Syndrome méditerranéen : quel est ce mal qui s’invite à l’hôpital ?

Dans les hôpitaux de nombreux.ses patient.e.s font face à des discriminations liées à leurs origines. Ces personnes sont mal prises en charge, voire pas du tout. On parle du syndrome méditerranéen. Zoom sur un phénomène raciste que certain.e.s médecins pratiquent. 

Le syndrome méditerranéen : un comportement raciste et discriminant

Ce syndrome repose sur le fait que certain.e.s médecins ne prennent pas en considération, comme iels le devraient, les patient.e.s d’origines étrangères. Tout particulièrement les personnes arabes et celles de couleurs. En effet, lorsque celleux-ci se rendent en milieu médical et demandent des soins, iels ne sont pas pris.es au sérieux et sont complètement ignoré.e.s.

De plus, ce syndrome repose sur le stéréotype selon lequel les personnes originaires du pourtour méditerranéen seraient moins résistantes à la douleur et donc exagéraient leurs souffrances.

Mais ce phénomène ne date pas d’hier. Il est alimenté par des stéréotypes racistes et discriminants qui existent depuis l’époque de l’esclavagisme et de la colonisation. Le corps des personnes de couleurs a été longtemps considéré comme plus fort, plus sportif, plus rigide… Donc plus apte à supporter les douleurs, contrairement aux corps des blanc.he.s.

Quant aux maghrébin.e.s, iels sont souvent infantilisé.e.s et traité.e.s d’hystériques. Et malheureusement ces préjugés infondés persistent jusqu’à aujourd’hui et donnent lieu à des discriminations et des privations de soins.

« Vous ne pouvez pas avoir été une puissance esclavagiste pendant quatre siècles puis une puissance colonisatrice pendant plus d’un siècle sans que cela s’insinue dans les mentalités et les consciences… », écrit la politologue féministe et anti-raciste Françoise Vergès (Le ventre des femmes, publié en 2017), à propos de cet héritage qui pèse encore aujourd’hui

Affaires Naomi Musenga et Yolande Gabriel

Si le syndrome méditerranéen repose principalement sur le fait de négliger une personne par rapport à sa couleur, les conséquences de cet acte peuvent aller au-delà de la discrimination. Une absence de prise en charge des patient.e.s peut amener à la dégradation de leur état de santé voire, à un décès.

Tel a été le cas en 2017 de feue Naomi Musenga, jeune mère de 22 ans, morte suite à la négligence volontaire du SAMU. La victime a contacté les pompiers pour des douleurs au ventre mais a été narguée par l’opératrice du SAMU. Celle-ci lui répondit « ah, c’est sûr qu’elle va mourir un jour c’est certain ». Une négligence qui a coûté la vie à cette jeune femme.

Un triste scénario qui s’est répété en 2020, avec le décès de Yolande Gabriel. Une enquête a été ouverte pour dénoncer la négligence du SAMU et mettre en lumière les conséquences discriminantes du syndrome méditerranéen dans le milieu médical.

Feue Yolande Gabriel, 65 ans, s’était rendue, le 20 août 2020 à l’hôpital de Meaux pour des douleurs thoraciques qui ne cessaient de s’intensifier. Elle avait été diagnostiquée, 15 jours auparavant, d’une myocardite et d’embolie pulmonaire. Après quelques heures d’hospitalisation, le personnel des urgences décident de laisser sortir la patiente malgré un taux de troponine très élevé (signe d’une lésion du myocarde, le muscle cardiaque – ndlr).

Une fois chez elle, les douleurs persistent et elle se voit contrainte de rappeler le SAMU. Mais au bout du fil personne ne la croit et les médecins sont même agacé.e.s de son appel. Ce n’est qu’une heure après son appel que les ambulances se rendent chez elle. Mais trop tard, elle finit par s’éteindre sous les yeux de sa fille.

Les langues se délient

Suite à ces drames, des associations et des victimes se sont mobilisées pour lutter contre ces comportements racistes. Le compte @Syndromeméditerranéen a été crée sur Instagram pour cette cause, afin de mettre en lumière et informer sur ces agissements, qui sont loin d’être marginaux.

Un collectif d’associations, dont Lallab et Féministes contre le cyberharcèlement, a également été lancé le 7 juin 2018, suite au décès de Naomie Musenga. Afin de comprendre ces dysfonctionnements, une enquête sur les circonstances de la mauvaise prise en charge des patient.e.s a été publiée ce mois-là.

Les résultats ne faisaient pas sourire. 49 % des intérrogé.e.s témoignaient que leurs propos étaient remis en cause par les personnels d’accueil des urgences. La propension augmentait quand il s’agissait de personnes au nom à consonance arabe ou berbère (55 %, et 60 % pour les femmes).

Pour faire face à cela, certain.e.s chef.fe.s de service appellent à mieux former les médecins pour déconstruire les préjugés.

« Nous avons tous des stéréotypes. Il faut les identifier pour les déconstruire, car ils obscurcissent notre jugement et mènent à des erreurs de diagnostic », explique Marie Rose Moro, pédopsychiatre, cheffe de service de la Maison de Solenn (AP-HP) au média Allo Docteurs

À ce jour, il n’y a pas d’études officielles qui dénoncent l’ampleur du phénomène. En revanche, le racisme ne touche pas seulement les patient.e.s. En effet, certain.e.s soignant.e.s d’origines étrangères sont aussi victimes de discrimination de la part des malades. Mais ce problème est encore passé sous silence par les institutions médicales. Le racisme reste encore et toujours ancré dans les mentalités. Un combat qu’il ne faut jamais cesser de mener ! 

Shem's Tlemcani
Shem's Tlemcani
Je suis passionnée par les sujets sociétaux et la santé. Mon intérêt pour les questions sociales me pousse à explorer des enjeux tels que la lutte contre la pauvreté, l'éducation et le changement climatique. En matière de santé, je m'investis dans les domaines du bien-être, de la nutrition et de la prévention des maladies. Je m'efforce de rester informée et d'utiliser ma voix pour sensibiliser et encourager le débat et l'action sur ces sujets cruciaux.
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