auteure de cette recherche publiée en 2019 dans l’European Heart Journal.
Et depuis qu’elle a pointé le bout de son nez, la Covid a injecté une dose d’angoisse plus importante dans les esprits. Conséquence : le nombre de nouveaux cas de « cœurs brisés » a été multiplié par 4,58 en un an d’après une analyse américaine.
Un coeur de cible majoritairement féminin
Dans un communiqué, la Professeure Claire Mounier-Véhier, cardiologue et co-fondatrice de Agir pour le Cœur des Femmes éclairait sur cette maladie bien souvent minimisée. Le syndrome du coeur brisé « se manifeste par des symptômes proches de l’infarctus, principalement chez la femme plutôt anxieuse et chez les personnes en situation de précarité. C’est une urgence cardio-vasculaire encore trop méconnue, à prendre très au sérieux, tout particulièrement en cette période de Covid. »
Malgré leur force mentale incroyable, les femmes restent des proies privilégiées. Sur tous les fronts, à jongler entre de multiples tâches fatigantes, elles sont plus sujettes à l’anxiété, à l’hyperempathie et une charge mentale démesurée pèse sur leurs épaules. Après des observations de longue haleine sur les personnes atteintes du syndrome du cœur brisé, la cardiologue Harmony Reynolds a ainsi noté un profil type. Ses recherches montrent que cette maladie atteint davantage les femmes âgées, notamment post ménopausées.
Comment prévenir ce syndrome ?
Pour l’heure, il n’existe pas de traitement contre cette maladie, cependant il y a des signaux qui alertent. Troubles du sommeil, augmentation des palpitations cardiaques, perte de contrôle des fonctions cognitives et émotionnelles, énergie physique au plus bas et insensibilité… autant de formes qui peuvent mettre la puce à l’oreille.
Agir pour le Cœur des Femmes précise que le syndrome peut être caractérisé par un essoufflement, une douleur brutale dans la poitrine en étau, des palpitations, une perte de connaissance, ou encore un malaise vagal. En cas de doute, il est impératif de consulter un spécialiste immédiatement. Afin de prévenir le syndrome du cœur brisé, l’activité physique, une alimentation saine, un bon sommeil, ou encore des techniques de relaxation peuvent s’avérer efficaces, selon les médecins.
Avoir le coeur brisé n’est finalement pas juste une image. Cette expression prend tout son sens au niveau médical… Dans ce climat anxiogène et avec la multiplication des restrictions, la santé doit être mise au centre de nos préoccupations. Pour ne pas sombrer dans d’obscures pensées, passez des moments en tête-à-tête avec vous-même.